Une patrouille de police danoise après l’incursion de plusieurs drones à l’aéroport de Copenhague, au Danemark, le 22 septembre 2025. STEVEN KNAP/AP/SIPA
Une nouvelle provocation russe sur un pays membre de l’Otan ? Les autorités danoises ont dénoncé ce mardi 23 septembre une « grave attaque » contre les infrastructures du pays après le survol de l’aéroport de Copenhague par des drones d’origine inconnue qui ont bloqué le trafic aérien pendant quatre heures lundi.
L’incident a entraîné des perturbations pour quelque 20 000 passagers d’après la direction de l’aéroport : 31 vols ont été détournés et 100 annulés. Les aéroports de Copenhague et Oslo ont rouvert tôt ce mardi matin. « Le Nouvel Obs » fait le point sur la situation.
• Trois ou quatre « grands » drones non abattus
C’est l’aéroport qui a repéré lundi soir trois ou quatre « grands » drones, dont la police n’a pas encore déterminé le modèle. Elle a choisi de ne pas les abattre. « Il faut réfléchir très soigneusement avant de tenter de neutraliser de si grands drones », a expliqué Jens Jespersen, un responsable de la police danoise. S’ils devaient tomber au sol, « il y a des avions avec des gens, du carburant, et également des habitations de plusieurs côtés de l’aéroport », a-t-il souligné.
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Selon lui, cette démonstration pourrait être un entraînement pour les opérateurs de drone. En outre, ces drones provenaient de directions différentes, a ajouté Jens Jespersen, précisant qu’ils pouvaient avoir décollé d’un bateau. L’aéroport de Copenhague est situé sur la côte du détroit de l’Oresund, entre la Suède et le Danemark. Il a fermé lundi soir à 20h30 et rouvert peu après minuit.
Plus tôt, la police de Copenhague avait déclaré collaborer avec ses homologues à Oslo après que des observations de drones dans la capitale norvégienne ont également entraîné la fermeture de l’aéroport pendant plusieurs heures. Les services de renseignement norvégiens ont confirmé leur implication dans l’enquête. « PST est, comme c’est l’usage, en contact avec les acteurs concernés, tant au niveau national qu’international », a dit à l’AFP un de leurs responsables, Eirik Veum.
• « L’attaque la plus grave contre une infrastructure critique »
Il s’agit de « l’attaque la plus grave contre une infrastructure critique » au Danemark, a réagi la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, dans un communiqué transmis à l’AFP. « Cela s’inscrit dans l’évolution que nous avons pu observer dernièrement avec d’autres attaques de drones, des violations de l’espace aérien et des cyberattaques contre des aéroports européens », a-t-elle affirmé.
La cheffe du gouvernement fait référence à des intrusions de drones en Pologne et en Roumanie, ainsi que l’incursion d’avions de chasse russes dans l’espace aérien estonien. Les trois gouvernements avaient mis en cause la Russie, qui a nié toute responsabilité. Le gouvernement norvégien a, lui, affirmé ce mardi que des appareils russes avaient violé l’espace aérien du pays scandinave à trois reprises cette année, des incidents qu’Oslo a qualifiés d’« inacceptables ».
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Le week-end dernier, le trafic aérien avait aussi été perturbé dans plusieurs aéroports européens, dont ceux de Londres, Berlin, Bruxelles et Dublin, après une cyberattaque sur un logiciel fourni par une entreprise pour l’enregistrement des passagers.
• La Russie évoque des « accusations sans fondement »
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que la Russie n’était pas impliquée dans ce survol de drones, évoquant des « accusations sans fondement ». Un peu plus tôt, la Première ministre danoise avait dit à la chaîne danoise DR « ne pouvoir exclure que ce soit la Russie ». Sur X, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui dénoncé une violation de l’espace aérien danois par la Russie.
La police danoise s’est montrée plus prudente, sans rien exclure. Il s’agit d’un « acteur qui possède les outils pour se faire remarquer », a dit l’un de ses responsables Jens Jespersen lors d’une conférence de presse. « C’est un acteur qui possède des capacités, une volonté et les outils pour se montrer », a-t-il déclaré. « Le nombre, la taille, les trajectoires de vol, le temps passé au-dessus de l’aéroport. Tout cela ensemble semble (…) indiquer qu’il s’agit d’un acteur compétent. Lequel ? Je ne sais pas », a-t-il ajouté.
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« Nous faisons face au Danemark à une menace de sabotage importante, a souligné le directeur des opérations des services de renseignement (PET) Flemming Drejer lors d’une conférence de presse. On ne vient peut-être pas nous attaquer, mais nous stresser et voir comment nous réagissons. »
• L’Otan temporise, mais appelle la Russie à cesser l’« escalade »
Il est « trop tôt » pour savoir si la Russie est impliquée dans le survol de drones à Copenhague, a affirmé le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. « Les Danois sont en train d’évaluer exactement ce qui s’est passé (…) Il est trop tôt pour se prononcer », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse, précisant qu’il avait échangé avec la Première ministre danoise.
Dans un communiqué, l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord a intimé à la Russie de cesser l’« escalade » après plusieurs violations de l’espace aérien de ses pays membres. « La Russie porte l’entière responsabilité de ces agissements, qui sont de nature à conduire à une escalade, risquent de donner lieu à une erreur d’appréciation et mettent des vies en danger. Tout cela doit cesser », a-t-elle mis en garde.
Les 32 pays alliés de l’Otan « emploieront, dans le respect du droit international, tous les outils militaires et non militaires qu’ils jugeront nécessaires pour se défendre et pour écarter toutes les menaces, d’où qu’elles viennent », a encore indiqué ce communiqué publié après une réunion, au niveau des ambassadeurs, du Conseil de l’Atlantique nord (Nac), plus haute instance politique de l’Alliance.