December 17, 2025

Dermatose nodulaire : "Ça ira très mal si la situation ne se débloque pas"… sur les blocages de Haute-Garonne, des agriculteurs prêts à durer

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Autoroutes et voies ferrées coupées, feux allumés sur les axes stratégiques : en Haute-Garonne, la mobilisation agricole se durcit face à la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse.

Sur la départementale 813, des tas de fumier et des bottes de paille ferment l’accès. Un immense feu de palettes diffuse une fumée blanche qui voile les silhouettes coiffées de bérets. En contrebas, un brasier de pneus crache une fumée noire. À quelques mètres, des ballots, des palettes ont été déposés directement sur les rails : le trafic ferroviaire est interrompu entre Toulouse et Narbonne. Juste à côté, l’autoroute A61 est elle aussi coupée dans le sens Carcassonne-Toulouse. Les tracteurs sont alignés sur les voies, immobiles. Sous un pont, un mur de ballots a été construit. Dans l’autre sens, les klaxons de soutien rythment le peu de silence qui subsiste. À Villefranche-de-Lauragais, la mobilisation agricole a pris ce mardi des allures de verrou.

La colère est là, dense, organisée. Elle s’inscrit dans le prolongement de la visite, la veille, de la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, venue à Toulouse lancer la campagne de vaccination contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Une séquence gouvernementale qui n’a pas convaincu. Les agriculteurs ont choisi de bloquer, frontalement.

“C’est une mesure injuste”

Florian, 27 ans, éleveur de vaches laitières à Caignac, est adossé à un tracteur. “Je me suis installé avec mon père en 2018. Je suis né là-dedans. Les journées font douze heures, les vacances sont rares. Ce qui se passe avec la maladie, ça peut nous arriver à tous. L’urgence, c’est la fin de l’abattage total. Je veux bien du sélectif, mais là, c’est une mesure injuste.” Il prévoit de rester jusqu’au lendemain. Après, il faudra compter sur des roulements : “Il y a le travail de la ferme.”

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Même ligne chez Aurélien, président des Jeunes agriculteurs de Villefranche-de-Lauragais, céréalier. “On veut l’arrêt des abattages, une vraie révision de la PAC, et qu’on parle sérieusement du Mercosur et de la taxe sur les engrais.” Tous deux vont passer la nuit sur le blocage. Demain, ils feront tous le point sur la situation.

Autour des barrages, les soutiens passent. Un homme, fils et petit-fils de paysans, glisse un billet de 20 euros, dans la main d’Aurélien, comme il l’avait fait pour les agriculteurs ariégeois. Pierre, retraité, ancien ouvrier agricole, observe : “C’est un coup de masse sur la tête. La ministre n’aurait pas dû venir comme ça. Si ça ne se débloque pas, ça ira très mal.”

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En fin d’après-midi, les grilles de barbecue sortent. La nuit s’organise. Ailleurs dans le département, la colère gronde avec la même énergie même si à Benque, les derniers prélèvements ne permettent pas de conclure à un foyer confirmé de DNC. Les barrages y ont été levés, la surveillance renforcée.

À Gourdan-Polignan, les élus sont venus discuter. Jérôme Bayle, visage de la lutte agricole, a aussi passé une tête. À Muret-Seysses, sur l’A64, une poignée d’agriculteurs tient toujours le blocage, fatigués mais déterminés.

À Villefranche, tant que l’abattage total restera la réponse du gouvernement, les feux continueront de brûler.

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