August 15, 2025

Pourquoi Bruno Retailleau s’attaque au fléau des vols de cuivre

l’essentiel
Avec un cuivre frôlant les 10 000 € la tonne, les vols de câbles explosent en France, frappant réseaux ferrés, télécoms et éclairages publics. Bruno Retailleau en fait une priorité nationale, misant sur une riposte sécuritaire et pénale renforcée pour démanteler des filières organisées venues d’Europe de l’Est. Un fléau coûteux, aux conséquences parfois paralysantes pour les collectivités et les usagers.

Alors que le prix du cuivre flirte avec les 10 000 euros la tonne, les vols de câbles se multiplient sur l’ensemble du territoire, causant des dommages considérables aux infrastructures publiques et privées.

Face à ce fléau, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, affirme vouloir frapper fort. Mais derrière la hausse spectaculaire des actes se cache un phénomène complexe, européen, structuré et désormais enraciné.

Réseau ferré, lampadaires, télécoms…

Du réseau ferré aux lampadaires municipaux, des lignes télécoms aux tuyauteries d’irrigation, rien n’échappe à la convoitise des voleurs de cuivre. En 2024, Orange a recensé 1 300 actes de malveillance pour 1 200 kilomètres de câbles subtilisés. La SNCF, de son côté, chiffre à plusieurs centaines de milliers d’euros le préjudice causé par certains réseaux, comme celui récemment démantelé en Loire-Atlantique. Dans les Pyrénées-Atlantiques, la commune de Lescar a dû engager 150 000 euros pour refaire son éclairage. À Toulouse, le vol de quatre kilomètres de câbles a plongé plusieurs quartiers dans le noir pendant des semaines.

La méthode est éprouvée : des groupes souvent venus d’Europe de l’Est opèrent en mode commando, de nuit ou en plein jour, grimés en ouvriers, panneaux de chantier et gyrophares à l’appui. Ils ciblent des zones peu fréquentées – bords d’autoroutes, lotissements isolés, chantiers télécoms – et utilisent des véhicules pour tracter les câbles jusqu’à rupture, avant de brûler les gaines plastiques et écouler le métal brut, en France ou à l’étranger. Des circuits de recel bien huilés, notamment en Belgique, rendent la traçabilité quasi impossible, malgré l’interdiction du paiement en espèces et l’obligation de registre dans les centres de recyclage.

Une priorité sécuritaire pour Retailleau

La réponse de l’État se veut globale. Depuis son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau en a fait une priorité sécuritaire. Car « il ne faut pas nier la vulnérabilité de nos réseaux mais il est hors de question de céder à la fatalité », assure-t-il au Figaro, estimant qu’ « il n’y a que la réponse sécuritaire et pénale qui viendra à bout de ce fléau. »

Plans d’action départementaux, renforcement des contrôles chez les ferrailleurs, déploiement de « référents sûreté » pour épauler les maires : la stratégie associe répression ciblée et prévention de terrain. L’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) pilote les grandes opérations, tandis que des conventions de partenariat ont été signées entre la gendarmerie, les opérateurs et la Fédération des recycleurs.

Les premiers résultats sont encourageants : plus de 200 interpellations en 18 mois, des réseaux démantelés dans le Val-d’Oise, le Maine-et-Loire ou les Yvelines, et des peines de prison de plus en plus sévères, comme à Colmar ou Nîmes. Mais le phénomène persiste et les conséquences sont parfois lourdes : coupures de téléalarmes, de réseaux incendie, paralysie de lignes RER, voire de l’Eurostar.

La France, pays de transit et de confluence, paie au prix fort cette criminalité itinérante et avec les grands départs, les opérateurs redoutaient de nouvelles razzias. Pour les collectivités, les coûts explosent ; pour les habitants, l’insécurité s’installe.

La traque de « l’or rouge » est devenue un enjeu national, mais tant que le cuivre restera une matière stratégique, chère et difficile à tracer, la lutte s’annonce de longue haleine.

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