Le sentier des terrasses du Pech, dont le début passe au cœur des habitations d’un quartier de Foix, en Ariège, est devenu synonyme de nuisances pour les riverains alors que les passants, se trompant de chemin, se retrouvent dans leurs jardins.

Au départ discret, le sentier des terrasses du Pech est devenu, ces dernières années, un incontournable pour les amoureux de nature. Nichée sur les hauteurs de Foix, en Ariège, cette balade de 3,2 kilomètres offre une boucle de deux heures environ, idéale pour une sortie familiale ou une marche contemplative.
Mais au-delà de sa vocation de promenade, ce sentier retrace également l’histoire des anciens agriculteurs qui, dès le XIXe siècle, ont façonné la pente en terrasses pour pouvoir cultiver sur ces versants escarpés. Aujourd’hui, les vestiges de ces aménagements sont encore visibles et expliqués via des panneaux informatifs répartis tout au long du tracé.
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Classé en zone Natura 2000, le site abrite une faune et une flore riches. Des oiseaux migrateurs y trouvent refuge, tandis que les promeneurs, au printemps, peuvent tomber sur des asperges sauvages. Au sommet, une vue imprenable sur le château de Foix et la cité comtale vient couronner l’effort.
Un chemin trop proche des maisons
Mais cette tranquillité n’est pas partagée par tout le monde. En effet, le début du sentier traverse un secteur habité où les maisons bordent littéralement le chemin. Et parfois, la frontière entre l’espace public et l’espace privé ne semble pas très claire aux yeux de tous.
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“Moi encore ça va, il n’y a pas d’accès à mon jardin. Mais à mes voisins, ça peut leur arriver”, confie une riveraine installée à proximité du sentier. Elle évoque notamment une maison située dans un virage. “Oui, il peut y avoir des gens qui se trompent, mais on leur indique juste le chemin”, poursuit-elle sans animosité.
À première vue, les différents visiteurs sont respectueux et la cohabitation reste paisible. “Il y a du passage, mais c’est juste les randonneurs. Ce n’est pas très dérangeant”, assure la même habitante. Reste que les erreurs d’aiguillage sont fréquentes et qu’à force, cela peut devenir pesant.
Des riverains contraints de baliser eux-mêmes
Lors de notre visite, cette riveraine n’a pas attendu d’être interrogée : elle a directement indiqué la direction à suivre, par réflexe. Un geste qui trahit une gêne installée de longue date.
Face à ce flux grandissant de visiteurs, notamment en période estivale, les habitants concernés ont pris les devants. Dans un virage, Karim, un autre riverain, a dû visser une flèche en bois à un grillage, indiquant “Pech” pour rediriger les marcheurs. Plus haut, un panneau “Propriété privée” a été fixé sur un portillon pour éviter toute intrusion involontaire.

“On leur remplit les gourdes au passage”
Karim est l’habitant le plus impacté. “Il y a énormément de personnes qui se trompent, surtout des Espagnols et des Allemands, confie-t-il. Mais bon, quand ça arrive, on leur indique le sens du sentier et on leur remplit les gourdes au passage”, s’exclame-t-il gaiement. Néanmoins, la situation peut être dérangeante : “On a même fini par installer une chaîne pour éviter que les gens se trompent.”
La situation ne préoccupe pas outre mesure des riverains qui la prennent avec le sourire, mais la question de la cohabitation entre espaces naturels ouverts au public et habitat privé se pose ici avec acuité. Ce sentier, témoin d’un patrimoine rural et poumon de biodiversité, est aussi bordé par des foyers pour qui la tranquillité est précieuse.
À l’heure où les randonnées de proximité connaissent un regain d’intérêt, la clarification des accès et le renforcement de la signalétique pourraient permettre de préserver l’équilibre. Afin que le Pech demeure un lieu de marche paisible, plutôt qu’une source de malentendus.