SÉRIE. 5/6. Le trail demande une logistique redoutable. Tout au long de l’année, des bénévoles s’activent pour proposer aux coureurs une expérience à la hauteur de leurs espérances et respectueuse de l’environnement.
Le trail a un coût. Humain, matériel et financier. Pour s’offrir quelques heures de plaisir (et de souffrances aussi), les coureurs triment durant de nombreuses semaines pour parfaire leur condition. Pour leur offrir ce privilège, les organisateurs se plient, eux aussi, à une préparation exigeante, souvent bien plus longue.
Affiches, programmes, inscriptions, dossards, récompenses, ravitaillements, dépôt du parcours en mairie ou en préfecture, secours, recherche de partenariats publics comme privés : tout s’anticipe. “On s’y prend près d’un an à l’avance”, confirme Julien Carbonnel, président de la Foulée des 3 Quilles, club qui organise le trail de Quillan, dans les Pyrénées audoises.
“Plus compliqué et contraignant”
“Personnellement, je trouve que c’est lourd parce que c’est de plus en plus long à organiser, confirme Patrice Delcayre, qui gère pour sa part le Trail des Fontaines, dans le Lot, au sud de Cahors. Cela devient plus compliqué, plus contraignant. Parfois, c’est plus le recrutement de bénévoles que le dossier préfecture qui est compliqué. Mais je suppose que ça doit être réalisable puisque tout le monde s’y met et qu’on est de plus en plus nombreux à en faire.”
Ainsi, d’une poignée de volontaires tout au long de l’année, le contingent explose le jour de l’événement : 80 pour le rendez-vous lotois qui accueille 1 300 participants au mois de février, 2 300 pour son pendant audois en avril, doublant presque la démographie de ce bourg de moins de 3 000 âmes. Parfois, la topologie des lieux ajoute des impératifs, comme à Quillan, où le parcours emprunte une zone classée.
Prédécesseur de Julien Carbonnel, Jean-Paul Treil, à la barre de 2012 à 2017, se souvient “de réunions à la préfecture face à Natura 2 000 et à la Ligue pour la protection des oiseaux où on me posait plein de questions”. “Maintenant, tout ça est un petit peu rentré dans le processus. On sait ce qu’on peut faire ou pas”, dit-il, évoquant aussi le recours au Grep (Groupe de recherche et d’exploration profonde), unité spécialisée des pompiers, en cas d’accident survenant dans une zone où l’hélitreuillage demeure la seule solution.
Alors que l’on pourrait penser que la force de l’habitude favorise l’organisation du trail de l’année suivante, Patrice Delcayre nuance : “Ça devient plus facile parce qu’effectivement, on sait où l’on va, qui contacter. Mais après, techniquement, ça devient plus compliqué au fil des années avec des restrictions, des contrôles, des obligations supplémentaires. Et, la course grossissant, il y a des nouvelles contraintes, notamment au niveau médical puisqu’on est obligés d’avoir ambulance, médecin, etc.” “On se remet tout le temps en question en cherchant à s’améliorer”, prolonge Julien Carbonnel.
Côté budget, celui-ci parle d’un coût de “70 000 €” : “C’est comme une petite entreprise sur une journée.” “On essaie de ne pas dépasser un euro par kilomètre, parce que mine de rien, pour un sport qui est ‘‘gratuit’’, ça coûte quand même relativement cher”, reconnaît pour sa part Patrice Delcayre, estimant les dépenses à “environ 12 000 €”.
Démarche éthique, écologique et solidaire
En matière de préparation du parcours, là encore, les organisateurs ne s’ennuient pas. Outre le balisage – “ça nous prend une journée”, confie Julien Carbonnel –, parfois le rebalisage après des actes malveillants (lire notre édition de demain) et le débalisage sitôt la course terminée, l’entretien des sentiers nécessite aussi un certain investissement. “Chacun a vraiment un circuit bien défini à nettoyer. Quand il faut vraiment passer la débroussailleuse, il faut compter un bon mois avant mais sinon, c’est une semaine avant pour être sûrs que c’est bien fait”, explique Jean-Paul Treil.
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“On essaie d’associer d’autres utilisateurs des chemins, complète Patrice Delcayre. On s’est associés avec les chasseurs l’année dernière et on va tenter de s’allier avec les motards puisqu’on est tous utilisateurs des chemins. Il ne faut pas rêver. Ce n’est pas nous, à pied avec une paire de sécateurs, qui allons tout débroussailler. On a besoin d’aide extérieure.”
Avec comme objectif que tout se passe pour le mieux le jour J, dans le respect de la nature bien entendu, avec une démarche éthique, écologique et solidaire en toile de fond. “Ça fait six, sept ans que je suis au bureau et j’ai voulu une course qui a le moins d’impact possible, en supprimant les gobelets, en réutilisant un balisage écologique”, explique le Lotois, adhérent de l’association Trail Runner Foundation.
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Le credo est le même du côté de Julien Carbonnel, qui reverse également un euro par coureur à une association caritative : “On essaie au maximum de travailler avec des produits locaux car notre volonté est de faire de la qualité et les gens s’éclatent.”
Y compris les plus jeunes, une course pour enfants (de 3 à 15 ans) ayant même vu le jour. Une question de transmission, histoire de mettre les nouvelles générations sur le bon chemin.