La dermatose nodulaire contagieuse suscite la colère des agriculteurs dans le Lot. Ils protestent contre l’abattage systématique des troupeaux infectés. Après un entretien infructueux avec la préfète, la tension reste palpable.
La tension est montée d’un cran dans le Lot. Ce matin, les agriculteurs de la Coordination Rurale, accompagnés par la Confédération paysanne, ont manifesté devant la préfecture, à Cahors, contre le protocole appliqué par le gouvernement lorsqu’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est détecté dans un cheptel. En d’autres termes : ils veulent éviter l’abattage systématique lorsqu’un troupeau est infecté.
Ce matin, la Coordination rurale et la Confédération paysanne se sont rassemblés devant la préfecture du Lot pour manifester contre l’abattage des troupeaux touchés par la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). #Cahors #Lot #DNC #ManifAgricole pic.twitter.com/jhjS5yTeXN
— La Dépêche du Lot (@LaDepeche46) December 12, 2025
Après un entretien avec la préfète, Claire Raulin, les agriculteurs ne se sont pas calmés. Bien au contraire.
“Je comprends leur colère”
Après avoir déversé du lisier, quelques pneus et des œufs devant le grillage, ils se sont rendus devant la Chambre d’Agriculture. Ils ont mis le feu à quelques bottes de foin. Les pompiers sont venus pour éteindre le début d’incendie. Et les salariés de la Maison de l’Agriculture attendent patiemment devant leur local. L’un d’entre eux témoigne : “On nous reproche de ne pas être des agriculteurs alors que j’essaye tous les jours de les aider. Je comprends leur colère”.
Clément Desport, coprésident de la Coordination Rurale 46, détaille davantage la situation. “On avait demandé un rendez-vous avec le président du GDS (Groupements de Défense Sanitaire) Lot, il a refusé. On a demandé qu’ils bougent les voitures, ils n’ont pas voulu. Alors, on les a bougées nous-mêmes. On a posé notre botte de foin et on y a mis le feu. On ne l’aurait pas fait s’il nous avait parlé, déclare l’un des coprésidents. Le but, c’était de cibler les principaux acteurs qui n’œuvrent pas dans le bon sens”. Les agriculteurs se sont, ensuite, dirigés vers la MSA, soit la sécurité sociale agricole.
“On aurait pu être plus violent”
Derrière la DNC, c’est un malaise plus diffus qui se laisse entendre. “On aurait pu être plus violent”, lance Nicolas Espinaco, l’autre coprésident de la CR46. Devant la MSA, les agriculteurs ont crié leur colère aux quelques personnes restées de l’autre côté du portail. L’un d’entre eux dénonce : “La MSA n’a pas grand-chose à voir avec la DNC. Mais ils ne sont pas disponibles, pas compétents. Il faudrait qu’ils se posent la question de ce pour quoi ils travaillent ici. Aujourd’hui, si vous mangez c’est grâce à nous”.
Derrière, chacun y va de son cri : “Si nous on crève, vous, vous ne serez pas là”. La discussion s’arrête là-dessus. Parce que l’heure est désormais à peaufiner l’agenda.
Bloquer l’A20 : l’idée qui semble séduire le plus
“On va boire un coup et discuter de la suite des événements”, attaque Clément Desport. Dans les tuyaux de la suite de la mobilisation : le blocage de l’A20 ou plusieurs petits blocages, notamment autour de Figeac où les agriculteurs veulent prendre part à la mobilisation. “Soit on fait des petites actions à différents endroits, tous les deux jours. Soit on bloque l’A20”, propose Clément Desport. “C’est ça qu’il faut faire !”, scande la majorité des manifestants. Pour l’un d’entre eux, un problème doit être soulevé quant à Figeac : il n’y a pas d’instance devant laquelle se mobiliser.
Au fil des échanges, l’A20 semble le plus probable. Mais quand ? Personne ne le sait encore. Quoi qu’il en soit, tous s’accordent sur le fait qu’il leur faut plus de monde et surtout “être soudés”. Quant à ce soir, des doutes sont encore émis. Mais quoi qu’il en soit : “On ne lâchera pas”.