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Le Nouvel Obs avec AFP
Image, diffusée par le ministère ukrainien de la Justice, du centre pénitentiaire de Bilenkivska, dans la région de Zaporijjia, le 29 juillet 2025, après des bombardements russes. UKRAINIAN JUSTICE MINISTRY/AFP
Au moins 25 civils, dont une femme enceinte et une quinzaine de détenus d’une colonie pénitentiaire, ont été tués en Ukraine dans des frappes russes dans la nuit, ont indiqué ce mardi 29 juillet les autorités ukrainiennes, au lendemain d’un nouvel ultimatum de Donald Trump à Vladimir Poutine.
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Une cinquantaine de personnes ont aussi été blessées dans ces frappes, ont précisé les autorités. Des bombardements qui interviennent juste après que le dirigeant américain a donné à son homologue russe « dix à douze jours », au lieu de cinquante, pour mettre fin à son invasion de l’Ukraine, sous peine de sévères sanctions.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé sur les réseaux sociaux le bombardement de l’établissement pénitentiaire de la région de Zaporijjia (sud), estimant qu’« il s’agissait d’une frappe délibérée, intentionnelle » et que « les Russes ne pouvaient ignorer qu’ils visaient des civils dans cet établissement ».
Le Kremlin a démenti, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, viser « des cibles civiles », affirmant que l’armée russe ne menait des frappes que « sur des infrastructures militaires ou liées à l’armée ».
La prison de Bilenkivska visée
Des images publiées par le ministère de la Justice ukrainien montrent des débris et des briques éparpillés au sol autour d’un bâtiment de la colonie pénitentiaire de Bilenkivska dont les vitres ont été soufflées. Il n’y a pas de risque que des détenus s’évadent, l’enceinte de l’établissement n’étant pas endommagée, a précisé le ministère.
Le chef de l’administration régionale, Ivan Fedorov, a indiqué que la Russie avait mené huit frappes aériennes sur la région de Zaporijjia, dont une a touché la prison, où 16 personnes ont été tuées et 43 blessées.
Cette frappe a lieu trois ans jour pour jour après une attaque aérienne contre la prison d’Olenivka dans une partie de la région ukrainienne de Donetsk (est) sous occupation russe, qui avait tué de nombreux prisonniers ukrainiens. Kiev et Moscou s’étaient rejeté la responsabilité de cette frappe.
« Le régime de Poutine, qui profère également des menaces contre les Etats-Unis par l’intermédiaire de certains de ses porte-parole, doit faire face à des mesures économiques et militaires qui le privent de la capacité de faire la guerre », a plaidé le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, sur le réseau social X.
Un haut responsable ukrainien a indiqué à l’Agence France-Presse que 274 personnes, toutes Ukrainiennes, étaient détenues dans la prison visée dans la nuit, dans laquelle travaillaient 30 employés au moment de la frappe, et qu’aucun prisonnier de guerre russe ne s’y trouvait.
Une « nouvelle preuve des crimes de guerre commis par la Russie »
Le médiateur ukrainien chargé des droits humains, Dmytro Loubinets, a dénoncé mardi sur X une « violation flagrante du droit humanitaire international » et une « nouvelle preuve des crimes de guerre commis par la Russie ». « Les personnes détenues dans des lieux de détention ne perdent pas leur droit à la vie et à la protection », a-t-il dit.
L’armée de l’air ukrainienne a indiqué avoir fait face au total à deux missiles et 37 drones ou leurres au cours de la nuit de lundi à mardi, dont 32 ont été abattus. Un nombre plus faible que d’habitude, alors que la Russie intensifie ses frappes ces derniers mois, étant capable de lancer plus de 500 engins par nuit.
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D’autres attaques russes ont fait six morts dans la région de Kharkiv (nord-est) et trois tués, dont une femme enceinte, dans celle de Dnipropetrovsk (centre), où un hôpital a été endommagé, selon les autorités locales.
En Russie, une personne a été tuée dans la nuit de lundi à mardi dans la région de Rostov (sud) par une attaque de drones ukrainiens, a annoncé le gouverneur régional Iouri Slioussar.
Le Kremlin a « pris note » de l’ultimatum de Donald Trump
Malgré ces nouvelles frappes meurtrières en Ukraine, le Kremlin a assuré mardi maintenir son « engagement en faveur d’un processus de paix », indiquant également avoir « pris note » de l’ultimatum de Donald Trump.
Dmitri Peskov a pour autant affirmé que la Russie entendait continuer à « préserver [ses] intérêts », alors que Moscou réclame que Kiev lui cède quatre régions, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l’Otan.
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Le Kremlin a également regretté un « ralentissement » de la normalisation des relations entre Washington et Moscou, tout en se disant « intéressé » par une meilleure « dynamique » dans ce processus.