July 26, 2025

"On nous prenait pour des farfelus" : à Viviers-lès-Montagnes, une serre agrivoltaïque devenue modèle d’avenir

l’essentiel
À Viviers-lès-Montagnes, dans le Tarn, face aux tempêtes et à l’incertitude climatique, Gérard Combelles n’a pas baissé les bras. Maraîcher de père en fils, il a fait le pari audacieux d’une serre agrivoltaïque, alliant protection des cultures et production d’énergie solaire. Critiqué au départ, son projet est aujourd’hui un modèle local d’agriculture durable.

À Viviers-lès-Montagnes, dans le Tarn, c’est l’histoire d’un homme, d’une famille, et d’un pari audacieux face à l’urgence climatique. Gérard Combelles, maraîcher depuis toujours, a vu ses serres s’effondrer à plusieurs reprises sous les tempêtes. En 1999, puis en 2010, les vents violents ont ravagé son outil de travail. Plutôt que de renoncer, il a décidé de croire à une solution nouvelle : une serre agrivoltaïque.

“Nous avions besoin d’un abri plus solide que nos anciens tunnels, mais aussi d’une solution durable pour l’avenir”, raconte-t-il. À l’époque, peu y croyaient. Le projet essuie des critiques, la chambre d’agriculture refuse même le dossier. Mais Gérard tient bon. “On nous prenait pour des farfelus. Pourtant, on savait que c’était la bonne direction.”

“Un abri pour notre culture et pour notre avenir”

En 2017, avec le soutien de REDEN, pionnier de l’agrivoltaïsme en France, la serre sort de terre. Installée sur plus de deux hectares, elle accueille 6 877 panneaux photovoltaïques, pour une puissance installée de 2,1 MWc. Chaque année, elle produit 2 GWh d’électricité, l’équivalent de la consommation d’environ 1 000 habitants. Une énergie propre, sans que la famille ait eu à investir lourdement : “REDEN a financé l’installation. En échange, ils exploitent l’électricité. C’est un partenariat équilibré.”

Mais l’essentiel est ailleurs. “Cette serre, c’est notre outil de travail, mais c’est aussi un abri pour nos cultures et pour notre avenir.” Gérard, désormais à la retraite, a transmis l’exploitation à son fils, Loïc. “J’ai repris au moment de la mise en service de la serre. Il a fallu tout repenser : notre organisation, nos pratiques culturales, notre gestion de l’humidité et de la lumière. Mais aujourd’hui, on voit les résultats.”

L’espace de travail a été multiplié par dix, passant de 2 500 à 25 000 m².
L’espace de travail a été multiplié par dix, passant de 2 500 à 25 000 m².
DDM – P.B.

L’espace de travail a été multiplié par dix, passant de 2 500 à 25 000 m². L’exploitation cultive une large gamme de légumes de saison : patates douces, melons, pastèques, aubergines, poivrons, haricots verts, courgettes, concombres, tomates. “Nous faisons de la vente directe quatre fois par semaine. La diversité est essentielle”, ajoute Loïc.

Tout n’a pas été simple : le sol, compacté pendant les travaux, a mis du temps à retrouver sa fertilité. Mais les bénéfices sont là : protection renforcée contre les intempéries, diminution des traitements chimiques, confort de travail amélioré. “Cette serre a changé notre quotidien”, dit Loïc. “Elle nous permet de produire mieux, tout en réduisant notre impact environnemental.” Et surtout, elle a permis à une génération de passer le relais. “Ce projet, c’est ce que je veux laisser à mon fils”, confie Gérard. “Il incarne l’avenir d’une agriculture qui s’adapte, qui innove et qui résiste.”

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