Des camions chargés d’aide humanitaire arrivent à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza,, le 7 novembre 2025. OMAR ASHTAWY APAIMAGES/SIPA
Depuis le 10 octobre, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas perdure bon an mal an dans la bande de Gaza. Tout comme la restitution des corps des otages : le mouvement islamiste palestinien a annoncé ce vendredi 7 novembre rendre dans la soirée l’un des derniers encore retenus. L’ONU déplore en revanche l’entrée encore trop lente de l’aide humanitaire.
Pendant ce temps, au siège des Nations unies, à New York, les Etats-Unis ont présenté pour la première fois aux membres du Conseil de sécurité, leur projet de résolution déclinant la mise en œuvre du plan de paix de Donald Trump. Ils veulent notamment donner mandat jusqu’à fin 2027 au « comité de la paix » destiné à superviser la gouvernance à Gaza et à la « force de stabilisation internationale ».
• Un « comité de la paix » dirigé par Trump qui interroge
Après de multiples discussions séparées, les Américains ont réuni jeudi pour la première fois l’ensemble des membres du Conseil de sécurité pour présenter une résolution qui « endosse » le plan de paix du président américain. Il salue la mise en place d’un « comité de la paix » censé être présidé par Donald Trump, organe de « gouvernance de transition » jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne « ait terminé de façon satisfaisante son programme de réforme ».
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Il « autorise » d’autre part le déploiement d’une « force internationale de stabilisation » (ISF) qui pourra utiliser « toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international » : appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l’Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement « des groupes armés non étatiques », protection des civils, formation d’une police palestinienne… Et le projet de résolution précise que le « comité de paix » ainsi que « les présences internationales civiles et sécuritaires » seront autorisés jusqu’au 31 décembre 2027, avec une possibilité de prolongation de l’ISF.
S’il semble que les membres du Conseil soutiennent le principe de création du « comité de paix » et de la force, des sources diplomatiques notent qu’un certain nombre de questions sont soulevées par le texte, notamment sur l’absence d’un mécanisme de surveillance par le Conseil, sur le rôle de l’Autorité palestinienne, et sur les détails du mandat de l’ISF. Plusieurs pays ont déjà évoqué être prêts à participer à cette force, notamment l’Indonésie, mais tiennent à un mandat du Conseil de sécurité pour effectivement déployer des troupes dans le territoire palestinien, selon des sources diplomatiques. Et il pourrait être compliqué pour des troupes de certains pays musulmans de se retrouver dans un contexte d’affrontement direct face au Hamas, a noté un observateur auprès de l’AFP.
• L’entrée de l’aide humanitaire toujours trop lente
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) « indique que malgré d’importants progrès sur la montée en puissance humanitaire, les besoins urgents de la population sont toujours immenses, avec des obstacles pas levés de manière suffisamment rapide depuis le cessez-le-feu », a déclaré ce vendredi Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU.
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« Depuis le cessez-le-feu et à la date de lundi, l’ONU et ses partenaires avaient collecté aux points de passage de Gaza plus de 37 000 tonnes d’aide, principalement de la nourriture », a-t-il précisé, notant que cela n’inclut pas l’aide bilatérale et le secteur commercial. « Les entrées continuent à être limitées à seulement deux points de passage, sans accès direct entre Israël et le nord de Gaza, ou entre l’Egypte et le sud de Gaza. Et certains produits et personnels d’ONG ne peuvent toujours pas entrer », a-t-il ajouté.
Ces 37 000 tonnes sont encore loin des 190 000 tonnes d’aide humanitaire (nourriture, médicaments…) que l’ONU avait prépositionné en dehors de Gaza pour exécuter un plan de 60 jours à partir du début du cessez-le-feu, pour venir en aide à la population du territoire ravagé par deux années de guerre.
• Le Hamas va rendre un corps d’otage dans la soirée
« Dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers, les Brigades Al-Quds (branche armée du Djihad islamique, NDLR) et les Brigades Ezzedine al-Qassam (branche militaire du Hamas, NDLR) remettront à 21 heures, heure de Gaza (20 heures en France) le corps d’un prisonnier (…) retrouvé aujourd’hui à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza », a indiqué un bref communiqué de l’organisation ce vendredi.
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Aux termes du cessez-le-feu, le Hamas et ses alliés doivent encore rendre six dépouilles d’otages, celles de cinq Israéliens et d’un Thaïlandais. Depuis le début de la trêve, le Hamas a libéré en une fois les 20 otages survivants en échange de la libération de près de 2 000 prisonniers palestiniens et a commencé à restituer les dépouilles des otages morts. Sur les 28 personnes concernées, 22 ont été rendues à Israël.
A l’exception des restes d’un soldat mort au combat en 2014 lors d’une précédente guerre de Gaza, les cinq autres dépouilles ont été emportées comme otages lors de l’attaque sans précédent du Hamas ayant déclenché la guerre, le 7 octobre 2023. Israël a plusieurs fois accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps. Le mouvement islamiste affirme que cette lenteur s’explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.
• Deux Palestiniens de 16 ans tués en Cisjordanie occupée
Deux adolescents palestiniens ont été tués par des tirs israéliens en Cisjordanie occupée, a annoncé ce vendredi l’Autorité palestinienne. Les faits se sont déroulés jeudi soir au nord de Jérusalem, près de la barrière de séparation érigée par Israël. Le ministère de la Santé palestinien a annoncé dans communiqué « la mort des adolescents Mohammad Abdoullah Mohammad Atim (16 ans) et Mohamad Rachad Fadl Qassem (16 ans), tués par des tirs de l’occupation dans la ville de Joudeira, au nord de Jérusalem » et la « rétention de leurs corps » par l’armée israélienne.
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Mercredi soir, l’armée israélienne avait abattu un adolescent en Cisjordanie occupée, que l’armée a qualifié de « terroriste », affirmant qu’il avait lancé un engin explosif sur des soldats. Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023, sans baisser depuis la trêve du 10 octobre dernier : au moins 1 001 Palestiniens, dont de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l’AFP à partir de données de l’Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.
• La justice turque poursuit Netanyahou pour « génocide »
La justice turque a émis ce vendredi des mandats d’arrêt pour « génocide » contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et plusieurs responsables israéliens parmi lesquels le ministre de la Défense, Israël Katz, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Un total de 37 suspects sont visés par des mandats d’arrêt, a précisé le parquet général d’Istanbul dans un communiqué, sans toutefois fournir de liste complète.
Parmi eux figurent également le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, indique le parquet d’Istanbul qui dénonce le « génocide et les crimes contre l’humanité perpétrés de manière systématique par l’Etat israélien à Gaza ». La justice turque cite également le cas de l’« Hôpital de l’amitié turco-palestinienne » de la bande de Gaza – construit par la Turquie -, frappé en mars par l’armée israélienne qui affirme qu’il servait de base à des combattants du Hamas.
La Turquie, pays parmi les plus critiques de la guerre lancée à Gaza par l’armée israélienne à la suite de l’attaque du 7 octobre 2023, s’était déjà jointe l’an passé à la procédure pour génocide contre Israël engagée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ).

