November 9, 2025

"Les humanités, au pluriel" : les Rencontres Michel-Serres s’ouvrent et questionnent notre avenir commun

l’essentiel
Giuliano da Empoli et Claire Marin, co-présidents de la 5e édition des Rencontres Michel-Serres, ont ouvert le festival ce 8 novembre au théâtre Ducourneau. Les échanges promettent d’être aussi passionnants que vertigineux.

Les Rencontres Michel-Serres sont officiellement lancées, promettant d’aborder des sujets aussi passionnants que vertigineux. La conférence d’ouverture, qui s’est tenue ce samedi à 13 h 30 au théâtre Ducourneau d’Agen, en a donné un avant-goût.

Devant une salle comble, le maire Jean Dionis a ouvert la séance par deux hommages. D’abord à Michel Serres, disparu depuis six ans, dont la pensée et la présence continuent de “[nous] manquer”. Puis à Béatrice Uria-Monzon, cantatrice agenaise décédée cet été, qui s’était beaucoup investie dans les Rencontres et faisait rayonner la parole du philosophe à travers l’art. Leur amitié est apparue sur l’écran du théâtre, dans une image émouvante les montrant enlacés en 2012, lors du récital qu’ils avaient donné sur cette même scène.

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Des visions contrastées

Si la pensée de Michel Serres – et notamment son essai Hominescence – sert de fil conducteur au festival, le maire a invité, avec bienveillance, à la questionner.
“Michel Serres écrivait, en 2001, que la guerre allait disparaître et que la société deviendrait moins violente. Giuliano da Empoli pense au contraire que la période de paix que nous avons connue n’a été qu’une parenthèse”, a-t-il rappelé.

Giuliano da Empoli est un écrivain et conseiller politique italo-suisse. Il est le président de Volta, un cercle de réflexion basé à Milan, et enseigne à Sciences-Po Paris.
Giuliano da Empoli est un écrivain et conseiller politique italo-suisse. Il est le président de Volta, un cercle de réflexion basé à Milan, et enseigne à Sciences-Po Paris.
DDM – MORAD CHERCHARI

Deux visions qui s’opposent, et que Giuliano da Empoli, co-président de cette 5e édition, a déjà commencé à explorer. Après les mots d’accueil du président du festival, David Djaïz, soulignant le succès croissant des Rencontres – avec 10 000 réservations cette année –, l’auteur du roman “Le Mage du Kremlin” a dressé le portrait d’une “ère du chaos”, marquée par des technologies que nous peinons à maîtriser, exploitées par ceux qu’il appelle les “prédateurs”. Parmi eux, Donald Trump, figure paradoxale d’un archaïsme politique face aux maîtres de la tech.

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Des humanités

Claire Marin est l’auteure de plusieurs ouvrages dont "Rupture(s)", "Être à sa place" et "Les Débuts".
Claire Marin est l’auteure de plusieurs ouvrages dont “Rupture(s)”, “Être à sa place” et “Les Débuts”.
DDM – MORAD CHERCHARI

Une vision pessimiste, certes, mais que da Empoli a présentée comme un point de départ pour raviver l’espoir. Claire Marin, professeure de philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles et co-présidente elle aussi, a rebondi avec justesse, rappelant la part très “abstraite” des concepts utilisés pour penser l’avenir. Elle a insisté sur la nécessité de croiser les points de vue : il n’existe pas une, mais des humanités.

Autant de visions et de réflexions qui promettent des débats passionnants et rappellent la complexité de la question centrale : quelle(s) humanité(s) voulons-nous pour demain ?

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