Dans les 9 mètres carrés du petit local de l’octroi de Cahors, l’effervescence ne faiblit pas. Malgré les températures caniculaires qui s’abattent sur le Lot cet été, les pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle continuent d’affluer.
Sous un soleil de plomb, l’Octroi de Cahors continue d’être une halte incontournable pour les marcheurs du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Malgré la canicule, les chiffres restent éloquents : 1 256 randonneurs en avril, 3 856 en mai, 5 487 en juin, et un pic à 6 643 en juillet. Début août, 619 pèlerins ont déjà franchi la porte du petit local aux portes vertes, installé au seuil du pont Louis-Philippe. Entre le 15 avril et le 15 octobre 2024, ils étaient 9 294 à s’y arrêter.
En milieu de semaine, Lorraine Biboulet, 20 ans, étudiante à Sciences Po Paris, fait une courte halte avant de repartir vers Conques. “Je ne suis pas une randonneuse, je cours souvent mais je n’ai pas suivi de préparation. Je marche pour réfléchir et prendre du recul.” Partie à 6 h 30, pour “éviter d’avoir trop chaud” elle est arrivée à midi à Cahors, avec sons sac et ses bâtons, le visage rougi par le soleil mais le sourire léger.

“Il y a une vraie bienveillance, c’est avant tout du partage”
“Il y en a pas mal qui s’arrêtent à Cahors et reviennent l’année suivante pour reprendre le chemin”, sourit Élisabeth, 71 ans, bénévole depuis 2019. Avec sa collègue de 50 ans, aussi dénommée Élisabeth, arrivée l’an dernier, elles accueillent, renseignent, et orientent les randonneurs. Les deux femmes observent une évolution cette année. “Les gens le font tronçon par tronçon, plutôt que de s’attaquer au long parcours.” Sur le chemin, assurent-elles, “il y a une vraie bienveillance, c’est avant tout du partage”.
Les deux bénévoles notent également une évolution sociologique intéressante. “Les femmes marchent plus. Quand on fait des permanences, on voit plus de femmes que de messieurs, toutes tranches d’âge.” Cette féminisation du pèlerinage s’accompagne d’une diversification des profils, des étudiants aux retraités, en passant par des actifs en quête de sens.

“Avec la canicule, j’ai adapté mes randonnées”
Face aux fortes températures, les pèlerins ont développé de nouvelles habitudes. Nathalie Ummenhover, 55 ans, partie du Puy-en-Velay le 25 juillet, en témoigne “Avec la canicule, j’ai adapté mes randonnées. Maintenant je pars tôt le matin à 5 h 30 et j’arrête de marcher à 13 heures.” Cette enseignante en primaire, qui s’est accordé une année sabbatique pour se ressourcer et réfléchir à une reconversion professionnelle, n’a pas manqué une seule journée de marche depuis son départ. “Pendant trois ans j’ai fait semaine par semaine avec quelques étapes, et cette année je me suis lancé le défi de faire tout le chemin. Je devrais arriver le 20 octobre.”
À l’Octroi, l’équipe de bénévoles, forte d’une dizaine de permanenciers, veille à ce que personne ne manque d’eau, d’informations ou d’un conseil sur les hébergements. Canicule ou non, la porte reste ouverte, et les pèlerins, eux, continuent de passer.