Quelques heures après avoir été libéré par l’Algérie, l’écrivain franco-algérien s’est confié au “Point” sur son année de détention. Grâce à une intervention allemande, il a retrouvé la liberté. Son retour en France est imminent.
Sa première prise de parole était très attendue, presque un an jour pour jour après avoir été arrêté à l’aéroport d’Alger, le 16 novembre 2024. Mercredi 12 novembre, l’Algérie a annoncé avoir “accepté” de gracier Boualem Sansal alors que celui-ci devait y purger une peine de cinq ans de prison. En France, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer cet emprisonnement et les tensions entre les deux pays étaient remontées d’un cran.
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L’Allemagne, où l’écrivain franco-algérien a atterri jeudi, a également joué un rôle prépondérant dans cette libération. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a, en effet, “répondu favorablement” à une demande du chancelier allemand “concernant l’octroi d’une grâce en faveur de Boualem Sansal”, a indiqué le communiqué officiel de la présidence algérienne. Depuis Berlin, l’homme de 76 ans a accepté de livrer ses premières impressions.
“C’est interdit de lire”
Son premier message ? “Bonjour la France, Boualem revient. On va gagner !”, a-t-il confié à l’écrivain Kamel Daoud dans les colonnes du Point. Un entretien téléphonique, retranscrit tel quel par nos confrères, durant lequel Boualem Sansal raconte – en partie – son année passée dans les geôles algériennes. Entre isolement, privation et visite de sa femme. “Je suis costaud, je ne vais pas être détruit par une petite année de prison”, avance-t-il dans un premier temps.
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Quels étaient ses moyens de communication ? Aucun. “Quand tu es là-bas (en Algérie), on te prend ta carte, tes papiers, ton téléphone […] J’étais à l’isolement dans un endroit particulier, comme coupé du monde, hormis les visites de Naziha (sa femme, NDLR).” A-t-il pu lire durant cette année ? Une question qui a fait rire l’auteur du “Serment des barbares” (Gallimard, 1999) et de “2084 : la fin du monde” (Gallimard, 2015). “C’est interdit. Des livres de religion ou en arabe. C’est tout ce qu’il y a là-bas [en prison, NDLR]”.
Retour en France
Boualem Sansal a néanmoins été mis au courant qu’une forte mobilisation citoyenne, et politique, avait été mise en place pour le libérer. “J’avais quelques vagues rumeurs, a-t-il concédé à son ami. J’ai quand même compris que ça bougeait partout. Je l’ai senti à un moment donné quand le régime carcéral a changé”. En France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a fait part devant les députés du “soulagement” du gouvernement. Il a aussi “remercié du fond du cœur celles et ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d’une méthode faite de respect et de calme”.
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Sur ces derniers jours de détention, l’écrivain de 76 ans, et alors qu’il était malade puisqu’il souffre d’un cancer de la prostate, le franco-algérien partage une certaine incompréhension : “Il y avait quelque chose, une hésitation. On va le libérer, on ne va pas le libérer, c’était très mystérieux. J’étais ensuite à Maison Carrée [prison dans le quartier d’El Harrach à Alger, NDLR], une prison du Moyen Âge. Dans la même journée, on m’a déplacé à l’hôpital Mustapha [à Alger, NDLR], je n’étais plus un prisonnier mais un malade gardé.” Boualem Sansal devrait être de retour à Paris dès ce vendredi ou dans la journée de samedi.

