Lundi, le président américain Donald Trump a lancé un ultimatum de dix jours à son homologue russe Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. MOURAD ALLILI/SIPA
Le divorce est-il acté entre les États-Unis et la Russie ? À son arrivée à la Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump pariait sur la fin des combats en Ukraine grâce à ses bonnes relations avec Vladimir Poutine. Mais à mesure que les mois passent, les tensions augmentent. Jusqu’à l’annonce par Trump, ce vendredi 1er août, du déploiement de deux sous-marins nucléaires à la suite de propos tenus par Dmitri Medvedev, ancien président russe et actuel numéro deux du Conseil de sécurité du pays.
A lire aussi
Récit
« Aujourd’hui, il n’y a que les pauvres qui font la guerre » : revenu du front ukrainien, Artem ne croit plus en rien
Avant d’atteindre leur point d’orgue, les tensions entre Donald Trump et Dmitri Medvedev se sont intensifiées au début de la semaine. Lundi, le président américain a réduit l’ultimatum qu’il avait lancé le 14 juillet à Poutine, en engageant le président russe à mettre fin à la guerre en Ukraine d’ici 10 jours. Un affront pour Medvedev, qui s’est empressé d’écrire sur le réseau social X : « Chaque nouvel ultimatum est une menace et un pas vers la guerre. »
L’ancien président russe (2008-2012), autrefois présenté en Occident comme un réformiste et un modéré, est coutumier des propos provocateurs depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Ses messages reçoivent en général un écho limité, mais ils ont fini par irriter le président des Etats-Unis, qui, loin du ton mesuré qu’il emploie envers Vladimir Poutine, l’a vivement pris à partie. « L’ancien président russe raté, qui se croit toujours président, devrait surveiller ses propos. Il s’aventure en terrain très dangereux ! », a ainsi écrit jeudi Donald Trump dans un message sur son réseau Truth Social.
Quelques heures plus tard, Dmitri Medvedev a répondu, en russe, sur le réseau Telegram avec les mots qui ont mis le feu aux poudres. Il a suggéré au locataire de la Maison-Blanche de regarder à nouveau la série télévisée apocalyptique « The Walking Dead » avant de citer « la fameuse “main morte” », un système automatisé mis en place par l’Union soviétique pendant la Guerre froide pour lancer une frappe nucléaire en cas de destruction de sa chaîne de commandement. Et Donald Trump de répliquer, toujours sur son réseau Truth Social, où il a indiqué avoir « ordonné que deux sous-marins nucléaires soient positionnés dans les zones appropriées, au cas où ces déclarations idiotes et incendiaires soient plus sérieuses que cela ». Avant d’ajouter : « Les mots comptent et peuvent souvent avoir des conséquences imprévues, j’espère que cela ne sera pas le cas cette fois. »
Réel repositionnement ou coup de bluff ?
Le président américain n’a cependant pas précisé où les sous-marins seraient envoyés, ni s’il s’agit de submersibles à propulsion nucléaires ou de porteurs d’ogives atomiques. Interrogé peu après sa décision par un présentateur de la chaîne Newsmax pour savoir si ces sous-marins sont désormais « plus proches de la Russie », Donald Trump a simplement répondu avec un petit rire : « Oui, ils sont plus proches de la Russie. »
Selon le « New York Times », « il n’est pas certain que des sous-marins aient effectivement changé de position ». Le quotidien américain explique que les mouvements des sous-marins nucléaires s’opèrent secrètement et qu’il est « probablement impossible de savoir si Donald Trump est réellement en train de repositionner les sous-marins ou s’il cherche simplement à faire passer un message ».
A lire aussi
Analyse
Plafonnement du pétrole russe à 45 dollars : cette fois, l’Europe veut mettre le paquet face à Moscou
Pour le site d’information « Politico », les mots de Donald Trump ne sont tout de même pas anodins, « étant donné la quasi-certitude qu’il existe déjà plusieurs sous-marins qui rôdent dans les eaux autour de la Russie ».
Pousser Poutine à s’asseoir à la table des négociations
Mais pourquoi le président américain va-t-il jusqu’à agiter la menace nucléaire ? Le locataire de la Maison-Blanche, dans ses joutes verbales par réseaux sociaux interposés avec Medevdev, cherche probablement en réalité à pousser Vladimir Poutine à s’asseoir enfin à la table des négociations, alors même que les possibilités de dialogue entre les deux hommes s’amenuisent. Car les déclarations de Trump n’interviennent que quelques heures après la réponse indirecte de Vladimir Poutine à l’ultimatum américain. Le président russe a réaffirmé vouloir une « paix durable » en Ukraine, mais sans pour autant renoncer aux conditions de paix qu’il propose et qui restent pour lui « inchangées » : à savoir, que Kiev cède des territoires et renonce à l’Otan. Des concessions inacceptables pour Kiev.
Par ailleurs, lors de ce même discours, Vladimir Poutine a annoncé le lancement de la production en série de l’Orechnik, le missile hypersonique russe de dernière génération, qui peut porter une charge nucléaire.
A lire aussi
Portrait
« Oui, nous vivons dans un monde complètement fou » : Ludmila Oulitskaïa, écrivaine « ennemie du peuple » qui a fui la Russie
A la fin de la semaine prochaine, Donald Trump pourrait donc commencer à appliquer des sanctions dites « secondaires », c’est-à-dire infligées aux pays qui achètent notamment du pétrole russe, dans le but de tarir cette source de revenus essentiels pour la machine de guerre russe. D’autant plus que sur le terrain, les combats ne semblent pas s’affaiblir. Dans la nuit de mercredi à jeudi, une attaque sur Kiev a tué 31 civils selon un nouveau bilan communiqué vendredi par les autorités. L’attaque a été l’une des pires de ce type contre la capitale en plus de trois ans de guerre.