July 29, 2025

ENTRETIEN. Pro D2 : "On ferme notre bouche, et on travaille !" Mauricio Reggiardo fait le point sur la préparation du SU Agen

l’essentiel
Le sourire aux lèvres, Mauricio Reggiardo a retrouvé son groupe ce lundi. Avant de débuter la deuxième phase de préparation du SUA, l’Argentin nous a reçus pendant une bonne heure, revenant sur ce premier mois d’entraînement, et la construction de son projet.

Plus d’un mois après votre prise de fonctions, comment vous portez-vous ?

Je me sens très bien. J’ai retrouvé un groupe qui travaille bien, qui m’écoute, avec un staff travailleur compétent. Petit à petit, on retrouve un peu de sérénité. Je crois que l’environnement est plus cool. J’ai imaginé les quatre premières semaines de façon à ce que ça se passe bien. On ferme notre bouche, et on travaille.

Comment avez-vous trouvé ce groupe ?

Touché. Cela fait deux ans qu’il souffre. Certains n’ont pas signé ici pour cela. Il y a plus de frustration et de déception qu’autre chose. Il faut donc prendre du plaisir avant tout. Quand je parle de plaisir, ce n’est pas individuel. C’est un plaisir d’équipe, à se faire mal ensemble. Je ne savais pas si le groupe était prêt pour cela. Je me suis rendu compte qu’il l’était. Il est prêt à souffrir maintenant pour récolter après. Chaque entraînement, on avance. On prend du plaisir à s’entraîner dur, parce qu’on sait très bien que, si on fait cela, nous n’aurons pas de regrets.

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Avez-vous dû mettre des mots sur ce qu’il s’est passé en fin de saison dernière ?

Non. On a dit qu’on n’allait pas trop parler de l’an dernier, et qu’on allait avancer. On essaye de bien faire des choses simples, et de donner pas mal de repères. Je vois qu’il y a une très bonne alchimie entre Guillaume Jan et les joueurs sur ce qu’il demande en attaque. C’est très clair, très précis. Les joueurs adhèrent. C’est important. Après, on sait bien ce qui n’a pas marché l’an dernier. On travaille aussi pour améliorer cela. Ce n’est pas que le rugby. L’aspect mental est important. Il faut être connectés. Lors des deux derniers matchs de l’an dernier, j’ai vu l’équipe connectée. Nous le staff, on a travaillé pendant deux jours pour déterminer quelle équipe on pouvait être. On leur a dit ce qu’on attendait d’un joueur qui met le maillot d’Agen.

Justement, qu’est-ce qu’on attend d’un joueur d’Agen ?

Qu’il soit généreux, agressif, respectueux, heureux, et positif. Ce sont des choses simples. Mais quand un joueur met un maillot, il faut qu’il soit capable d’honorer ses valeurs. C’est non négociable.

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Et en tant qu’équipe ?

Cela nous appartient. Mais quelle image l’équipe va donner chaque fois qu’elle va rencontrer un adversaire ? Qu’est-ce que l’adversaire va dire ? On y a travaillé beaucoup. Pour l’instant, je suis dans une démarche que j’apprécie. De la part de Guillaume Jan, Rémi Vaquin, Dave Ryan aussi. Il peut y avoir des erreurs. On peut tomber un ballon, mais on travaille pour construire. On accepte les erreurs, parce que l’entraînement, c’est pour se préparer au match. On a une bonne démarche d’accepter l’erreur, mais pas sur un manque de concentration ou de rigueur. On veut progresser, et avancer.

Est-ce que vous êtes dans les temps dans votre préparation ?

Je crois qu’on est bien, même si je suis un optimiste. Dans notre rugby, on est dans les clous. Dans la construction de notre état d’esprit aussi. La dernière semaine avant de partir en vacances était bien. Le stage était dur. Parfois, on a un petit peu râlé, mais c’est parce qu’il y a des caractères, et cela me plaît. On n’a pas triché, et c’est le plus important.

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Ce groupe vous satisfait-il en termes de quantité ?

Je suis content. Après, j’ai parlé avec Jean-François Fonteneau. S’il faut aller chercher un joueur de plus, on fera l’effort… Mais il y a les prêts. On pourra faire partie des clubs qui font comme cela. Pour l’instant, on est bien. Il y a tous les Espoirs qui vont monter. Je suis assez rassuré de l’effectif. Mais s’il y a toujours un ou deux joueurs de plus, c’est bien. Je ne vais pas dire non.

