Élevage, entraînement, compétitions : les pigeons voyageurs de Villeneuve-sur-Lot volent toujours plus loin. Leur passionné président défend un savoir-faire méconnu, entre héritage familial et véritable sport de haut niveau.
Tout le monde se rappelle bien des envolées de pigeons voyageurs lors des cérémonies officielles, 14-Juillet, 11-Novembre…
Ces pigeons étaient la propriété des adhérents de la société de colombophile de Villeneuve-sur-Lot. « Malheureusement, et j’ignore pourquoi, nous ne sommes plus sollicités depuis quelques années pour participer à ces cérémonies. C’est dommage, ça faisait partie de ces commémorations » regrette Johnny Palomo, président de la société et passionné par les pigeons voyageurs.

« Cela m’est venu de mon père qui avait des pigeons quand il était en Espagne, pays dont la famille est originaire. Il y a là une grande culture de ce type d’élevage. Alors, je m’y suis mis avec lui et nous avons créé ici notre colombier de pigeons voyageurs ».
« Plus qu’un hobby, un véritable sport »
Si la figure de Johnny Paloma est bien connue, c’est qu’il a une profession. Tous les dimanches, on le retrouve à vendre ses poulets rôtis à la porte de Bordeaux. « Et oui, je suis dans les volatiles. Certains pour en vivre, les autres pour le sport » précise-t-il sur le ton de l’humour.
« Pour moi, c’est devenu plus qu’un hobby. C’est un véritable sport et ce sont de véritables athlètes que j’entraîne. J’ai environ 300 pigeons, entre les reproducteurs, les jeunes et les coursiers, ce que nous appelons les voiliers ».
Et quand on parle d’athlètes, c’est qu’un bon pigeon voyageur est le fruit de nombreux entraînements. « Mais on ne peut pas le savoir à l’avance. Il faut d’abord le tester sur de courtes distances une fois qu’il a deux mois. On augmente progressivement les distances entre le lieu du lâcher et le colombier vers lequel il va rentrer d’instinct, jusqu’à 50 km. Mais la manière dont ils s’orientent reste encore un mystère. La plupart du temps, ils rentrent. Certains peuvent se perdre en route, être la proie des rapaces de plus en plus nombreux dans notre ciel depuis une dizaine d’années ».
« La plus longue distance que mes pigeons aient volée, c’est 745 km »
Et qui sport et athlètes dit forcément compétition. « La saison de compétitions commence début avril et se termine maintenant. Je ne peux malheureusement pas participer à la dernière qui a lieu ce week-end, dans le Pas-de-Calais. Une distance de 650 km. J’ai participé et je continue à y participer, à de nombreuses compétitions. La plus grande distance que mes pigeons ont parcourue, c’est au départ de Bruxelles, soit 745 km entre le point de départ et mon colombier. Et le meilleur résultat que j’ai obtenu, c’est une 4e place ».
À l’heure des réseaux sociaux et de la communication à outrance, l’élevage de pigeons voyageurs pourrait paraître désuet aux yeux de certains. « Mais c’est comme tous les élevages. On aime ses animaux. Il faut s’en occuper, les nourrir, les soigner quand ils en ont besoin. C’est un véritable lien que nous entretenons. Et c’est sur du long terme. Il y a trop peu de jeunes qui sont intéressés. C’est dommage, c’est passionnant comme univers ».
« Les pigeons voyageurs étaient réquisionnés par l’armée »
« Jusqu’à récemment, pour élever des pigeons voyageurs, il fallait être déclaré auprès de l’État » rajoute Johnny Palomo. « Il ne faut pas oublier qu’avant le développement de l’informatique, des réseaux sociaux et des systèmes de communication ultrarapide, les pigeons voyageurs pouvaient être réquisitionnés par l’armée car ils avaient une utilisation militaire dans les transmissions d’informations. Il existe d’ailleurs toujours un colombier militaire. C’est une passion qui est très développée dans le nord de la France et de l’Europe. J’ai visité des colombiers dans ces régions-là. Certains sont de véritables maisons. Si vous venez dans le mien en période de compétition, tout est nickel. On pourrait manger par terre. Je vous le dis, c’est une passion ».