December 11, 2025

Le pont du village est fermé depuis plusieurs semaines, cet agriculteur a fait "plus de 1 000 kilomètres pour contourner"

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Fermé en urgence après la découverte d’un grave affouillement, le pont d’Iguerande a laissé tout un village coupé en deux. Agriculteurs, commerçants et habitants tentent depuis de s’adapter.

À Iguerande, la Loire n’a jamais paru aussi infranchissable. Depuis le 26 septembre, le pont qui relie les deux rives de ce village de Saône-et-Loire est barré, condamné du jour au lendemain après une inspection révélant l’affouillement d’une pile et la mise à nu d’anciennes fondations. L’érosion a creusé des cavités sous l’ouvrage, assez importantes pour inquiéter les ingénieurs du Département de Saône-et-Loire, qui ont immédiatement ordonné la fermeture.

Des détours

Depuis, c’est tout un territoire qui vit au ralenti. Et, parfois, littéralement coupé en deux. Louis Bordaten fait quotidiennement l’amère expérience. Ses vaches ne sont qu’à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, mais pour les rejoindre il doit contourner la Loire par plusieurs villages. Deux détours qui transforment un trajet de quelques minutes en boucles quotidiennes d’une trentaine de kilomètres.

“En tout, j’ai fait plus de 1 000 kilomètres pour contourner depuis le début des travaux. Cela fait un paquet de gasoil et de temps gaspillé”, soupire l’éleveur auprès de France 3 Franche Comté. Un casse-tête qu’il partage avec trois ou quatre collègues. Et les agriculteurs ne sont pas seuls. “Si on compte tous les commerçants et les gens qui travaillent, on se retrouve avec des petites routes très fréquentées”, ajoute-t-il.

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Des réparations complexes et rares

Face au désarroi local, le Département tente d’avancer. Fin octobre, des plongeurs spécialisés ont inspecté les piles du pont. Ils ont découpé des palplanches endommagées et réalisé un scan 3D, révélant une cavité importante à combler.

Problème, les entreprises capables d’intervenir en urgence sur ce type d’ouvrage fluvial se comptent sur les doigts d’une main. Et la nature même des dégâts rend les travaux encore plus délicats.
“La solution n’est pas encore établie car ce type de désordre reste peu courant en France, et les réparations dépendent du type d’ouvrage”, précise le Département. Lles prévisions ne sont pas optimistes et le pont ne devrait pas rouvrir avant fin 2026.

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63 000 ponts à surveiller

Si les grands ponts nationaux ou autoroutiers sont bien surveillés, la véritable course contre la montre se joue au niveau local. En effet, la majorité des 700 000 kilomètres de routes communales repose sur des milliers d’ouvrages d’art dont l’état était longtemps méconnu, jusqu’à ce que la catastrophe de Gênes pousse à l’action.

Face à ce patrimoine vieillissant, l’État a confié au Cerema un programme d’inventaire qui a permis d’évaluer plus de 63 000 ponts dans près de 15 000 communes depuis 2021. Les résultats confirment l’ampleur du défi, beaucoup d’ouvrages sont dégradés et manquent de suivi régulier. Désormais, des fonds spécifiques de 55 millions d’euros sont dédiés aux travaux sur les structures les plus fragiles, preuve que la sécurité du réseau de proximité est devenue une priorité absolue pour éviter de futurs drames.

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