La mobilisation agricole se poursuit en Ariège après l’abattage de 207 bovins. Depuis vendredi 12 décembre 2025, une centaine d’agriculteurs bloquent une partie de la RN20 à Tarascon-sur-Ariège.
Depuis le vendredi 12 décembre 2025, la colère du monde agricole s’exprime sur l’axe frontalier reliant l’Andorre à Tarascon-sur-Ariège. En cause : l’abattage de 207 bovins aux Bordes-sur-Arize, une décision qui a provoqué une mobilisation d’ampleur inédite à l’appel de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne de l’Ariège.
Un mouvement déterminé, ce dimanche soir, à s’inscrire dans la durée : “Pour l’instant, nous n’avons aucune réponse, si ce n’est que la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, accepterait “une réflexion sur le protocole” — et je pèse mes mots, explique Sébastien Durand, président de la Coordination rurale de l’Ariège. Le minimum serait déjà d’obtenir un moratoire, c’est-à-dire la suspension des abattages de masse. Nous avons voulu venir ici, maintenant il faut rester. On s’organise, avec du chauffage, un chapiteau. Là, on entre dans la durée.”
“On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions”
Symbole de cette détermination, deux sapins de Noël ont été installés sur le site par Corentin Tourrent, éleveur et coprésident du syndicat gasconne : “Dans nos fermes, on avait tous des projets. Aujourd’hui, on a du mal à les poursuivre. On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions, c’est impossible. On continue à nourrir nos vaches, à les vacciner, à les faire vêler, mais on ne se projette plus.
Le merdier qu’on a foutu là, ça ne me fait pas plaisir, c’est chez moi ici. Mais maintenant que c’est fait, il faut que ça serve à quelque chose. Il faut qu’on aille jusqu’au bout, qu’on ait une réponse positive pour qu’on puisse s’en sortir. On va se relayer. Les sapins sont là pour le symbole : s’il faut passer le réveillon ici, on le passera.”
Une solidarité citoyenne sur le rond-point
Ce dimanche 14 décembre, sur le rond-point de Sabart, la mobilisation a rassemblé bien au-delà du seul monde de l’élevage. Éleveurs, agriculteurs, apiculteurs et simples citoyens ont tenu à afficher leur solidarité.
Parmi eux, Rémi Patte, apiculteur dans la vallée, souligne l’ampleur des enjeux : “Tout le monde doit se sentir concerné, l’enjeu est tellement important, sans parler de la violence qui a été déployée et des élevages qui sont touchés. Je soutiens fortement les agriculteurs et j’encourage tout le monde à le faire.”
Même discours pour Christine Gauvin, une habitante du territoire : “On ne peut pas rester à la maison comme ça, regarder, et avoir envie de pleurer toute la journée, donc je viens soutenir et montrer qu’on est là. C’est l’avenir de tout le monde, de nos enfants. Ils sont allés tellement trop loin.”
“C’est carrément dramatique”
Après trois jours de mobilisation à Tarascon-sur-Ariège, la lassitude se mêle à l’inquiétude, lance Laurence Marandola, membre de la Confédération paysanne : “C’est carrément dramatique. Un nouveau cas vient d’être signalé en Haute-Garonne et, au moment où l’on se parle, un rassemblement est en train de se préparer. Un éleveur refuse pour l’instant catégoriquement l’abattage”, explique-t-elle.
“Cette solidarité est hyper importante pour les éleveurs. On tient d’ailleurs à remercier tous ceux qui nous soutiennent, qui nous apportent à manger : les restaurateurs, les boulangers — et j’en oublie sûrement — plus largement toute la population. Ça fait vraiment chaud au cœur”, conclut-elle.
La ministre de l’Agriculture attendue ce lundi
Parmi les voix qui s’élèvent, celles des élus du département devraient se faire entendre ce lundi 15 décembre devant la préfecture de l’Ariège, dès midi. “Nous voulons afficher notre soutien aux éleveurs et leur montrer que nous sommes à leurs côtés”, explique Florent Pauly, maire de Dun.
Cette mobilisation est prévue une heure avant l’arrivée de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, attendue à 13 heures à la préfecture de région Occitanie. Elle doit y rencontrer les treize présidents des chambres d’agriculture ainsi que les représentants régionaux des quatre syndicats agricoles. Sur le terrain, l’attente est claire : “Ce que nous voulons avant tout, c’est l’annonce de la fin des abattages massifs. C’est pour cela que nous sommes ici et que nous comptons y rester”, martèlent les syndicats.

