Des secouristes et des habitants cherchent des survivants, après l’effondrement de deux immeubles mitoyens à Fès, au Maroc, le 9 décembre 2025. AHMED ALAOUI MRANI/AP/SIPA
Le pire accident de ce type de ces dernières années. Dans la nuit du mardi 9 décembre au mercredi 10 décembre, 22 personnes ont été tuées dans l’effondrement de deux immeubles mitoyens à Fès, grande ville du nord du Maroc.
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Pendant des heures, les secours ont retourné les décombres pour venir en aide aux survivants. Les blessés ont été transportés vers le Centre hospitalier universitaire de Fès et la recherche de victimes ou de blessés s’est clôturée mercredi après-midi.
Ce drame n’est pas le premier au Maroc et interroge sur la « construction anarchique » de ces immeubles. Voici ce que l’on sait.
• Que s’est-il passé ?
Mardi 9 décembre, peu après 23h00 heures locales selon le Parquet, deux immeubles mitoyens se sont effondrés, tuant 22 personnes, dont des femmes et des enfants. Seize personnes ont été blessées, toujours d’après le Parquet.
« Le premier immeuble était vide, le second accueillait une fête d’“aqiqa” », une tradition qui célèbre l’arrivée d’un enfant dans la famille, a-t-il précisé dans un communiqué.
« J’ai entendu un bruit fort vers minuit, puis des cris. C’était choquant. Tout le monde est sorti et j’ai vu comme un nuage de poussière, et c’est là que j’ai réalisé que les deux bâtiments s’étaient effondrés », a raconté à l’AFP sur place Bilal El Bachir, 17 ans, un habitant du quartier. D’après les premières images, une foule de civils s’était rassemblée sur place dans la nuit, tandis que les secouristes transportaient le corps d’une victime, enveloppé dans un sac gris.
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Les blessés ont été évacués vers le Centre hospitalier universitaire de Fès, a indiqué l’agence de presse officielle MAP. Le commandant régional de la Protection civil, Abdelaziz Makhmakh, a affirmé à l’AFP que la recherche de survivants ou de victimes s’est terminée en milieu d’après-midi.
· Une « construction anarchique »
Pour l’heure, aucune explication officielle n’a été avancée, et le Parquet de Fès a annoncé l’ouverture d’une enquête. Mais des riverains ont pointé « la construction anarchique » de quatrièmes ou de cinquièmes étages dans un quartier où il n’est permis de construire que des bâtiments à deux étages.
« Je ne sais pas pourquoi c’est arrivé […]. Mais je suis sûr que les étages supérieurs étaient illégaux. Et ce ne sont les seuls bâtiments ici qui comptent des étages construits illégalement. Je crains que ce genre d’incidents ne se reproduise », appréhende Bilal El Bachir.
« Il y a des constructions presque anarchiques dans cette zone, qui échappent à tout contrôle, alors que c’est un quartier censé être moderne où on a offert des lots de terrains pour reloger des familles qui vivaient dans des bidonvilles ! », s’exclame Bilal Ben Daoued, 20 ans. Avant d’ajouter : « On voit très bien que les conditions de sécurité ne sont pas respectées. Il faut que l’enquête nous explique cela, que les autorités assument leurs responsabilités. »
Une source des autorités locales a affirmé à l’AFP que la construction « figurait sur la liste des bâtiments menaçant de s’effondrer et avait fait l’objet d’un ordre d’évacuation adressé à ses occupants ». Les autorités locales ont indiqué que selon les indications préliminaires, les deux immeubles avaient été construits en 2006.
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· Un drame qui n’est pas isolé
Cet accident, qui est le pire de ces dernières années, n’est pas le premier de la sorte. En 2014, 23 personnes avaient trouvé la mort dans l’écroulement de trois immeubles à Casablanca, grande ville de l’Ouest.
Deux années plus tard, deux enfants avaient péri dans l’effondrement d’une maison à Marrakech (ouest) tandis qu’à Casablanca, l’effondrement d’un immeuble de quatre étages avait fait quatre morts et 24 blessés en l’espace d’une semaine.
Plus récemment, à Fès déjà, neuf personnes avaient été tuées en mai dernier dans l’effondrement d’un immeuble d’habitation. Une enquête avait été ouverte.

