December 16, 2025

Dermatose nodulaire : "Il faut écouter la science", comment les deux Savoie ont éradiqué la DNC en quelques semaines

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La DNC, non transmissible à l’humain, est apparue en France en juin, en Savoie. Elle s’est depuis développée dans le Sud-Ouest après la détection d’un foyer dans un élevage de l’Ariège, où plus de 200 vaches ont été abattues malgré la mobilisation de manifestants.

Abattage, restrictions de mouvements et “vaccination d’urgence” des bovins… Voilà la stratégie en trois parties choisie par les autorités et “discutée avec les éleveurs” pour lutter contre la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Elle a “fait ses preuves en Savoie et Haute-Savoie”, où ont été détectés les premiers foyers cet été, a rappelé Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement. Mais concrètement, comment ce plan d’urgence s’est-il articulé dans les Alpes, et quels résultats a-t-il permis d’obtenir ?

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En date du 11 août, 74 foyers de DNC ont été détectés en France, dont 31 en Savoie et 43 en Haute-Savoie. Or, depuis le mois d’octobre, les deux départements sont sortis de la zone de surveillance, après l’application de ce protocole sanitaire du gouvernement. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, continue à défendre cette stratégie qui nécessite donc l’abattage systématique des troupeaux lors du premier cas détecté. Un point qui provoque la gronde des agriculteurs du Sud Ouest et qui a été accepté, la mort dans l’âme, par ceux des deux Savoie.

“C’est vraiment un drame pour les éleveurs”

“Pour moi, le plus important c’est l’arrêt du déplacement des animaux”, nous assure d’emblée Franck Massonnat des Jeunes Agriculteurs (JA) de Savoie qui a été témoin direct d’un abattage cet été. “J’étais au soutien d’un ami éleveur, pour l’accompagner dans ce drame. Car oui, c’est vraiment un drame pour les éleveurs qui n’oublieront jamais ce qui s’est passé”. En effet, monter et élever un troupeau “ne se fait pas en 5 minutes”, “cela représente des années de travail pendant lesquelles on côtoie nos animaux, on les aime, on les chouchoute”.

Si ce protocole d’abattage ciblé a été un “coup de massue” selon l’éleveur, il a aussi représenté une solution pour “limiter la casse”. “Ce n’était peut-être pas la meilleure solution, mais je pense que c’était la moins mauvaise dans notre cas”, dit-il. “On a quand même réussi, pour l’instant, à arrêter cette maladie”.

Le “triptyque” du protocole sanitaire est essentiel

Pour ce qui est des élevages du Sud Ouest, Franck Massonnat n’a pas toutes les informations. “On entend qu’il y a eu des déplacements ou des achats d’animaux contaminés sur les exploitations impactées. C’est dramatique et ils ont tout notre soutien parce que c’est catastrophique”. L’incubation, qui peut durer jusqu’à 40 jours, rend extrêmement difficile la détection des cas, notamment s’il y a des mouvements. “Nous, ça a marché, mais si demain il pouvait y avoir une solution sans abattage, ce serait exceptionnel”. Selon les chiffres, 0,5 % des vaches de Savoie et de Haute-Savoie ont été abattues cet été à cause de la DNC. Concrètement, cela fait près de 1 700 bêtes sur les 350 000 que comptent les deux départements.

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Le “triptyque” du protocole sanitaire est essentiel et “si on n’en fait pas un des trois, cela ne marche pas, l’un ne va pas sans les deux autres”, confirme Cédric Laboret, président de la chambre d’agriculture Savoie Mont Blanc. “Si on veut se débarrasser de la maladie, on abat tant qu’on peut le faire”, ajoute-t-il, “parce qu’en fait, on n’est pas capable de discriminer les animaux qui sont malades” de ceux qui ne le sont pas. Offensif, le responsable dénonce “ceux qui mentent sur le sujet”, estimant qu’il faut “écouter la science”. “Des gens ont bossé sur cette maladie. S’ils nous disent qu’il faut gérer comme ça, ce n’est pas par plaisir et il faut le faire”, assure-t-il en rappelant que ce protocole est européen.

Solidarité, repeuplement et indemnisations

Dans le secteur savoyard, un travail titanesque de vaccination a été mis en place durant l’été. En quelques semaines seulement, toutes les bêtes ont pu être vaccinées. La chambre d’agriculture “a mis le paquet” sur l’accompagnement des agriculteurs qui ont perdu des bêtes. Une aide sur le plan psychologique mais aussi logistique, avec un soutien administratif également. Concernant les indemnisations, la plupart des éleveurs concernés par les abattages “ont commencé à toucher les premiers acomptes”, selon Cédric Laboret.

La Chambre d’agriculture a aussi “travaillé sur un repeuplement solidaire, c’est-à-dire qu’on s’est mis collectivement à essayer de trouver des animaux”. Des propos confirmés par Franck Massonnat : “Notre chance dans ce malheur, c’est notre collectif… On a su se serrer les coudes pour repeupler les troupeaux concernés et aujourd’hui, ils le sont par des animaux de qualité et surtout sains.”

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