Un avion de la compagnie Vueling à l’aéroport de Gatwick à Londres, le 11 juillet 2025. JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO VIA AFP
Une cinquantaine d’adolescents français de confession juive qui rentraient de vacances en Espagne ont été brutalement débarqués d’un avion, amenant l’association organisatrice du séjour, Club Kineret, à annoncer ce jeudi 24 juillet son intention de déposer une plainte pour « discrimination » contre la compagnie aérienne espagnole Vueling.
Dans un long communiqué publié ce jeudi matin sur le réseau social X, cette compagnie à bas coûta a imputé cet incident aux adolescents, les accusant d’avoir eu un « comportement inapproprié » et « une attitude fortement conflictuelle, mettant en péril le bon déroulement du vol ». Mais l’association Club Kineret, organisatrice de cette colonie de vacances, a répliqué dans l’après-midi par un communiqué dans lequel elle dément « formellement et catégoriquement » la version de Vueling. « Le Nouvel Obs » fait le point.
· Ce que reproche Vueling à la colonie de vacances
L’incident s’est produit mercredi après-midi, lorsque ces adolescents, qui se trouvaient en Espagne depuis deux semaines, s’apprêtaient à décoller de l’aéroport de Valence (sud-est) à bord d’un vol de la compagnie Vueling à destination de Paris-Orly. L’association Club Kineret précise dans un communiqué que le groupe comportait « 44 enfants (…) encadrés par sept adultes ».
A en croire Vueling, les adolescents auraient « manipulé de manière inappropriée du matériel de sécurité et interrompu activement la démonstration obligatoire des consignes ».
« Malgré de nombreux avertissements, ce comportement inapproprié a persisté », amenant l’équipage à demander « l’intervention de la Garde civile » (équivalent de la Gendarmerie), qui a alors « procédé au débarquement du groupe afin de garantir la sécurité du reste des passagers », selon la compagnie.
Vueling assure encore que « le comportement agressif du groupe s’est poursuivi » à la sortie de l’avion et qu’une des adultes encadrant le groupe a été arrêtée.
Une vidéo présentée comme celle de cette interpellation a circulé sur les réseaux sociaux, montrant une jeune femme plaquée au sol sans ménagement et menottée par des agents de la Garde civile.
Contactée par l’AFP, une porte-parole de la Garde civile a confirmé le récit de Vueling, assurant que les membres du groupe n’avaient pas écouté les consignes répétées de l’équipage.
La monitrice a été interpellée « parce qu’elle refusait de descendre de l’avion et d’obéir aux agents », a complété cette porte-parole, précisant qu’elle avait été rapidement remise en liberté.
· « Aucun incident » pour Club Kineret
Mais cette version est battue en brèche par l’association Club Kineret, qui parle d’une « scène d’une brutalité rare, injustifiée, et manifestement empreinte de partialité ».
« Aucun incident, aucune menace, aucun comportement inapproprié (de la part des adolescents, NDLR) n’a été signalé », poursuit l’association dans son communiqué.
Club Kineret affirme encore que « plusieurs passagers indépendants présents dans l’avion ont rédigé des attestations écrites confirmant que les enfants ne représentaient aucun trouble à l’ordre public ni à la sécurité du vol ».
Avant cela, les parents de certains enfants s’étaient déjà élevés dans les médias contre la version de Vueling. Les enfants étaient « tranquilles » quand la Garde civile est arrivée, a ainsi assuré la mère de l’un de ces adolescents, Karine Lamy, sur la chaîne israélienne i24News, dénonçant « un acte antisémite ».
Contactée par l’AFP, la mère d’un autre adolescent a affirmé sous le couvert de l’anonymat que la monitrice interpellée, âgée de 21 ans, avait été « plaquée au sol et emmenée manu militari » par la Garde civile pour avoir voulu empêcher la saisie des téléphones des jeunes, afin d’empêcher les agents d’effacer les vidéos qu’ils avaient tournées.
Dans l’avion, « ils n’étaient pas 50 à chanter », a-t-elle ajouté, contestant « l’image d’Epinal du retour de colo avec 50 gosses déchaînés ».
« Je n’aime pas dire que c’est de l’antisémitisme de prime abord », mais « là, en l’occurrence, je ne vois pas trop ce qui a pu justifier tout ça », a-t-elle encore dit à l’AFP.
« Ils ont été débarqués comme des chiens », a-t-elle lancé, précisant que les plus jeunes étaient « des gosses de 12-13 ans ».
· Une plainte bientôt déposée
« Nous allons déposer une plainte pour violence physique, psychologique et discrimination sur le fondement de la religion », a déclaré à l’AFP l’avocate de Club Kineret, Julie Jacob, évoquant des « circonstances aggravantes » étant donné qu’il s’agit – au moins pour certains – de « mineurs de moins de 15 ans ».