December 13, 2025

Dermatose nodulaire. "C’est la ruine assurée pour eux" : les 207 vaches du troupeau finalement euthanasiées

l’essentiel
Ce vendredi 12 décembre 2025, les services vétérinaires ont procédé à l’abattage total des 207 vaches du Gaec de Mouriscou aux Bordes-sur-Arize, en Ariège.

Ce vendredi 12 décembre 2025 au matin, la campagne porte encore les cicatrices de la nuit. En bordure de route, de la paille dégage encore quelques fumées blanches, mêlée à l’odeur des pneus calcinés. Plus loin, dans les champs détrempés par l’hiver, l’herbe est jonchée de débris des restes de grenades fumigènes tirées quelques heures plus tôt. À quelques mètres seulement, un troupeau de moutons broute paisiblement, indifférent au chaos récent, sous le regard de buses qui planent au-dessus des bâtiments agricoles.

La quiétude contraste violemment avec les événements de la veille. Dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs face-à-face tendus ont opposé agriculteurs et forces de l’ordre. Barricades en flammes, jets de projectiles… La colère n’a pourtant pas suffi à bloquer l’accès à la ferme. Les services de l’État ont fini par pénétrer sur le site, malgré la mobilisation de plus de 600 agriculteurs venus des quatre coins du pays. En quelques jours, Les Bordes-sur-Arize sont devenus l’épicentre d’une contestation agricole d’ampleur nationale.

En quelques jours, Les Bordes-sur-Arize sont devenus l’épicentre d’une contestation agricole d’ampleur nationale.
En quelques jours, Les Bordes-sur-Arize sont devenus l’épicentre d’une contestation agricole d’ampleur nationale.
DDM F.A

“Des agriculteurs qui voulaient défendre leur outil de travail”

Tout a basculé le mardi 9 décembre 2025. Après la découverte d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les autorités sanitaires ont ordonné l’abattage total du cheptel du Gaec de Mouriscou : 208 vaches blondes d’Aquitaine promises à l’euthanasie. Une décision vécue comme un choc brutal par les éleveurs et leurs soutiens.

En bordure de route, des tas de fumier dégagent encore une chaleur âcre.
En bordure de route, des tas de fumier dégagent encore une chaleur âcre.
DDM F.A

“Hier, ils ont dit qu’il y avait des black blocs ici… Non, c’était juste des agriculteurs qui voulaient défendre leur outil de travail et créer de la richesse pour nourrir le pays”, s’insurge Rémy Baysset, président de la Coordination rurale de l’Aude.

Si le calme est revenu ce vendredi 12 décembre 2025 matin, la tension reste palpable. Les gendarmes verrouillent toujours l’ensemble des accès à l’exploitation. À l’intérieur, les services vétérinaires poursuivent leur mission. Les bêtes sont euthanasiées, puis chargées une à une dans des camions dans un ballet silencieux et lourd…

Quatre nouveaux cas

En fin de matinée, une triste nouvelle tombe : quatre nouveaux cas de dermatose nodulaire ont été confirmés dans le cheptel. Un signal inquiétant, qui semble confirmer le début d’une propagation au sein du troupeau.

L’herbe est jonchée de débris, des restes de grenades.
L’herbe est jonchée de débris, des restes de grenades.
DDM F.A

Devant la ferme désormais sous contrôle, Rémy Baysset laisse éclater son amertume. “Nous avons eu un appel de la préfecture ce matin, nous annonçant que l’Aude est passé en zone contaminée, ce qui veut dire abattage total en cas de DNC. On ne va pas baisser les bras, aujourd’hui on a détruit plus de 20 ans de travail”, martèle-t-il. Avant de préciser les conditions dans lesquelles les éleveurs ont fini par céder : “S’ils ont accepté l’abattage, c’est parce qu’on les a menacés d’une amende de 5 000 euros par jour de refus d’abattage, d’une interdiction de la PAC à vie… C’est la ruine assurée pour eux”.

De leur côté, les services de l’État démentent toute pression. “Il n’existe pas d’interdiction de PAC à vie, c’est faux. Et aucune sanction pénale n’a jamais été appliquée en Occitanie dans le cas de la DNC”, tient à préciser la préfecture de l’Ariège.

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Face à ce qu’il considère comme une impasse, le responsable syndical appelle désormais à un changement de stratégie. “Le vaccin, c’est le progrès, c’est ce qu’on veut pour nos troupeaux”, clame-t-il, plaidant pour une vaccination totale afin d’éviter, demain, de nouveaux drames dans les campagnes françaises.

Aux Bordes-sur-Arize, alors que les derniers camions quittent la ferme, la colère paysanne, elle, est loin de s’éteindre.

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