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Le Nouvel Obs avec AFP
Donald Trump à la Maison-Blanche, le 18 novembre 2025. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Un nouveau cap franchi par le président américain. Donald Trump a évoqué ce jeudi 20 novembre la peine de mort pour des élus démocrates ayant appelé les militaires et les agents du renseignement américains à désobéir aux « ordres illégaux » de son gouvernement.
« COMPORTEMENT SEDITIEUX, passible de la peine de MORT ! », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.
« Absolument infâme », a immédiatement réagi le Parti démocrate sur X. Les meneurs démocrates à la Chambre des représentants ont dénoncé la « rhétorique violente et déchaînée » du président américain, l’appelant à supprimer ses messages « avant que quelqu’un ne soit tué ».
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Le président a été accusé par l’opposition de recourir à l’armée sans fondement légal pour des opérations de maintien de l’ordre sur le sol américain et de lutte contre le narcotrafic à l’étranger. Dans un message publié peu auparavant sur la même plateforme, Donald Trump avait qualifié ces opposants de « traîtres » ayant un « comportement séditieux ».
Six élus démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, ayant eux-mêmes servi dans l’armée ou les services secrets, ont publié mardi sur X une vidéo dans laquelle ils lancent à l’intention des militaires et des agents du renseignement : « Vous pouvez refuser les ordres illégaux. » Ils estiment que « cette administration oppose nos militaires en uniforme et nos professionnels du renseignement aux citoyens américains ».
« Pendez-les »
« Tous les ordres donnés par ce commandant en chef [ndlr : un titre du président américain] à travers la chaîne de commandement, à travers le ministère de la Guerre, sont légaux », a assuré jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. « Non », a-t-elle répondu à une journaliste qui lui demandait si le président voulait exécuter les élus démocrates.
Dans un communiqué publié jeudi après le message de Donald Trump, les six démocrates, dont le sénateur Mark Kelly, un ancien de la Marine et astronaute de la Nasa, et la sénatrice Elissa Slotkin, qui a travaillé pour la CIA en Irak, ont appelé à « s’unir et condamner les appels du président à notre assassinat et à la violence politique. C’est l’heure de l’intégrité morale. »
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Dans la nuit de mercredi à jeudi, Donald Trump a partagé une publication d’un autre utilisateur sur Truth Social, où il est écrit : « Pendez-les ».
« Il craque une allumette dans un pays déjà imbibé de combustible politique », s’est indigné le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer.
Les élus de l’opposition ont reçu jeudi le soutien d’un groupe disant représenter « plus de 360 » anciens responsables militaires et diplomatiques, pour lesquels la désobéissance à des ordres illégaux « est le fondement même du contrôle exercé par les civils sur l’armée ».
Des opérations controversées sur le sol américain et ailleurs
Les élus démocrates ne précisent pas dans leur vidéo à quels ordres ils font référence, mais Donald Trump et son fidèle allié au Pentagone, le ministre Pete Hegseth, sont critiqués pour leur utilisation des forces armées. Le président a ordonné le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes démocrates, dont Los Angeles et Washington, contre l’avis des autorités locales. Il a justifié le déploiement de ce corps de réserve de l’armée par ce qu’il présente comme une montée de la criminalité.
Les Etats-Unis ont également mené ces dernières semaines une vingtaine de frappes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations qu’ils accusent – sans présenter de preuves – de transporter de la drogue, faisant au moins 83 victimes. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme Volker Türk a jugé, à propos de ces opérations, qu’il existait de « solides indices » de « violations du droit international » humanitaire et « d’exécutions extrajudiciaires ».
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Avant Donald Trump, d’autres hauts responsables de la Maison-Blanche avaient attaqué l’appel des six élus de l’opposition. « Des responsables démocrates appellent ouvertement la CIA et les dirigeants de l’armée à se rebeller contre leur Commandant en chef. Ne sous-estimez pas à quel point le Parti démocrate est devenu dangereusement radicalisé », avait réagi mercredi sur X le directeur de cabinet adjoint de la Maison Blanche Stephen Miller.

