Après la mort d’une vache et de son veau, tout juste né, les éleveurs gersois s’inquiètent de la présence accrue des vautours dans le département. Le président de la chambre d’agriculture réclame la mise en place d’une indemnisation et l’autorisation des tirs de défense. L’Office français de la biodiversité rappelle que ce rapace est nécrophage.
La chambre d’agriculture du Gers avait déjà lancé l’alerte, il y a plusieurs semaines, après que des vautours avaient été repérés sur la commune de Pouydraguin. Un appel à la vigilance désormais dépassé : une attaque de rapaces a été signalée le week-end dernier, sur la commune de Mont-d’Astarac. Une vache et son veau, tout juste né, ont été retrouvés tués et dépecés. Un acte attribué à un ou plusieurs vautours fauves (attention, la photo ci-dessous montre les cadavres des animaux et peut choquer le lecteur).

Les oiseaux ont été vus à plusieurs reprises sur les lieux : le jour de la mort des deux bêtes et le lendemain. “L’éleveur, qui est encore sous le choc, est parti sortir les cadavres le dimanche matin”, raconte Lionel Candelon-Bonnemaison, président de la chambre d’agriculture du Gers. “Quand il est arrivé sur les lieux, il a compté près de 80 vautours qui continuaient le massacre.”
“Le troupeau a été très affecté par l’attaque”
Si des analyses doivent encore être réalisées afin de confirmer que ces actes sont bien de la responsabilité des rapaces (voir aussi ci-dessous), Lionel Candelon-Bonnemaison est lui formel. “C’est la troisième attaque sur bovin de l’année, assure-t-il. Les deux premières n’avaient, à notre connaissance, pas donné de mortalité.” La dernière aurait, elle, été fatale aux deux bêtes. “Sans parler des conséquences secondaires, puisque le troupeau a été très affecté par l’attaque. Donc on ne sait pas encore s’il y aura plus de mortalité au niveau des vêlages, avec des veaux mort-nés.”
Une situation qui inquiète particulièrement les éleveurs gersois, notamment dans les secteurs de Plaisance-du-Gers, Aignan et de l’Astarac, où les oiseaux ont principalement été aperçus. “Ce n’est pas la première fois qu’ils affolent les bêtes. Des animaux sauvages, dont des chevreuils, ont déjà été tués. Mais c’est la première année qu’on les voit aussi fréquemment et qu’on a des bovins tués dans un champ dans le Gers. C’est la première fois et il n’y en aura pas de deuxième. On ne le tolérera pas, gronde Lionel Candelon-Bonnemaison. Aujourd’hui, on sait très bien que le vautour ne s’attaque pas uniquement à des animaux morts, mais aussi à des animaux affaiblis mais vivants. On est arrivé à cette aberration-là : on ne sait plus contrôler une espèce protégée mais on n’est pas capable de la déclasser.”
Indemnisation et tirs de défense
Le président de la chambre d’agriculture a donc adressé une lettre au préfet du Gers, Alain Castanier. Il sollicite, “face à cette situation préoccupante et malgré que le vautour soit une espèce protégée […] son intervention et son soutien afin de mettre en place une indemnisation concernant cette attaque qui pourrait servir d’exemple (à l’heure actuelle, aucune indemnisation n’existe nationalement, à l’exception d’attaques d’ours et de loups, NDLR). Nous demandons également une possibilité de tir de défense immédiat afin de pouvoir défendre nos animaux face à d’éventuelles attaques.” Des tirs qui n’auront pas vocation à effaroucher les rapaces. “Nous demandons que l’éleveur puisse faire feu sur l’animal et le neutraliser, pour défendre son troupeau.”
“Le vautour, physiologiquement parlant, n’est pas équipé pour tuer”
Du côté de l’Office français de la biodiversité (OFB), on reste prudent. Si les récits d’attaques de vautours se multiplient en France, “à l’heure actuelle, nous n’avons pas de situations concrètes, où nous nous sommes rendus sur place pour constater, qu’effectivement, des animaux ont été tués par des vautours fauves”, explique un agent de l’OFB du Gers. “Souvent, les vaches mettent bas et les rapaces, qui ne sont pas loin, arrivent sur des animaux morts nés. Cet oiseau est un nécrophage, donc il suffit que l’animal bouge et cela ne lui convient pas. Le vautour, physiologiquement parlant, n’est pas équipé pour tuer.”
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S’il existe toujours un doute, l’agent de l’OFB regrette que l’office ne puisse pas se rendre sur les lieux, à Mont-d’Astarac, pour dresser les constats par lui-même. L’éleveur et la chambre d’agriculture ont en effet choisi d’envoyer les prélèvements, dont les plumes retrouvées sur les lieux, directement à l’OFB et à la préfecture.