August 3, 2025

"La loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique et sanitaire" : l’apiculteur, ex-biologiste, défend les abeilles avec force et conviction

l’essentiel
Émile Sahsah a été biologiste avant de devenir apiculteur dans le Lot. Il connaît par cœur l’histoire, les mœurs et l’apport indispensable, pour l’homme, de l’abeille qu’il chérit dans ses ruches en s’inquiétant des effets de la loi Duplomb sur cet insecte pollinisateur. Quid de l’avenir de l’homme si ce dernier n’évite pas à l’abeille d’avoir du plomb dans l’aile ? Éléments de réponse avec l’apiculteur lotois.

Émile Sahsah, ex-pharmacien (directeur en pharmacie) et biologiste, désormais producteur de miel à Flaynac, un hameau de Pradines, est immergé depuis 20 ans dans le monde de l’apiculture. Une activité qu’il définit comme “une passion menée dans un but très précis : le maintien de la biodiversité avant même le goût de la production de miel qui correspond à une toute petite production chez-moi.”

En désaccord total avec la loi Duplomb

L’ex-biologiste reste très attentif à l’évolution de l’abeille, des productions de miel, mais également de tout l’apport, sanitaire de cet insecte pour l’homme.

Rien d’étonnant alors à ce qu’Émile Sahsah soit très inquiet et en désaccord total avec l’application de la loi Duplomb sur laquelle il ne mâche pas ses mots.

“Le produit nocif qui serait utilisé ira sur le sol, le traversera et y restera”

“Je trouve que la loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique et sanitaire. Le produit qui serait pulvérisé sur les betteraves et les noisettes, dans le cadre de l’application de cette loi, pour éviter l’attaque des pucerons, nuirait considérablement à l’abeille. Ce produit nocif ira sur le sol, le traversera et y restera. Il va aussi dériver vers les rivières et les contaminer. En outre, son évaporation va entraîner sa présence dans l’air. Des tests scientifiques le démontrent formellement” souligne avec insistance l’apiculteur lotois.

“Affectée dans son système nerveux, l’abeille perdra le nord”

Très soucieux, il poursuit : “Présente dans le sol et dans l’air donc, cette substance va s’attaquer au système nerveux central des insectes pollinisateurs.”

“Ainsi affectée dans son système nerveux, l’abeille qui sortira de la ruche sera désorientée. Elle perdra le nord, ne reviendra pas et mourra.” Quid de l’avenir de l’homme dans ces conditions ?

Une production de miel très correcte cette année dans le Lot

Émile Sahsah sait aussi tenir un discours positif. “J’ai beaucoup de contacts avec les apiculteurs du Lot. Cette année, on peut dire que la production de miel est plus intéressante, tant en quantité qu’en quantité. La fleur d’acacia a donné beaucoup de miel. L’an dernier le climat avait considérablement conditionné la production. Les variations de sécheresse et de pluie expliquent cela.” Cependant la mortalité des abeilles n’est pas enrayée.

Comment empêcher les charges du frelon asiatique ?

“Le frelon asiatique reste le principal ennemi de l’abeille. Nous n’avons pas de vrai traitement contre ce fléau. On bricole des pièges, mais cela ne suffit pas. Cela ne ralentit pas les charges du frelon dans les ruches. Il y a deux ans j’avais un nuage de frelons devant chaque ruche.”

La meilleure attitude à adopter, si l’on suit les conseils d’Émile Sahsah, consiste à “poser des pièges pour capturer les fondatrices des ruches, dès le mois de mars. Cela peut se faire en mars, avril, mai. Il faut faire vite car, à partir du 15 juillet, on observe une armada de frelons devant les ruches qui peuvent anéantir les abeilles jusqu’au mois de décembre. Le Lot n’est pas épargné” conclut-il sur le chapitre du frelon.

D’autres parasites sont redoutables : le varroa. “Il y a des traitements heureusement, par pulvérisation. Il faut les utiliser en juillet et août.”

Une urgence, le combat d’Émile et une prise de conscience attendue

L’urgence, le combat d’Émile, c’est la loi Duplomb. Il revient à la charge. “L’abeille existe depuis 100 millions d’années sur notre terre. Je ne comprends pas que les députés qui soutiennent la loi Duplomb ne prennent pas conscience de sa dangerosité. Ils n’ont pas mesuré les conséquences sanitaires.”

“Près de 45 % des aliments que nous consommons sont les résultats de la pollinisation de l’abeille”

L’abeille reste un pollinisateur majeur. Elle permet à l’homme de se nourrir et de se soigner. Le venin d’abeille est utilisé en guise de thérapie. Son apport alimentaire et sanitaire est indéniable.

“Près de 45 % des aliments que nous consommons sont les résultats de la pollinisation de l’abeille. Einstein, l’a dit : Si l’abeille disparaît, l’homme suivra. C’est donc le sort de toute l’humanité qui est en jeu” prévient l’ancien biologiste.

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Émile Sahsah est si passionné et si expert qu’il devient lui aussi un témoin majeur de l’évolution écologique et sanitaire de notre Terre nourricière. Une planète où virevoltent de moins en moins d’abeilles. L’apiculteur lotois est parfaitement légitime pour voler à leur secours.

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