Les préfets du Tarn et de la Haute-Garonne demandent des explications à Atosca après les accusations de dépassements d’emprises du chantier par les opposants. Le concessionnaire doit fournir un rapport détaillé d’ici le 8 décembre.
Les préfets du Tarn et de la Haute-Garonne montent au créneau. Après les accusations du collectif La Voie Est Libre (LVEL), qui dénonçait quarante-deux hectares d’emprises illégales sur le chantier de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, les services de l’État confirment avoir relevé des dépassements et exigent désormais des explications précises du concessionnaire Atosca. Dans un communiqué publié ce mardi, les préfectures indiquent que des ” dépassements de l’emprise du chantier telle que définie dans l’autorisation environnementale ont été relevés sur quelques zones”, sans pouvoir “à ce stade conclure sur leur étendue ni sur leurs impacts.”
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En fin de semaine dernière, le collectif LVEL accusait Atosca d’avoir artificialisé quarante-deux hectares supplémentaires, soit environ 10 % de plus que ce que prévoit la Déclaration d’utilité publique. Images satellites à l’appui, ils affirmaient avoir constaté la destruction de zones humides, de haies et d’arbres protégés sur dix-sept sites, de Castres à Saïx, en passant par Lacroisille. ” Des zones qui devaient être préservées ont été massacrées “, s’indignait alors Geoffrey Tarroux, membre du collectif, rappelant qu’” aucune autorisation environnementale ne permettait ces travaux “. Les opposants ont saisi l’État, demandé la suspension immédiate du chantier et annoncé un dépôt de plainte au pénal.
Atosca réfute toute irrégularité
En réponse, Atosca assurait agir ” dans le cadre de l’autorisation environnementale “, intégrant selon lui tous les impacts dans le dispositif ERC (Éviter – Réduire – Compenser). L’entreprise reconnaissait seulement ” des adaptations ponctuelles “, inhérentes selon elle au caractère linéaire du chantier, et promettait la remise en état systématique de toutes les zones concernées.
Face à ces versions contradictoires, les préfets ont demandé à Atosca de livrer une revue exhaustive du tracé d’ici le 8 décembre. Le concessionnaire devra ainsi fournir les surfaces exactes concernées par les dépassements observés, les motifs qui ont pu justifier ces implantations hors emprise, l’état environnemental initial et actuel des terrains touchés, ainsi que les actions réalisées ou envisagées pour leur remise en état ou leur compensation. Les services de l’État rappellent par ailleurs que si des ajustements temporaires sont possibles sur un chantier autoroutier, ils doivent impérativement être déclarés à l’administration afin de vérifier qu’ils ne modifient pas le projet ni ses impacts environnementaux.
Selon les conclusions du dossier transmis par Atosca, les préfets pourraient prescrire des mesures de compensation supplémentaires, voire imposer d’autres obligations réglementaires. Cette nouvelle étape intervient alors que le chantier de l’A69 s’approche d’une audience déterminante devant la justice administrative, attendue dans les prochaines semaines. Pour les opposants, cette confirmation d’un contrôle préfectoral renforcé valide leurs inquiétudes. Pour Atosca, il s’agit au contraire d’une procédure normale et encadrée. Réponse le 8 décembre.

