Pour certains, Noël rime moins avec joie qu’avec contraintes. Entre cadeaux coûteux et sujets tabous à table, Jean-Michel et Marine racontent comment la fête devient parfois un casse-tête familial.
Sous le sapin, les cadeaux s’entassent, impeccablement emballés. Mais pour Jean-Michel, cette abondance a perdu tout le charme de Noël. “Ce qui me dérange aujourd’hui, c’est le côté commercial de cette fête, cette obsession du cadeau. Ce n’est pas le Noël que j’ai connu ni celui auquel j’aspire”, confie-t-il.
Ce retraité installé dans les Landes a grandi dans une famille où la fête était synonyme de convivialité et de repas avec ses proches. “Aujourd’hui, j’ai l’impression que venir les mains vides est mal vu”, confie-t-il, tout en soulignant que le budget peut rapidement exploser.
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“Rien que pour mes petits-neveux et nièces, cela représente environ 400 euros. Avant, dans ma famille, on ne s’offrait qu’un seul cadeau, parfois aucun. Les grands-parents, les oncles et tantes ne faisaient pas de cadeaux. On se retrouvait simplement pour partager un repas, et cela nous suffisait complètement”, se remémore Jean-Michel.
Les sujets qui fâchent
Mais ce n’est pas seulement la pression financière qui lui pèse. Les repas de famille sont devenus des terrains minés où certaines conversations peuvent très vite dégénérer. “À Noël, on sait très bien de quoi il ne faut pas parler pour éviter les conflits. La politique, les grèves, le contexte social… J’ai appris à me taire, même quand j’aurais eu envie de répondre, pour ne pas jeter de l’huile sur le feu”, explique-t-il.
Il se souvient d’incidents qui ont laissé des traces. “Une fois, après un repas, une dispute a duré près d’un an à cause de reproches faits à mon épouse sur son métier (ancienne cheminote, ndlr) et les grèves en France.”
Jean-Michel a appris à anticiper les sujets sensibles et à ménager l’ambiance familiale. “La politique, les grèves, les manifestations… Ce sont des sujets qu’il vaut mieux éviter à Noël. On sait très bien que certains commentaires peuvent rallumer d’anciens conflits”, souligne ce retraité.
Avis politique
Même malaise pour Marine, cette étudiante de 23 ans originaire des Bouches-du-Rhône. “À chaque fois que je rentre chez mes parents pour les fêtes, je sais très bien que les repas vont être longs, et que, forcément, à un moment ou à un autre, il y aura une phrase ou un sujet qui risque de me mettre mal à l’aise”, explique-t-elle.
Souvent, tout commence par des sous-entendus. Marine se souvient notamment d’un Noël où un simple fait divers a suffi à déclencher un blanc gênant autour de la table. “Mon grand-père a lancé : ‘Encore des étrangers’. Personne n’a réagi, le silence a duré quelques secondes… et puis on a continué à manger comme si de rien n’était.”
“J’ai juste dit que certaines remarques me mettaient mal à l’aise. On m’a répondu : ‘Ah ben voilà, on ne peut plus rien dire’, ou ‘Il faut faire attention à tout maintenant’.
Et parfois, les remarques touchent directement Marine. “Une fois, quelqu’un a fait une remarque sur mon poids, en rigolant. J’ai voulu répondre, mais tout le monde a détourné le sujet ou a ri, comme pour m’éviter de répondre.”
Comme Jean-Michel, Marine se retient “souvent de répondre en changeant de sujet”. “Maintenant j’essaye juste que Noël se déroule sans tensions, même si ça veut dire passer sur certaines choses.”

