November 15, 2025

REPORTAGE. "C’est pas de la grande qualité, mais je reviens quand même…" Dans les rayons d'Action et Primark, la quête de la bonne affaire

l’essentiel
Les enseignes de discount comme Action et Primark attirent de nombreux clients à Toulouse. Ils y recherchent des prix attractifs, malgré une qualité parfois discutable, entre satisfaction de consommer malin… et de se faire plaisir.

“Allez faire un tour dans les autres magasins de la galerie, il n’y a personne, alors qu’ici, il y a déjà du monde !” Il est un peu plus de 9 heures, ce vendredi matin au centre commercial toulousain de Compans-Caffarelli. Observateur, Lionel, agent immobilier dans la cinquantaine, arpente les rayons d’Action, à la recherche de produits ménagers. Bouteille de détergent à la main, il assure avoir vu la même chez Casino, pour un euro plus cher. “Ici, on cherche les bons prix, il n’y a pas de secret”, explique celui qui assume de “faire comme tout le monde”, dans un contexte économique “compliqué”.

Charlotte, mère de famille avec une poussette, abonde, alors qu’elle fouille dans une pile de chaussons pour enfants. “C’est pas mal ça, mais je n’arrive pas à trouver le prix”, montre-t-elle à propos d’une paire estampillée d’un logo de la NASA. “En général, je suis ici pour un truc bien précis et après j’erre un peu (sourire), mais je n’ai pas l’impression de me faire avoir. Il n’y a pas que des bons produits en vente, mais le rapport qualité-prix est vraiment intéressant.”

“Ce n’est pas de la grande qualité, mais ça n’empêche de revenir”

Chez le discounter néerlandais, le mot bazar prend tout son sens. Un calendrier de l’avent cohabite avec du gel douche en gondole : pas de quoi déboussoler les adeptes de la marque. “Quand je viens, c’est pour acheter des petites conneries comme des boucles d’oreilles, lance Océane, la vingtaine, en train de choisir une prise de chargeur téléphone. Ce n’est pas de la grande qualité, mais ça ne m’empêche pas de revenir.”

De son côté, Sylvie assure mettre les pieds chez Action pour la première fois, elle qui est plutôt habituée aux boutiques de l’hyper-centre de la Ville Rose. “Je suis agréablement surprise, confesse cette infirmière à la retraite. Les allées sont propres, c’est très lumineux, et il n’y a pas de musique, c’est agréable.” Un plaisir renforcé par la satisfaction d’avoir déniché, enfin, ce qu’elle a cherché dans d’autres boutiques pendant une semaine : un gros cahier noir avec pages blanches facilement détachables. “Je ne pensais vraiment pas le trouver chez Action”, conclut-elle, assurant que cette première expérience positive en appellera d’autres.

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Les clients à la recherche de bonnes affaires, on les retrouve également chez Primark, contraction de “price” et “mark”. En centre-ville de Toulouse, l’enseigne de vêtements irlandaise se déploie sur quatre étages. Un vrai temple de la fast fashion, “où il y a du choix”, indique Lionel. Père de famille de 39 ans, le comptable est en quête de pulls pour son quotidien au bureau.

“Neuf euros, ça va, je peux en prendre plusieurs, indique-t-il en montrant l’étiquette. À ce prix, je sais ce que j’achète : ça va me faire la saison et il faudra renouveler l’an prochain. Mais mettre plus de 40 euros dans un article ici, ça n’a pas trop de sens selon moi. Quand il faut s’habiller pour sortir en soirée ou autres, je vais dans d’autres enseignes plus qualitatives comme Uniqlo.”

“C’est sûr qu’on n’est pas sur du made in France”

Un étage plus bas, Zineb et sa copine sont à la recherche de basiques : débardeurs, tenues de sport, chaussettes. Et le duo d’affirmer qu’il est difficile de résister à la profusion d’articles proposés. “Les prix sont corrects mais au final, quand tu prends plein de petits trucs à droite à gauche – un porte-clés, un portefeuille – ça chiffre un peu mais ça reste vraiment raisonnable”, explique la jeune femme. Sa copine note néanmoins que les prix ont augmenté, indiquant avoir vu un pyjama à 17 euros, alors qu’il y a trois-quatre ans, ils étaient entre 7 et 9 euros, assure-t-elle. Un constat général partagé par plusieurs clients interrogés.

“Quand on a des petits-enfants, qui grandissent et qui ne gardent pas les choses très longtemps, c’est quand même plus sympa de pouvoir leur offrir plus de cadeaux”, glisse entre deux rayons Dominique, retraité. “Puis soyons honnêtes, ce qu’ils font c’est plutôt joli”, poursuit-il, en affirmant n’avoir aucune réticence ou gêne à consommer de la fast fashion et des produits qui viennent du bout du monde. “C’est sûr qu’on n’est pas sur du made in France, affirme le grand-père. Mais même les marques françaises, ce n’est pas non plus du made in France, la production est ailleurs.”

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“Primark, ce n’est pas Shein non plus”, estime Lionel, qui se dit néanmoins prêt à changer d’avis si l’enseigne irlandaise devait un jour être éclaboussée par des scandales comparables à ceux dans lesquels est empêtré le géant chinois de l’e-commerce.

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