La Coordination Rurale du Lot-et-Garonne prend un tournant décisif. José Pérez, figure des Bonnets jaunes, rejoint le comité directeur national. Avec un passé militant marqué, il promet de secouer le système agricole actuel.
“J’ai été biberonné à la CR”, confie José Pérez. “À 15 ans, j’ai vidé des camions entiers de fraises. J’en ai 45, ça fait donc 30 ans que je suis investi dans ce syndicat”. Figure emblématique des bonnets jaunes du Sud-Ouest et responsable de la Coordination Rurale de Lot-et-Garonne (CR 47), il a été élu, mercredi, dans l’équipe de Bertrand Venteau, le tout nouveau président de la Coordination Rurale Union Nationale (CRUN).

Lors de ce 32e congrès national qui s’est tenu à Auch, les 18 et 19 novembre, Bertrand Venteau, président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, a pris le pouvoir en ne battant la sortante Véronique Le Floc’h que de six voix. Avec l’éleveur Bertrand Venteau à sa tête, la CR ne peut que muscler son discours et radicaliser ses méthodes. Un mode de fonctionnement offensif – on agit et on discute après – qui est la marque de fabrique de la section lot-et-garonnaise dont José Pérez est aujourd’hui le dépositaire. Sa présence sur la liste de Venteau est un symbole à plus d’un titre.
Un meneur d’hommes
L’arboriculteur du Temple-sur-Lot n’est pas le premier bonnet jaune du Lot-et-Garonne à intégrer le comité directeur de la CRUN, mais son arrivée ne passe pas inaperçue. À Auch, fidèle à lui-même, il n’a pas caché qui il était lors d’un discours décomplexé. “J’ai pris 6 mois de prison avec sursis pour intimidation”, a-t-il annoncé, évoquant, sans la citer, l’affaire du déversement de lisier sur le bâtiment de l’Office français de la biodiversité (OFB), accompagné de menaces envers ses agents, survenue à Clairac en avril 2024.
Il a également rappelé avoir été condamné à 9 mois de prison avec sursis “pour avoir fait tomber des Zoulous perchés en haut d’un arbre”. Il s’engage corps et âme dans tous les combats du syndicat. Avec une voix qui porte et un goût pour l’action, ce meneur d’hommes peut passer en force si la situation l’exige.
Alors que Karine Duc n’était pas encore aux manettes de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, mais coprésidente de la CR 47, José Pérez a ainsi, en janvier 2024, été le fer de lance de la montée à Paris d’un cortège de tracteurs. Partis du marché aux bestiaux d’Agen, le convoi du 47 a rejoint Rungis après une épopée médiatisée, permettant au 47 d’acquérir une aura nationale. “José est entièrement dévoué aux agriculteurs et attaché à défendre son territoire”, décrit Karine Duc. “Il ne lâche jamais rien”.
“Je suis fier de lui”
“Je suis fier de lui”, dit Serge Bousquet-Cassagne. “Je l’ai vu grandir”. L’ancien président de la chambre d’agriculture voit dans sa présence au comité directeur de la CRUN “une deuxième montée à Paris après le convoi du courage et de l’honneur”. Et d’ajouter : “C’est une suite logique de la victoire du Sud-Ouest aux élections des chambres”. “Avec lui”, se réjouit Karine Duc, “nous allons pouvoir transmettre directement des informations en haut, à des gens déconnectés du terrain”.
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José Pérez compte bien que la CR “explose de partout” pour faire “changer le système” (chapeauté par la FDSEA), prendre les rênes dans toutes les MSA et secouer un gouvernement qui, estime-t-il, “ne fait rien pour les agriculteurs”.
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Né en Espagne, arrivé en France en 1981 à l’âge d’un mois, avec ses parents qui ont acheté 5 ha au Temple-sur-Lot et ont augmenté petit à petit leur surface, il a suivi le cursus agricole jusqu’au BTS ACSE. Il s’est installé en 2005 sur une exploitation de 4,5 ha qu’un voisin lui avait toujours promis. Il possède aujourd’hui 100 ha (pruniers, pommes, prunes de table, kiwis, etc.).

