Des véhicules de la garde nationale positionnés à Washington, aux Etats-Unis, le 7 août 2025. ANDREW LEYDEN/ZUMA/SIPA
Donald Trump va mobiliser la garde nationale à Washington, des mesures exceptionnelles pour cette ville qu’il dit « envahie par des gangs violents », tandis que la maire de la capitale américaine, Muriel Bowser, dément une hausse de la criminalité.
Le président américain a dit déployer, dans un premier temps, 800 militaires de la garde nationale afin de rétablir « la loi, l’ordre, et la sécurité publique » à Washington, rappelant la mobilisation de cette dernière à Los Angeles, en juin, après des manifestations contre les expulsions massives d’immigrés clandestins. Qui sont ces gardes nationaux ? A quoi servent-ils normalement ?
• Des réservistes au service des Etats… sauf à Washington
La garde nationale américaine est un corps de réserve des forces armées américaines. A l’inverse des militaires d’active, ses membres ne sont pas mobilisés à plein temps et ont un autre emploi civil. Le budget du ministère de la Défense américaine autorise un total de 433 000 gardes nationaux dans le pays, contre environ 1,3 million de militaires d’active.
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Contrairement aux autres branches des forces armées, les gardes nationaux sont organisés au niveau des Etats. Ils sont présents dans l’ensemble des 50 Etats américains ainsi que certains territoires comme Porto Rico ou Guam (une île du Pacifique).
C’est donc le gouverneur de chaque Etat qui peut mobiliser et commander cette force, sauf à Washington, ville qui jouit d’un statut particulier, et dont la garde nationale dépend uniquement du président.
Mais il arrive aussi que le président prenne son contrôle direct dans un Etat à la demande du gouverneur local, ou en outrepassant son autorité, ainsi que l’a fait Donald Trump à Los Angeles, le 7 juin, une première depuis les années 1960.
• Mobilisés pour des catastrophes naturelles, guerres, émeutes…
Les gardes nationaux sont traditionnellement mobilisés aux Etats-Unis à l’occasion de catastrophes naturelles : évacuations, distributions de denrées d’urgence, nettoyages de débris, etc.
Mais ils peuvent aussi être déployés à l’étranger et intégrés à des unités des forces d’active pour le combat. Des centaines de milliers de gardes nationaux ont ainsi combattu en Irak et en Afghanistan.
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La pandémie de Covid-19 constitue le dernier grand déploiement de la garde nationale. Leur aide logistique fut précieuse pour installer des hôpitaux de campagne et transporter du matériel médical.
• … ou lors de troubles (même si c’est très inhabituel)
Les gardes nationaux sont parfois mobilisés lors de troubles à l’ordre public ou de manifestations. Donald Trump avait déjà déployé en juin la garde nationale en Californie, contre l’avis du gouverneur démocrate, Gavin Newsom, affirmant vouloir ainsi rétablir l’ordre à Los Angeles après des manifestations contre des vagues d’arrestations d’immigrés par la police fédérale de l’immigration (ICE). Ce fut aussi le cas par le passé, même si cela reste très inhabituel.
Durant les manifestations de Black Lives Matter en 2020, plus de la moitié des Etats ont déployé la garde nationale pour assurer le maintien de l’ordre ainsi que la mise en place de couvre-feux. Ce fut également le cas à Washington.
Avant cela, les gardes nationaux furent déployés à Los Angeles en 1992, lors des émeutes et pillages consécutifs à l’acquittement de policiers accusés d’avoir passé à tabac Rodney King, un homme noir. Des dizaines de personnes avaient été tuées et des milliers blessées.
La garde nationale fut également mobilisée à plusieurs reprises durant les décennies 1950 et 1960, époque du combat pour les droits civiques, pour protéger les enfants afro-américains se rendant à l’école, suite à l’arrêt de la Cour suprême, en 1954, rendant la ségrégation dans les écoles publiques inconstitutionnelle.