Le Conseil de Sécurité de l’ONU, le 17 novembre 2025, au moment du vote. ZHANG FENGGUO/XINHUA VIA AFP
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a voté lundi 17 novembre en faveur du plan de paix de Donald Trump à Gaza, sous la pression des Etats-Unis qui ont agité le risque d’une reprise de la guerre. Le texte prévoit notamment le déploiement d’une force internationale dans l’enclave palestinienne.
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Treize des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU se sont prononcés en faveur de la résolution. Le président américain s’est immédiatement félicité d’une « des approbations les plus importantes de l’histoire des Nations unies ».
Donald Trump a remercié les pays siégeant au Conseil de Sécurité, y compris la Russie et la Chine, qui se sont abstenues, mais n’ont pas voté contre.
Plusieurs fois modifiée lors de négociations sensibles, la résolution « endosse » le plan du président américain qui a permis, depuis le 10 octobre, un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien, émaillé de fortes tensions.
Pour Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, son adoption est « une étape importante dans la consolidation du cessez-le-feu » à Gaza, ravagée par deux années de guerre provoquée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.
Le Hamas contre, Israël pas vraiment pour
Le Hamas a estimé que le texte, soutenu par l’Autorité palestinienne, « ne répond[ait] pas aux exigences et aux droits politiques et humains » des Palestiniens. Il « impose un mécanisme de tutelle internationale sur la bande de Gaza, ce que notre peuple, ses forces et ses composantes rejettent », a écrit le mouvement.
La résolution, vue par l’AFP, donne mandat jusqu’au 31 décembre 2027 à un « Comité de la paix », organe de « gouvernance de transition » jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne. Ce comité doit être présidé par Donald Trump.
Le texte « autorise » aussi une « force de stabilisation internationale » (ISF) chargée notamment de la sécurisation des frontières avec Israël et l’Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement « des groupes armés non étatiques », de la protection des civils et de la formation d’une police palestinienne. La composition de cette force internationale, qui justifie à elle seule le rejet du Hamas, n’est pas évoquée. Le Hamas a ainsi déploré « la mission » de cette force qui « inclut le désarmement » des groupes palestiniens à Gaza.
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Contrairement aux premières versions, l’éventualité d’un Etat palestinien est mentionnée dans le texte : après la réforme de l’Autorité palestinienne, « les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d’Etat », dit le texte. Un avenir très incertain mais clairement rejeté par Israël, qui n’a pas communiqué depuis le vote de cette nuit.
« Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n’a pas changé », avait insisté dimanche le Premier ministre Benyamin Netanyahou. L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, a sobrement insisté de son côté sur le retour des corps des trois derniers otages encore à Gaza et la « démilitarisation du Hamas ».
« Voter contre, c’est voter pour un retour à la guerre »
Pour la France, qui a voté en faveur de cette résolution, elle « répond aux besoins les plus urgents des populations et permet de soutenir les efforts de paix en cours ».
« Nous nous sommes assurés que le texte […] inclue des éléments importants pour nous, et notamment des références à la perspective d’un Etat palestinien », a ajouté une source diplomatique.
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Louis Charbonneau, de l’ONG Human Rights Watch, a insisté sur le fait que la résolution ne diminue en rien « l’obligation qu’ont Israël et ses alliés de se conformer au droit international humanitaire et aux droits humains ». Des militants propalestiniens ont d’ailleurs manifesté devant le siège de l’ONU ce lundi.
Des manifestants devant le siège des Nations unies à New York, le lundi 17 novembre. SELAUK ACAR/ANADOLU VIA AFP
La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, avait justifié cette initiative par le fait que la résolution américaine n’allait pas assez loin sur la perspective d’un Etat palestinien, affirmant un « engagement indéfectible » en faveur de la solution à deux Etats. L’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, a regretté que « le Conseil donne son aval à une initiative américaine sur la base de promesses de Washington, accordant le contrôle total de la bande de Gaza au comité de la paix ».
D’autres Etats membres ont exprimé des réticences, s’inquiétant d’un manque de clarté dans les mandats du comité de la paix et de l’ISF. Face à ce qu’ils ont qualifié de « tentatives de semer la discorde », les Etats-Unis avaient redoublé d’efforts ces derniers jours pour obtenir un feu vert. « Voter contre cette résolution, c’est voter pour un retour à la guerre », a notamment lancé Mike Waltz, l’ambassadeur de Washington aux Nations unies, avant le scrutin.
Les Américains ont également mis en avant le soutien des pays arabes et musulmans (Qatar, Egypte, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Indonésie, Pakistan, Jordanie, Turquie).

