Alors que la dermatose nodulaire gagne du terrain en France, le gouvernement pourrait décider d’étendre la vaccination à l’ensemble du cheptel. Une option qui soulève de fortes inquiétudes économiques et logistiques au sein de la filière bovine.
La filière bovine retient son souffle. Alors que la dermatose nodulaire bovine poursuit sa progression dans les campagnes françaises, le gouvernement va-t-il généraliser la vaccination à l’ensemble du cheptel français ? Jusqu’à présent, la réglementation imposait l’abattage total du troupeau dès qu’un cas de dermatose nodulaire bovine était confirmé. Mais ce mardi 9 décembre, face au “Parlement de l’élevage”, Annie Genevard pourrait trancher en faveur d’une généralisation de la vaccination à l’ensemble des 16 millions de bovins français.
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Cette option, la ministre de l’Agriculture l’avait mise sur la table ce samedi 6 décembre dernier, alors qu’elle était en déplacement dans une exploitation du Doubs. “La question d’une vaccination totale du cheptel français se pose. Elle est légitime”, avait souligné l’intéressée auprès de nos confrères d’Ici Besançon… avant de préciser son propos ce dimanche, devant les caméras de TF1 : “Si on adopte la vaccination totale, la France n’est plus considérée comme un pays indemne”, avait commenté la ministre, soulignant qu’en France, “quasiment tous les éleveurs exportent”.
Un impact économique
Immanquablement, la généralisation de la vaccination contre la dermatose nodulaire aurait un impact économique non négligeable pour la filière, notamment en ce qui concerne les exportations. Pour l’heure, l’Italie est le seul pays à avoir officiellement accepté le principe d’importer des bovins français vaccinés contre la dermatose nodulaire, en imposant par ailleurs des règles très strictes pour les départements français les plus impactés. “Si l’on décide de généraliser la vaccination, nous allons devoir signer des accords bilatéraux avec tout le monde, déplore pour sa part Cédric Maudin, secrétaire général de la Fédération Nationale Bovine (FNB). Pour l’heure, les exportations se poursuivent vers la Belgique et vers les pays du nord de l’Europe : “Mais si on vaccine, je ne suis pas sûr que ces pays-là acceptent toujours de prendre des animaux de chez nous”, reprend Cédric Maudin.
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En parallèle, sur le plan logistique, la mise en place d’une campagne nationale de vaccination serait un défi à l’échelle nationale : “Ça va prendre du temps, parce qu’il va falloir concevoir les vaccins, souligne Matthieu Mourou, conseiller national au sein de l’Ordre des Vétérinaires. Aujourd’hui, nous n’avons pas les doses en stock pour vacciner l’ensemble des troupeaux français”. Le professionnel de santé craint surtout les réticences de certains éleveurs français face à la vaccination : “Aujourd’hui, il y a de véritables difficultés à faire adhérer tout le monde”, conclut le vétérinaire.

