À Toulouse, les commerçants du marché de Bellefontaine constatent une baisse de leur chiffre d’affaires depuis l’application stricte de l’interdiction de la vente à la criée. Une mesure réglementaire qui entraîne avertissements et suspensions.
Le marché populaire de Bellefontaine est silencieux depuis quelques semaines. C’est du moins le ressenti de nombreux commerçants. Et pour cause : la vente à la criée est de plus en plus réprimée affirment-ils. “Cela fait environ six semaines que les commerçants n’ont plus le droit d’appeler les clients sous peine de recevoir un avertissement. Le maire de Toulouse tape en bas de l’échelle alors que ce sont ces commerçants qui font vivre les quartiers populaires”, tempête un vendeur de fruits et légumes souhaitant rester anonyme.
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Un peu plus loin, un autre maraîcher l’affirme : depuis que les crieurs sont réprimés, l’impact sur son chiffre d’affaires est significatif. Selon son estimation, cette interdiction réduit son chiffre d’affaires d’environ 60 %. “J’ai déjà eu plusieurs avertissements et je vais être prochainement suspendu trois jours par rapport à la criée du mois dernier. Il me faudra environ deux mois pour rattraper ce que je vais perdre pendant cette suspension.”

Un autre vendeur de fruits estime quant à lui que l’impossibilité de “rabattre du client” lui fait perdre environ 40 % de ventes. “J’ai reçu un avertissement la semaine dernière. On n’a pas le droit de parler aux gens, de proposer des rabais, mais les gens viennent aussi chercher cette ambiance !”
“On vient chercher des odeurs et des bruits”
Une affirmation confirmée par certains riverains, à l’image de cette Toulousaine, cliente régulière des lieux. “On vient ici pour chercher des odeurs, des bruits, ça nous évoque le bled, une certaine nostalgie.”
En ce mercredi matin, il n’est pas 10 h 30 que certains vendeurs quittent déjà les lieux faute de clientèle. “Nous vendons des vêtements donc si on ne peut interpeller les clients, ça complique notre métier. On est moins accueillants pour les clients et ça casse les ventes”, assure Cindy en train de ranger son étalage.
La vente à la criée est interdite de longue date par le règlement des marchés toulousains, rappelle de son côté la municipalité.
“J’ai été alerté par des délégués du marché de Bellefontaine qui n’en pouvaient plus et m’ont signalé que certains vendeurs criaient, signale Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse, en charge des marchés. Ceux qui vendent à la criée sont donc sanctionnés. Sur d’autres marchés toulousains, comme ceux de Bagatelle ou du Cristal, cette pratique est absente.”
La personne concernée reçoit d’abord un avertissement, avant d’être suspendue un jour, trois jours, six jours, puis définitivement en cas de récidive.

