Le milliardaire Elon Musk, à Washington, aux Etats-Unis, le 19 novembre 2025. EVAN VUCCI/AP/SIPA
Elon Musk n’aime pas l’Union européenne. Le milliardaire l’a fait savoir haut et fort après qu’elle a osé infliger, le 5 décembre, une amende de 120 millions à son réseau social X. Egal à ses excès habituels, il a ni plus ni moins estimé en conséquence que « l’UE devrait être abolie ».
Une énième attaque venue des Etats-Unis, où le président Donald Trump a de son côté dénoncé une « censure ». Cette décision est « une attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers », a aussi fustigé le chef de la diplomatie Marco Rubio. Une déclaration publiée sur X. Evidemment. Mais pourquoi une telle colère ?
•L’UE inflige une amende salée à X
Vendredi 5 décembre, l’UE inflige une amende de 120 millions d’euros à X, le réseau social d’Elon Musk. C’est la première imposée à une plateforme dans le cadre du règlement sur les services numériques, ou DSA : cette loi phare est entrée en vigueur il y a deux ans pour lutter contre les contenus illégaux et dangereux en ligne, et impose des obligations renforcées aux plus grandes plateformes actives dans l’UE.
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Cette sanction ne porte que sur les seules infractions notifiées en juillet 2024 à X, lorsque l’UE avait accusé simultanément la plateforme de tromperie des utilisateurs avec les coches bleues censées certifier les sources d’information, de transparence insuffisante autour des publicités, et de non-respect de l’obligation d’accès aux données internes par des chercheurs agréés.
Les coches bleues étaient à l’origine attribuées par l’ex-Twitter à des utilisateurs au terme d’un processus de vérification de leur identité, afin d’aider à déjouer les impostures. Mais après avoir racheté le réseau social en 2022 pour 44 milliards de dollars, et l’avoir rebaptisé X, Elon Musk a réservé ces badges aux abonnés payants, au risque selon Bruxelles d’induire en erreur les utilisateurs.
• Elon Musk pique une colère contre l’UE
Avant même l’officialisation de cette décision, Elon Musk s’agitait, remerciant notamment le vice-président américain J.D. Vance qui avait dénoncé la démarche européenne. Quand la sanction tombe, le milliardaire pique une colère, exprimée samedi sur X : « L’UE devrait être abolie et les Etats (membres) recouvrer leur souveraineté », écrit l’homme le plus riche du monde sur son réseau social, « ce qui permettrait aux gouvernements de mieux représenter leurs citoyens. »
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« L’Europe se laisse aller vers le néant », lance-t-il aussi, samedi toujours, sur sa plateforme, dénonçant, dans un entretien vidéo qu’il a publié sur son compte, « la surrégulation » de l’UE. Il multiplie ensuite les diatribes antieuropéennes jusqu’à ce lundi : « La Commission européenne a gaspillé d’innombrables secondes de vie avec son idiote fenêtre contextuelle “accepter les cookies” ! » ; « Dissolvons l’UE et rendons le pouvoir au peuple » ; « L’Union européenne n’est pas la DÉMOcratie – le pouvoir du peuple – mais plutôt la BUREAUcratie – le pouvoir du bureaucrate non élu ! »…
• La Commission européenne se moque de Musk
Face au grotesque des propos d’Elon Musk, la Commission européenne a dénoncé ce lundi des « déclarations complètement folles ». « Cela fait partie de la liberté d’expression que nous chérissons dans l’UE, et qui permet les déclarations les plus folles », a aussi déclaré à la presse la porte-parole de la Commission européenne, Paula Pinho. Difficile de ne pas voir un pied de nez aux critiques du milliardaire et des trumpistes contre une supposée disparition de la liberté d’expression sur le sol européen.
Vendredi, la Commission européenne avait déjà répondu plus spécifiquement à Donald Trump qui dénonçait une « censure ». L’amende contre X « n’a rien à voir avec de la censure », avait répondu la vice-présidente chargée du numérique, Henna Virkkunen, interrogée par des journalistes. « Nous ne sommes pas là pour imposer les amendes les plus élevées, mais pour nous assurer que nos lois sur le numérique soient respectées ».

