November 3, 2025

"Et là, par miracle, le monsieur est revenu" : le sang froid d’une infirmière et d’un pompier volontaire a sauvé la vie d’un coach de rugby

l’essentiel
Victime d’un malaise cardiaque en plein match, Laurent Gilbert, l’entraîneur du RC Bon-Encontre-Boé, a été sauvé par la soigneuse du club adverse du CO Pont-du-Casse, infirmière de métier, et par un pompier volontaire venu en spectateur.

Ce dimanche 2 novembre, lors du match de Fédérale 3 opposant le CO Pont-du-Casse au RC Bon-Encontre-Boé, une scène traumatisante s’est déroulée au stade Régadous. Laurent Gilbert, manager du RCBB, s’est effondré soudainement au bord du terrain, victime d’un malaise cardiaque. Grâce à l’intervention rapide d’une infirmière et d’un pompier volontaire présents sur place, l’homme de 51 ans a pu être réanimé avant l’arrivée des secours. “Ce sont eux qui lui ont sauvé la vie, clairement, déclare Alex Brandolin, le président du RCBB. Sans leur intervention, il ne serait pas là à l’heure qu’il est.”

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On joue la 35e minute quand Laurent Gilbert s’écroule sur le bord de touche. Un attroupement se forme autour de lui. Amandine Burlin, l’infirmière qui est également soigneuse du COP XV, se trouve dans l’un des en-but. Elle est appelée par sa mère Nadia, la photographe du club cassipontin, et accourt pour porter secours au quinquagénaire. De l’autre côté du terrain, le long de la main courante derrière l’en-but, Amaury Gracia, commercial du concessionnaire Volkswagen d’Agen et pompier volontaire, se décide lui aussi à intervenir. Venu en spectateur à la rencontre, il commence à prodiguer un massage cardiaque à la victime. “Dans ce genre de situation, ce qui est déterminant, ce sont les premières minutes. J’ai déjà réalisé des massages cardiaques, mais chaque situation est différente, raconte cet habitué des interventions d’urgence. Là, c’était quelqu’un du club, un visage familier. Sur le moment, on ne pense pas, on agit. Ce n’est qu’après coup qu’on réalise.”

“Tout s’est fait naturellement, sans qu’on ait eu besoin de se parler”

À ses côtés, Amandine Burlin, infirmière et soigneuse du CO Pont-du-Casse, a également joué un rôle décisif. Un travail d’équipe qui a permis de maintenir en vie Laurent Gilbert jusqu’à l’arrivée des secours.

“Tout s’est fait naturellement, sans qu’on ait eu besoin de se parler, confie la jeune femme. On l’a mis sur le dos. Amaury a commencé le massage, je me suis occupée de la tête. Un ami est allé chercher le défibrillateur. On lui a découpé le t-shirt aux ciseaux et on lui a posé le défibrillateur. Pendant qu’Amaury continuait de masser, je regardais toujours si j’avais un pouls. Le défibrillateur a choqué à plusieurs reprises. Et à un moment donné, par miracle, le monsieur est revenu. Et il a essayé de nous parler. Et là, j’ai dit : “Amaury, arrête tout, il est avec nous.” Et là, du coup, il a arrêté.”

“C’est toujours marquant de ramener quelqu’un à la vie”

Quelques minutes plus tard, les pompiers, “qui ont été incroyablement réactifs et sont arrivés sur les lieux en une dizaine de minutes”, ont pris le relais et l’ont transporté médicalisé à la clinique Esquirol-Saint-Hilaire. Pendant son hospitalisation, le manager du RCBB a fait un nouveau malaise cardiaque, avant de se faire poser trois stents. Il est actuellement dans un état stable.

Un jour après, les deux héros du match, âgés de 25 ans, sont encore fortement marqués par les événements. “C’est toujours marquant de ramener quelqu’un à la vie, concède le pompier volontaire. Sans notre intervention, la famille aurait sans doute préparé un enterrement. Aujourd’hui, sa femme et sa fille sont à son chevet, avec un papa qui pourra peut-être fêter Noël avec eux.”

Pour la jeune infirmière à la clinique Esquirol-Saint-Hilaire, diplômée depuis juillet 2025, cette expérience restera marquante, même si elle voit ça au quotidien dans son travail : “C’est la première fois que je vois quelqu’un repartir après un arrêt cardiaque. Tout s’est joué dans la première minute. Heureusement que nous avons réagi immédiatement et que le défibrillateur était à portée de main.”

“La chose la plus gratifiante, c’est de recevoir un message de la femme du monsieur qui nous dit merci”

Quatre années plus tôt, Amandine Burlin avait déjà été confrontée à une situation similaire au stade Régadous. Elle avait tenté de sauver une bénévole du club victime d’un arrêt cardiaque. “Cette bénévole de la buvette était une femme que j’aimais d’amour, qui m’a vue grandir. Et j’ai tenté de la réanimer avec un joueur qui, lui aussi, est infirmier. Sauf qu’elle n’est pas repartie. Je n’étais pas encore diplômée, j’étais en école d’infirmière. Et j’avoue que ça m’a un peu traumatisée parce que c’était mon premier arrêt cardiaque et ma première réanimation. Et là, de le refaire sur l’enceinte du stade avec un monsieur que tout le monde connaît, ça fait quelque chose quand même. Ça rappelle de mauvais souvenirs. Mais Amaury, qui a un sang-froid et un courage énormes, m’a rassurée. Il m’a dit : “Amandine, là c’est différent, il est reparti, il est en vie, il est sorti d’affaires, il a une vie de famille, il a une femme, donc on peut être fiers de nous.”

Encore émue, elle insiste sur l’importance de la formation des gens aux gestes de premiers secours : “Tout le monde devrait être formé. Beaucoup ne savaient pas quoi faire, certains paniquaient. Sans réflexes, on perd du temps, et dans ces moments-là, chaque seconde compte.”

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Pour Amaury Gracia comme pour Amandine Burlin, la gratitude de la famille du coach est la plus belle récompense. “La chose la plus gratifiante, c’est quand on rentre à la maison et qu’on reçoit un petit message de la femme de ce monsieur qui nous dit merci, qu’on lui a sauvé la vie, confie le pompier. On se dit que ces personnes-là, aujourd’hui, ne sont pas endeuillées.” Depuis son lit d’hôpital, Laurent Gilbert a, ce lundi après-midi sur son compte Facebook, “remercié du fond du cœur Amaury et Amandine de Pont-du-Casse pour leur réactivité et leur sang-froid qui me permette aujourd’hui d’être dans la lumière. Ma famille et moi-même ne saurons jamais assez reconnaissant envers vous.”

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