L’influenceuse trumpiste Candace Amber Owens Farmer, ici le 14 juin 2024 à Detroit, dans le Michigan. (Photo by JEFF KOWALSKY / AFP) JEFF KOWALSKY / AFP
« Il y a deux jours, j’ai été contactée par un haut fonctionnaire du gouvernement français. Après avoir vérifié sa position et sa proximité avec le couple français, j’ai jugé les informations qu’il m’a fournies assez crédibles pour les rendre publiques en cas d’incident. En résumé : cette personne affirme que les Macron ont commandité et financé mon assassinat. »
Le Nouvel Obs est en
accès libre aujourd’hui
Et si vous aimez, poursuivez l’aventure :
profitez de nos offres spéciales
S’abonner
C’est le message – aussi délirant que détonnant – qu’a posté Candace Owens il y a une semaine, le 22 novembre, sur le réseau social X. De quoi lancer un nouveau buzz pour cette influenceuse américaine trumpiste, attaquée en justice par le couple présidentiel français pour avoir relayé et développé – dans une série de vidéos virales intitulée « Becoming Brigitte » – la théorie diffamatoire selon laquelle que Brigitte Macron serait née homme, sous l’identité de son frère, Jean-Michel Trogneux.
Son message a cumulé plus de 40 millions de « vues » en quelques jours ; il a, logiquement, été largement relayé dans la sphère des Maga (« Make America Great Again »), mais aussi par Pavel Durov, le sulfureux créateur du réseau social Telegram.
Côté français, l’Elysée n’a pas réagi officiellement, le cabinet de Brigitte Macron non plus. « Vous imaginez s’ils devaient réagir à chaque nouvelle énormité ! », souffle-t-on dans l’entourage de l’épouse du chef de l’Etat. Le GIGN, pointé par Candace Owens comme faisant partie du complot, a évidemment démenti auprès des médias.
A lire aussi
Enquête
Fake news : le combat des Macron face à « l’affaire Brigitte »
Xavier Poussard mal à l’aise
Quant à Xavier Poussard, auteur du best-seller « Becoming Brigitte », au cœur de la rumeur depuis 2021, cité par Candace Owens comme étant ciblé lui aussi par la tentative d’assassinat, il a republié le post de l’influenceuse sur X avec ce commentaire : « C’est extrêmement grave. » Mais il s’est montré peu à l’aise avec ce nouvel épisode, quand nous l’avons joint au téléphone. « Toutes les étapes précédentes – depuis la première mise en garde à vue de Natacha Rey en 2021 – paraissaient folles, et pourtant elles ont été validées… », a-t-il argumenté, sans vraiment se prononcer sur « celle-ci… ».
La sphère complotiste française n’a qu’en partie surfé sur cette vague sans doute un peu trop grosse. L’un de ses représentants, l’avocat Carlo Brusa, a clamé sur X « C’EST OFFICIEL : MACRON A MANDATÉ DES GENS POUR ÉLIMINER OWENS ET POUSSARD ». Mike Borowski, animateur de la chaîne GPTV (géopolitique profonde), a de son côté expliqué, face caméra, la mine grave : « Je pense sincèrement que Xavier Poussard et Candace Owens sont en danger. […] Quoi qu’il arrive parce qu’ils mettent le nez dans quelque chose de sale, ils ont une chance sur deux d’y passer. […] On dérange tellement ces gens qu’ils veulent notre peau à tous ! » Et François Danglehant, l’avocat de Natacha Rey – la première à avoir lancé la fake news selon laquelle Brigitte Macron serait un homme – en a profité pour faire revenir sa cliente dans le jeu : « Alerte : Natacha Rey risque d’être assassinée en raison des conclusions de son enquête… PARTAGEZ SANS MODÉRATION. »
Réactions plus nuancées chez certains complotistes
Mais d’autres visages du complotisme ont tout de même affiché quelques nuances. Et si Candace Owens avait été bernée ? C’est ce que se demande Alexandre Juving-Brunet, ancien gendarme qui fut, au temps du Covid-19, l’un des porte-étendards des antivax : « La série Candace Owens avait son intérêt, notamment dans l’agenda Trump pour fragiliser Macron », mais « tout ceci risque de finir en eau de boudin à la Zoé Sagan et nous aurons perdu », estime-t-il.
A lire aussi
Récit
Poursuivi par Brigitte Macron, « Zoé Sagan », ex-star des réseaux sociaux, en procès pour « cyberharcèlement »
Les jours suivant son message, Candace Owens a cependant continué à alimenter le sujet, aussi ahurissant soit-il, indiquant qu’elle avait envoyé ses « preuves » à la Maison-Blanche et précisant au passage le montant de la « commande » : « 1,5 million de dollars pour mon assassinat. »
Pendant ce temps, Emmanuel Macron était en déplacement ce vendredi 28 novembre dans les Vosges. Interpellé par une femme qui s’est dite harcelée sur les réseaux sociaux par un homme diffusant des images d’elle détournées, Emmanuel Macron a souligné qu’il avait lui-même été « personnellement confronté au même genre de choses », et son épouse Brigitte Macron « encore plus ». « On est totalement démuni. C’est-à-dire que ça prend un temps fou, ça continue, les gens le voient, il y a des fadas pour penser que c’est vrai. Et puis ça, ça vous mine », a dit le chef de l’Etat. A cette occasion, il a opportunément annoncé à la presse qu’il voulait accélérer l’inscription d’un nouveau dispositif judiciaire contre la désinformation sur les réseaux sociaux. De quoi tempérer les ardeurs d’une influenceuse comme Candace Owens ?
Le Nouvel Obs est en
accès libre aujourd’hui
Et si vous aimez, poursuivez l’aventure :
profitez de nos offres spéciales
S’abonner

