Alors que le thermomètre a grimpé de nouveau ces derniers jours, les agriculteurs et les éleveurs en particulier doivent s’adapter et faire face à ces changements. Que ce soit au niveau des cultures destinées aux animaux, et des soins à leur apporter, que de la gestion de la ressource en eau.
À quelques semaines d’intervalle, les agriculteurs ont dû subir les fortes chaleurs qui se sont abattues sur le pays en général et l’Aveyron en particulier. Sans compter les incendies, qui se sont souvent déclenchés au moment des travaux agricoles. La sécheresse des sols reste la partie la plus visible des conséquences de ces températures extrêmes. “De nombreux éleveurs ont été obligés d’entamer les stocks de fourrage pour nourrir leurs animaux, explique Laurent Saint-Affre, le président de la chambre d’agriculture. Heureusement, les stocks de fourrage de qualité avaient été faits au printemps notamment, où ils avaient été abondants par endroits.”
Mais, “la culture du maïs a pu souffrir à cause du manque d’eau. Certains éleveurs ont fait le choix de planter des cultures plus résistantes à ces fortes contraintes de chaleur”. Les prairies souffrent également de ces températures et de la répétition de ces épisodes “extrêmes et il va y avoir un important travail à faire à l’automne pour semer et permettre à ces terres de produire à nouveau”, glisse Laurent Saint-Affre.
Marie-Amélie Viargues, la présidente de la FDSEA s’est exprimée sur le sujet auprès de nos confrères de RMC. “On va devoir récolter dès la semaine prochaine. Sur notre exploitation, qui n’est pas irriguée, les pertes sont déjà estimées à plus de 40 % du volume à cause de la première canicule, qui a stoppé la croissance des plantes. Avec le manque d’eau, le grain ne se remplit pas”, explique-t-elle en parlant de la culture du maïs.
“La ressource est appauvrie”
Pour les animaux, les conséquences sont aussi directes : “Forcément, ils mangent moins. Ils s’adaptent, comme nous. Mais il faut quand même continuer à les nourrir en quantité et veiller à les abreuver en permanence, ce que font tous les éleveurs qui sont bien conscients de cette réalité.” Une situation qui se répercute même dans des territoires qui jusqu’ici avaient été relativement épargnés par ces épisodes. Dans le nord du département, bon nombre d’éleveurs bovins ont pour habitude de faire transhumer leurs troupeaux jusqu’à “la montagne”, dans des estives situées sur le plateau de l’Aubrac ou dans le Cantal. “La ressource est appauvrie, que ce soit au niveau de la qualité de la floraison ou de l’eau. Cela remet en cause le principe même de la transhumance”, s’inquiète Jean Valadier, éleveur à la Terrisse, et maire d’Argences-en-Aubrac.
D’après lui, au cours des dernières années, le nombre de vaches en estive aurait d’ailleurs diminué d’environ 10 %.
Alors que les épisodes caniculaires sont amenés à se multiplier, la question de la ressource en eau et de son utilisation se pose d’autant plus.
“Quand on voit les quantités d’eau qu’il a fait en hiver et que l’on aurait pu utiliser ensuite, que ce soit pour l’agriculture ou alimenter certains cours d’eau qui sont aujourd’hui à sec, on doit s’interroger sur la possibilité de créer des retenues”, avance le président de la chambre d’agriculture. La promulgation toute récente par le Président de la République de la loi Duplomb, qui contient justement un volet sur les retenues, “ va dans le bon sens, à voir les applications qui pourront en être faites ici”, considère Laurent Saint-Affre.