Le Parlement européen a dévoilé ce mardi 23 septembre la liste des candidatures pour le Prix Sakharov 2025. Huit propositions, allant des mouvements de contestation démocratique aux défenseurs des droits humains dans les zones de guerre, seront départagées lors d’un vote en commissions en octobre.
Chaque automne, le Parlement européen distingue celles et ceux qui se battent pour la liberté d’expression et les droits fondamentaux à travers le monde. Cette année encore, les candidatures au Prix Sakharov témoignent de la diversité des combats et des contextes politiques qui traversent l’Europe et au-delà.
Réunis mardi en séance conjointe, les membres de la commission des affaires étrangères, de la sous-commission « droits de l’homme » et de la commission du développement ont enregistré huit propositions, chacune soutenue par un groupe politique ou par un nombre significatif de députés.
Huit candidatures
La première candidature émane de Mzia Amaglobeli et du mouvement de protestation pro-démocratique de Géorgie, proposés par la députée Rasa Jukneviciene et 60 élus. Depuis plusieurs mois, Tbilissi est le théâtre de mobilisations massives contre des projets législatifs perçus comme une dérive autoritaire. Cette nomination entend rendre hommage à la mobilisation citoyenne face aux pressions exercées sur la société civile.
Le groupe des Verts/Alliance libre européenne a porté la candidature de la Budapest Pride, avec le soutien notamment des députés Marc Angel et Kim Van Sparrentak ainsi que 43 autres élus. Dans un contexte où les droits des personnes LGBTQI + restent contestés en Hongrie, cette proposition vise à saluer la persistance d’un mouvement associatif confronté à un environnement politique hostile.
Les journalistes et travailleurs humanitaires dans les zones de conflit constituent une troisième candidature, défendue par le groupe des Socialistes et démocrates (S & D). Elle met en avant l’action de l’Association de la presse palestinienne, de la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) et de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Cette désignation souligne l’importance d’un travail quotidien dans des conditions extrêmes.
De son côté, le groupe de la Gauche (GUE/NGL) a proposé un hommage particulier aux journalistes en Palestine : Hamza et Wael Al-Dahdouh, Plestia Alaqad, Shireen Abu Akleh, ainsi que la société Ain Media fondée par Yasser Murtaja et Roshdi Sarraj. La nomination vise à reconnaître l’engagement, parfois jusqu’au sacrifice, de reporters dans un conflit de haute intensité.
L’extême droite propose Charlie Kirk
Autre proposition, plus controversée : celle du groupe Europe des nations souveraines, qui a présenté la candidature de Charlie Kirk, l’influenceur d’extrême droite américain, récemment assassiné aux États-Unis et dont Donald Trump et la galaxie MAGA veulent faire un “martyr de la liberté d’expression”. Sa désignation illustre les fractures politiques internes à l’hémicycle, certains groupes cherchant à imposer un profil idéologique en rupture avec les candidatures humanitaires ou militantes.
Le Parti populaire européen (PPE) et les Conservateurs et réformistes européens (ECR) se sont unis pour défendre la candidature du journaliste biélorusse Andrzej Poczobut, incarcéré par le régime d’Alexandre Loukachenko. Ce soutien commun met en avant le rôle des défenseurs de la liberté de la presse en Europe orientale.
Le groupe des Patriotes pour l’Europe a retenu quant à lui l’écrivain algérien Boualem Sansal, connu pour ses prises de position critiques vis-à-vis des extrémismes religieux et de l’autoritarisme, et actuellement en détention en Algérie.
Enfin, le groupe Renew Europe a proposé les étudiants serbes, en référence aux mobilisations étudiantes de Belgrade, symbole d’une jeunesse mobilisée contre la dérive autoritaire et la répression des mouvements citoyens.
Étapes suivantes
Conformément au règlement, chaque candidat bénéficie du soutien d’au moins 40 députés. Les commissions des affaires étrangères et du développement établiront en octobre une liste restreinte de trois finalistes. La Conférence des présidents, présidée par Roberta Metsola, tranchera ensuite pour désigner le lauréat. La remise officielle du Prix Sakharov aura lieu en décembre à Strasbourg, lors de la session plénière.
Décerné pour la première fois en 1988 à Nelson Mandela et à Anatoli Martchenko, le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, doté de 50 000 euros, est la plus haute distinction accordée par l’Union européenne aux actions en faveur des droits de l’homme. En 2024, il a été décerné à María Corina Machado et Edmundo González Urrutia, dirigeants de l’opposition démocratique vénézuélienne.