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Le Nouvel Obs avec AFP
Des habitants se déplacent dans des rues boueuses, après les inondations éclairs provoquées par de fortes pluies, dans les environs de Mingora, principale ville de la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan, vendredi 15 août 2025 SHERIN ZADA/AP/SIPA
Ces deux derniers jours, les pluies diluviennes les plus meurtrières ont eu lieu dans différents districts de la province montagneuse du Khyber-Pakhtunkhwa, dans le nord du pays, qui a enregistré à elle seule 307 décès, soit la moitié des morts de cette saison de mousson, indique l’Autorité de gestion des catastrophes.
La plupart des victimes ont été emportées par des crues subites, sont mortes dans l’effondrement de leur maison, ont été électrocutées ou frappées par la foudre.
Dans cette province frontalière de l’Afghanistan, encore frappée par d’intenses précipitations, plus de 2 000 secouristes sont mobilisés pour tenter de trouver des survivants, ou récupérer les corps ensevelis sous les décombres, a dit ce samedi 16 août à l’AFP Bilal Ahmed Faizi, porte-parole des secours de la province.
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« Les fortes pluies, les glissements de terrain et les routes bloquées entravent l’accès des ambulances et les secouristes doivent se déplacer à pied », a-t-il ajouté.
Les secours « tentent d’évacuer les survivants, mais très peu acceptent de partir car ils ont perdu des proches, encore prisonniers des décombres », poursuit Ahmed Faizi.
« Ce matin, quand je me suis réveillé, la terre que notre famille cultivait depuis des générations – et le petit terrain où nous jouions au cricket depuis des années – avaient disparu », témoigne auprès de l’AFP Muhammad Khan, un habitant du district de Buner, qui compte 91 morts.
Région « recouverte de boue et d’énormes roches »
« On dirait que toute la montagne s’est effondrée, la région est recouverte de boue et d’énormes rochers », ajoute l’homme de 48 ans, racontant avoir extrait « 19 corps des décombres ».
« Nous continuons à rechercher des proches disparus, chaque fois que l’on découvre un corps, on ressent une profonde tristesse mais c’est aussi un soulagement de se dire que la famille pourra récupérer la dépouille », raconte-t-il.
L’Autorité provinciale de gestion des catastrophes du Khyber-Pakhtunkhwa a déclaré « sinistrés » de nombreux districts où « des équipes de secours ont été déployées en renfort » pour tenter d’approcher des hameaux à la géographie accidentée.
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Saifullah Khan, un enseignant de 32 ans, assure que tout le district de Buner est sous le choc. « Les habitants récupèrent les corps et organisent des prières funéraires », mais « nous ne savons toujours pas qui est mort ou vivant », raconte-t-il. « J’ai retrouvé les corps de certains de mes élèves et je me demande ce qu’ils ont fait pour mériter ça ».
Neuf autres personnes ont trouvé la mort dans le Cachemire pakistanais, tandis que dans le Cachemire administré par l’Inde, au moins 60 victimes ont été recensées dans un village himalayen – et 80 autres sont toujours portées disparues.
Enfin, cinq personnes sont mortes dans la région touristique du Gilgit-Baltistan, à l’extrême nord du Pakistan, particulièrement prisé l’été des alpinistes venus du monde entier mais que les autorités recommandent désormais d’éviter.
Des pluies encore plus intenses attendues
Au total, depuis le début d’une mousson estivale qualifiée d’« inhabituelle » par les autorités, 657 personnes, dont une centaine d’enfants, ont été tuées, et 888 blessées.
Vendredi, un hélicoptère venu à la rescousse s’est écrasé, faisant cinq morts supplémentaires.
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Et les pluies devraient encore s’intensifier ces deux prochaines semaines, préviennent les autorités.
Pour Syed Muhammad Tayyab Shah, de l’Autorité nationale de gestion des catastrophes, « plus de la moitié des victimes sont mortes à cause de la mauvaise qualité des bâtiments ». La « phase active de la mousson » se poursuit généralement jusqu’à la mi-septembre, rappelle-t-il.
Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, est l’un des plus vulnérables aux effets du changement climatique. Les 255 millions de Pakistanais ont déjà subi ces dernières années des inondations massives et meurtrières, des explosions de lacs glaciaires et des sécheresses inédites, autant de phénomènes qui vont se multiplier, préviennent les scientifiques.