Pour le début de cette seconde phase, on imagine que vous allez mettre votre rugby en place…

Cela a été rugby depuis le premier jour. Les joueurs ont très bien travaillé durant l’intersaison. On est plutôt en place. On a eu presque quatre semaines de travail de rugby. Maintenant, les deux semaines à venir vont être les plus dures en termes d’intensité et de préparation. Là, on rentre de vacances. Il y a eu neuf jours de coupure, mais il n’y a pas de mec en repos. Tu passes à la salle de musculation, il y a toujours quatre ou cinq mecs le matin ou l’après-midi qui viennent travailler. Il y a une bonne culture de travail ici.

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Pourquoi avoir intégré le ballon aussi tôt ?

Je dis toujours que je ne suis pas plus compétent qu’un autre. En attaque, Guillaume est mieux que moi. Rémi connaît mieux la touche que moi. Mon boulot n’est pas de dire ce qu’il faut faire, mais c’est de vraiment écouter, et trouver le bon modèle. J’ai trouvé qu’on avançait plus vite au rugby. Puis, au bout de trois semaines, je n’ai que quatre blessés… Après, on a une heure pour tout. C’est mon boulot de changer les secteurs.

En termes de jeu, quel visage voulez-vous montrer cette année ?

Le jeu produit l‘an dernier me plaisait. Après, je crois qu’il y a une période ici autour de mi-novembre, décembre, janvier, où il y a du brouillard, de l’humidité… Même si vous avez un fond de jeu, il faut être capable de l’adapter. Au début, cela jouait très bien au rugby. Il manquait de l’efficacité à cette équipe, mais ce qu’elle produisait était bien. Il faut respecter l’ADN du club. Il y a un public connaisseur. Gagner ne suffit pas. Il faut mettre la manière aussi, mais d’abord, on veut gagner pour retrouver la confiance.

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À l’époque, vous étiez très concentrés sur les zones de regroupement…

Cela n’a pas changé. Pour jouer au rugby, il faut des ballons rapides, donc des bons rucks. Cela va ensemble. Si les rucks de mon adversaire sont lents, j’ai plus de temps pour ma défense. Si mes rucks sont rapides, la défense va être en difficulté. À l’époque, avec Stéphane Prosper, on jouait beaucoup dans notre camp, parce qu’on était capable de conserver le ballon. Aujourd’hui, les arbitrages vont plutôt récompenser la défense, mais je préfère prendre une pénalité sur un déblayage d’un mètre de plus, plutôt que de voir mes ballons ralentis.

Personnellement, qu’est-ce qui vous a motivé à relever ce défi ?

D’abord, je suis très bien parti d’ici. J’étais très bien parti de Castres, et j’y suis revenu. Quand tu arrives à un endroit, les gens vont parler de toi et de ce que les autres disent. Pour moi, c’est important de bien partir. Si, aujourd’hui, je peux revenir, c’est parce que je suis bien parti. Je ne veux pas dire que c’est mon club de cœur parce que c’est Castres, et c’est la vérité. Mais j’aime beaucoup Agen. C’est un club qui me tient à cœur. Cela me correspond. Il y a beaucoup de passion. Parfois, en excès. Mais il y a une histoire. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui ont une histoire qu’ils aiment. On est un peu excessifs, assez exigeants, parce que c’est un club qui a huit boucliers, même si les derniers, cela fait longtemps. Quand j’étais là, j’ai mis une petite page de l’histoire du club, et j’ai envie de la réécrire. Je suis venu pour écrire quelques pages de l’histoire du club.

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On sent une vraie ambition. Avez-vous fixé des objectifs ?

Quand tu finis 14e, tu n’as pas d’objectif. Il faut avancer. J’aime bien tout ce qu’on peut maîtriser. Après, il y a des choses qu’on ne peut pas maîtriser. Tout ce qu’on peut maîtriser, on va le maîtriser pour être performant et gagner des matchs. On fixe des objectifs, mais à très court terme. C’est juste gagner. Si on gagne d’entrée, on va encore gagner, même si on ne va pas se cacher toute l’année. Si on est compétitifs, pourquoi pas voir plus haut. Mais il ne faut pas oublier Brive, Vannes, Provence, Grenoble… L’Oyonnax de cette année n’est pas l’Oyonnax de l’an dernier. Il y aura toujours Colomiers. Ce sera dur.

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