August 8, 2025

"A 10 mètres du feu, des températures de 300 à 500 °C"

l’essentiel
Alors que le travail de recensement sur le terrain ne pourra être entamé qu’une fois le feu fixé, les services de la chambre ont déjà lancé une enquête en ligne, et sont prêts à apporter des réponses aux exploitants sur les démarches à entamer.

Il faudra encore attendre pour connaître avec précision les dégâts, notamment causés à l’agriculture. Hier, le préfet de l’Aude Christian Pouget évoquait cependant 800 à 900 hectares de viticulture directement impactés dans les communes touchées par l’incendie ; un chiffre auquel il faudra ajouter les superficies potentiellement impactées par les fumées et cendres qui se sont largement diffusées. Chef d’équipe viticulture à la chambre d’agriculture de l’Aude, Elodie Vergnettes livrait hier les superficies de vignes recensées sur la quinzaine de communes que le feu a touchées : “Nous avons comptabilisé 5 086 hectares. Les recensements sont en cours, mais il est encore difficile de se déplacer sur le terrain, et de nombreux accès sont fermés pour ne pas gêner le travail des pompiers. En attendant, nous avons lancé une enquête en ligne (*) pour que les agriculteurs puissent déclarer les dégâts subis.”

Un formulaire déjà déployé pour les exploitants touchés par les feux des 29 juin (départ de Bizanet), le 5 juillet (départ de Moux/Douzens), le 7 juillet (départ de Narbonne), le 26 juillet (départ de Sigean). Autre outil, un numéro de crise (06 77 10 67 49), “pour les agriculteurs sinistrés qui ne sauraient pas vers qui se tourner pour des démarches administratives”. A ce sujet, la chambre conseille “aux agriculteurs sinistrés de faire une déclaration auprès de leur assurance dans un délai de 5 jours et de déposer plainte contre X en gendarmerie dans les prochains jours”.

La chambre travaille enfin à la rédaction d’un bulletin technique intitulé “Que faire après un incendie dans mon vignoble ?” : le document renseignera “sur la conduite à tenir au vignoble et détaille les différents degrés de dégâts observés sur les souches”, avec quatre niveaux de dégâts recensés. Car même si des rangs ont été préservés des flammes, la chef d’équipe rappelait les dommages possibles : “Je m’étais renseignée auprès des pompiers, qui m’avaient expliqué que, à 10 mètres des flammes, la chaleur que peuvent subir des souches peut aller de 300 °C à 500 °C selon les essences qui brûlent et l’intensité du feu ; et la température peut aller encore jusqu’à 50 °C jusqu’à 100 mètres dans la parcelle.” Le bulletin expliquera aussi que faire avant les vendanges sur les “parcelles possiblement impactées par les “goûts de fumées” ou encore celles ayant reçu des produits retardants”.

Des dégâts qui ne sont pas pris en compte par les assurances, rappelle Elodie Vergnettes, car “elles considèrent qu’il y a quand même une récolte, même si ces raisins sont impropres à la consommation”. C’est justement sur cette question que la chambre devrait travailler pour “essayer d’obtenir des aides”. Une attente évidente dans un secteur des Corbières déjà en grande difficulté. Au 2 juillet 2025, 3 000 des 5 000 hectares qui devaient être concernés dans l’Aude par la campagne d’arrachage financée à hauteur de 4 000 €/hectare avaient été payés : “Tout ne s’est pas arraché dans ce secteur, bien sûr, mais beaucoup de parcelles étaient concernées. C’est la conséquence du problème de rentabilité économique dans un secteur qui fait face à des températures accrues, une faible pluviométrie dans des secteurs presque orphelins de toute irrigation.” La déprise agricole a donc frappé, “et s’est accentuée ces cinq dernières années. On sait qu’un jeune va plutôt s’orienter sur des zones où il peut mieux s’en sortir, comme le Limouxin”. Avec pour conséquences des secteurs arrachés, des vignes en déshérence, mais aussi “moins d’entretien des chemins d’accès qui peuvent servir aux pompiers. Sans oublier le rôle de coupe-feu, bien sûr.”

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