De plus en plus prisées pour leur style, les lunettes de soleil dites “fantaisies” séduisent les jeunes, souvent au détriment de leur efficacité. Pourtant, les risques liés à une exposition prolongée aux UV sont bien réels.
Rondes ou carrées, noires ou colorées, les lunettes de soleil s’affichent fièrement sur la tête des jeunes Auscitains au parc du Couloumé. Un seul mot d’ordre : “le style”. Talia, 18 ans, assume : elle a craqué pour un modèle “joli et pas cher” sur le site de fast-fashion Shein. La monture, en imprimé léopard, s’accorde parfaitement avec sa tenue du jour. Emma, 17 ans, a également commandé deux paires sur le même site, après les avoir vues sur une influenceuse sur TikTok. “J’ai celle-ci que je porte au quotidien, et les autres sont plus sympas pour aller en soirée”, précise-t-elle.
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Mais derrière l’aspect esthétique, la protection passe souvent au second plan. “Je n’y ai pas fait attention au moment de commander”, admet Shalini, 16 ans, qui a déniché une paire chromée bleue sur Amazon. “C’est vrai que ça m’éblouit parfois, mais ça va, je n’y fais pas trop attention.” De son côté, Juliette, 24 ans, commence à s’interroger. “J’ai acheté les miennes dans une boutique de prêt-à-porter en Australie, et même s’il y avait marqué “catégorie 1″, je ne me sens pas protégée, confie-t-elle. Mais les bonnes lunettes c’est vite un budget.”
Un danger pour les yeux
Face à cette tendance, Sophie-Anne Ravon, opticienne à Auch, se montre vigilante : “Les jeunes achètent sur Internet ou en grande surface sans vraiment se poser la question de la protection.” Pourtant une forte exposition aux UV peut endommager la rétine ou favoriser des pathologies comme la cataracte ou la photokératite (inflammation de la cornée). “La catégorie 3 est la plus adaptée : elle filtre 100 % des UVA et UVB, tout en permettant la conduite.”

Si certains jeunes commencent à prendre conscience de ces enjeux, la spécialiste regrette un manque d’éducation précoce : “Plus on les habitue tôt à en porter, plus ça deviendra un réflexe.” En magasin, elle tente de sensibiliser, notamment lors de la délivrance de lunettes de vue : “On en parle souvent au moment de faire le deuxième équipement en solaire, on essaye de cibler leurs besoins pour une meilleure protection.”
Concilier pratique et esthétique
Les lunetiers l’ont bien compris : protection et style ne sont plus incompatibles. “Tous proposent aujourd’hui de très beaux modèles, souligne Sophie-Anne Ravon. Les clients ne veulent plus des moutures basiques. Ils veulent se démarquer, tout en étant protégés.” Dans sa boutique, les paires solaires sont accessibles à partir d’une trentaine d’euros. “Un prix correct pour une protection adaptée.”
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Clémence, 24 ans, incarne parfaitement ce double besoin. “Ce sont des lunettes de soleil de vue, donc elles me protègent et corrigent ma vision, explique-t-elle. Mais j’ai aussi choisi un joli modèle, de marque, pour avoir vraiment de la qualité.” Elle apprécie aussi pouvoir simplement changer les verres au fil de sa correction tout en gardant sa monture dorée qu’elle aime tant : “Elles sont jolies, confortables et ne m’abîment pas les yeux… donc parfaites !”