Vladimur Poutine et Donald Trump. ILYA PITALEV, SARAH MEYSSONNIER / AFP / AFP PHOTO / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE
Une rencontre au sommet pour tenter d’obtenir la paix en Ukraine. Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront à la mi-août, une semaine après la fin de l’ultimatum lancé par le président américain à son homologue russe. Le tête-à-tête, très attendu, se fera sans le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui n’a pourtant de cesse de réclamer une voix dans les négociations.
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• Quand et où lieu la rencontre ?
Donald Trump a annoncé vendredi sur son réseau Truth Social qu’il rencontrerait Vladimir Poutine dans l’Etat d’Alaska, dans le nord des Etats-Unis, le 15 août. Une rencontre confirmée dans la foulée par le Kremlin, qui a invité Donald Trump à visiter la Russie prochainement. Ce sera le premier tête-à-tête entre les deux hommes depuis juin 2019 au Japon.
« Cela aurait pu se faire plus tôt, mais je suppose qu’il y a malheureusement des mesures de sécurité à prendre », a reconnu le président américain vendredi.
Le choix de l’Alaska a été qualifié d’« assez logique » par le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov, cité vendredi par les agences russes : ce vaste territoire, qui avait été vendu aux Etats-Unis par la Russie en 1867, n’est séparé de celle-ci que par le détroit de Bering. « La Russie et les Etats-Unis sont des voisins proches, avec une frontière commune », a souligné Iouri Ouchakov.
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Vladimir Poutine, qui n’a plus foulé le sol américain depuis 2015, sous le mandat de Barack Obama, n’aura pas ailleurs pas à se soucier du mandat d’arrêt international émis contre lui par la Cour pénale internationale, les Etats-Unis ne reconnaissant pas la juridiction de cette dernière.
• Que vont se dire les deux dirigeants ?
Donald Trump répète depuis des années qu’il sera l’artisan de la paix entre la Russie et l’Ukraine, et avait même promis de mettre fin au conflit en « 24 heures » une fois de retour à la Maison-Blanche. Son plan s’est révélé bien plus compliqué qu’il ne le pensait, Trump s’en prenant tout à tour à Zelensky puis à Poutine ces derniers mois – allant jusqu’à une escalade de menaces entre la Russie et les Etats-Unis la semaine dernière. Jeudi, Trump a réitéré : « Je ferai tout ce que je peux pour arrêter la tuerie. »
Des questions territoriales pourraient se trouver au cœur des discussions entre les deux dirigeants, Trump ayant indiqué vendredi que, pour qu’il y ait la paix, « il y aura des échanges de territoires au bénéfice de chacun ». Il n’a pas donné de précisions, disant ne pas vouloir pas faire d’ombre à la signature vendredi d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. « On parle d’un territoire sur lequel les combats font rage depuis plus de trois ans et demi […] c’est compliqué, c’est vraiment pas facile, mais nous allons en récupérer une partie », a-t-il ajouté sans plus de détails.
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Moscou réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (celles de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Inacceptable pour Kiev, qui exige le retrait pur et simple des troupes russes de son territoire et des garanties de sécurité occidentales, dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen, ainsi qu’un cessez-le-feu de 30 jours, ce à quoi s’oppose la Russie.
• Où en sont les négociations ?
Trois ans après la début de la guerre déclenchée par Moscou, les positions ukrainienne et russe sont toujours irréconciliables. La Russie est accusée de bloquer les pourparlers en maintenant des demandes maximalistes, alors qu’elle poursuit ses attaques aériennes mortelles sur l’Ukraine, où elle grignote chaque jour du terrain sur le front.
Le dernier cycle de négociations directes entre les deux belligérants à Istanbul en juillet n’avait débouché que sur un nouvel échange de prisonniers et de dépouilles de soldats. La semaine dernière, Trump avait lancé un ultimatum à la Russie qui a expiré vendredi, pour faire avancer les négociations avec Kiev, sous peine de nouvelles sanctions américaines.
Pour tenter de faire avancer les choses, l’émissaire américain Steve Witkoff a été reçu cette semaine au Kremlin par Vladimir Poutine, une visite marquée par un accord de Moscou à une rencontre entre les deux dirigeants.
• Qu’en dit Volodymyr Zelensky ?
Le président ukrainien n’a pas été convié à ce sommet, mais estime qu’une rencontre entre lui et Vladimir Poutine est une « priorité » et qu’il « est légitime que l’Ukraine participe aux négociations » concernant l’avenir de son pays. Vladimir Poutine estime, lui, que les « conditions » ne sont pas réunies pour une telle rencontre, qui selon lui n’aurait de sens qu’en phase finale des négociations de paix. Donald Trump s’est lui montré très clair : interrogé pour savoir s’il pensait que Poutine devait d’abord s’entretenir avec Volodymyr Zelensky il a répondu « non ».
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Face aux déclarations de Trump sur la rencontre, Volodymyr Zelensky a mis en garde samedi sur les réseaux sociaux : « Toute décision qui serait prise contre nous, toute décision qui serait prise sans l’Ukraine, ce serait des décisions contre la paix ». « Les Ukrainiens n’abandonneront pas leur terre aux occupants », a-t-il ajouté, en référence aux « échanges de territoires » évoqués par Trump.