Il y a quelques semaines, juste avant l’annonce de la liste des 42, le Gersois avait encore du mal à se projeter sur ce rendez-vous face aux Boks ce samedi 8 novembre au Stade de France (21h10), deux ans après avoir vécu l’élimination en quart de finale du Mondial (28-29). Une compétition à laquelle il avait participé moins de sept moins après une opération du genou gauche, rapidement suivie d’une seconde au genou droit. Un véritable chemin de croix dont il retire aujourd’hui les bénéfices.
On parle du quart de finale comme d’un traumatisme pour tous ceux qui, comme vous, l’ont vécu. Mais au vu de votre parcours personnel, n’avait-il pas une saveur particulière ?
Si. Moi, j’étais content de l’avoir joué. C’est sûr que contre eux, cela a une saveur particulière et que ce sont des matchs toujours très sympas à disputer. On sait qu’ils nous avaient fait très mal en Coupe du monde, c’est vrai. Donc l’équipe aura à cœur de se racheter et de bien les accueillir.
Vous avez un petit côté sud-africain dans votre façon de jouer, frontale et rugueuse, non ?
(Sourire) Oui, c’est vrai, j’aime beaucoup ces matchs-là, quand c’est dur physiquement. J’essaye de jouer comme ça. Parfois ça s’y prête mais après, quand même, on sait jouer au ballon (sourire). Et même le jeu sud-africain, ce n’est pas que de la destruction. C’est sûr qu’ils ont d’abord en tête de faire mal aux équipes devant mais ils savent très bien jouer au rugby. On l’a vu sur le Rugby Championship.
Peut-on parler de revanche alors qu’un succès ne sera pas synonyme de qualification ?
C’est sûr, ça ne nous rendra rien du tout. Le fait jouer contre eux sera simplement un gros défi pour l’équipe.
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Comment vous sentez-vous physiquement ? On a l’impression que vous tournez à plein régime depuis la fin de saison dernière…
Et même avant. Depuis le début d’année 2025, je me sens super bien. Je trouve que plus j’enchaîne les matchs, mieux je récupère, même si ce sont des matchs qui sont très durs physiquement.
“J’aime beaucoup ces matchs-là, quand c’est dur physiquement. Mais quand même, on sait jouer au ballon !”
Vous ne vous ménagez pas vraiment…
Oui, c’est ça (sourire). Mais franchement, mon corps récupère bien. Et quand en deux ou trois jours, tu as récupéré du match du week-end, c’est plus facile après pour enchaîner les bonnes performances.
Avez-vous l’impression d’avoir progressé et d’être mieux qu’avant vos deux opérations ?
Oui, je me sens vraiment bien. Même physiquement, j’ai l’impression que les chocs me font moins mal. Avoir fait de la muscu pendant deux ans assez intensivement m’a formé une protection pour mon corps et ça, c’est cool. Je n’ai pas pris de poids mais j’ai l’impression d’avoir gagné en dureté du haut du corps. Et après, dans le jeu, j’ai toujours aimé jouer au rugby aussi quand même.
Quel était votre rapport à la musculation avant vos blessures ?
En fait, quand tu enchaînes les matchs toutes les semaines et que tu as souvent des douleurs, tu ne peux pas en faire à outrance non plus parce que le corps te dit qu’il ne peut pas. Là, j’en ai bien fait pendant deux ans et maintenant, j’arrive à faire plus de séances la semaine en compétition, parce que mon corps s’y est habitué.
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Comprenez-vous mieux votre corps ?
Ce qui est bien, c’est que j’ai zéro douleur dans les genoux. J’ai l’impression de ne jamais m’être blessé à mes deux genoux. Donc ça, c’est plutôt cool en sachant les blessures que j’ai eues. Je pourrais avoir mal au cartilage, avoir de l’arthrose… Mais là, je croise les doigts, si ça reste comme ça, c’est comme si j’avais un genou tout neuf.
Vous écoutez-vous plus ?
Peut-être sur certains petits pépins. Après, si t’as mal, de toute façon, tu ne joues pas. J’ai toujours quand même fait attention à ça. Sauf quand j’avais eu des blessures aux épaules, des acromio, des trucs comme ça. Des fois, tu joues blessé car tu ne peux pas aggraver le truc. Sinon, je ne m’écoute pas plus. Il ne faut pas trop s’écouter non plus je trouve. Le joueur de rugby a toujours un petit pète quelque part et joue quand même. Donc si tu t’écoutes trop, tu ne vas pas jouer beaucoup de matchs. Et puis avec l’adrénaline du match aussi, à chaud, ça va !

