October 31, 2025

Cambriolage au Louvre : des voleurs chevronnés ? Où sont les bijoux ? Les zones d’ombres de l'enquête restent nombreuses

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Alors que trois suspects ont été interpellés dans le cadre du cambriolage des bijoux de la couronne au Louvre, l’enquête se poursuit pour identifier tous les protagonistes, retrouver les joyaux et déterminer l’existence éventuelle d’un réseau commanditaire. Plusieurs zones d’ombre restent à éclaircir. Decryptage de l’avancée de l’enquête.

L’étau se resserre sur le commando du Louvre. Après l’interpellation de deux cambrioleurs, mis en examen pour “vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle”, c’est un nouveau suspect qui a été interpellé ce mercredi 29 octobre. Pourtant, plusieurs zones d’ombre planent toujours au-dessus du dossier.

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Qui a été arrêté ?

Pour l’instant, aucune information n’a filtré sur le rôle de ce troisième homme “cueilli” par la police, mais il aurait participé au casse et était “un des objectifs des enquêteurs”. L’homme a été interpellé mercredi soir à Aubervilliers, en région parisienne, grâce aux traces ADN laissées sur la scène de crime. Son arrestation a d’ailleurs été suivie d’un large coup de filet, puisque quatre autres individus, probablement issus de l’entourage de ce troisième suspect, sont aussi placés en garde à vue.

Le troisième suspect va-t-il parler ?

Les quatre autres placés en garde à vue ce mercredi soir “peuvent nous renseigner sur le déroulement de ces faits”, a indiqué la procureure, sans vouloir en dire plus. Les enquêteurs pourraient faire pression sur ces derniers afin de récolter le maximum d’informations sur le troisième membre supposé du commando, pour le confronter et obtenir des aveux. “La coopération dans l’enquête, on en tient compte pour la peine évidemment”, a déclaré la procureure, éclairant la stratégie de pression sur les mis en cause et leur entourage.

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D’après la magistrate, les deux premiers suspects, qui ont été placés en détention au terme de leur garde à vue, ont “partiellement reconnu les faits”. Reste à savoir s’ils ont collaboré avec la justice.

Où est le quatrième membre du commando ?

Lors du braquage, quatre hommes ont été observés sur les caméras de surveillance. Les deux premiers ont été mis en examen, et le troisième serait donc en garde à vue. “L’enquête se poursuit pour identifier l’ensemble des protagonistes impliqués dans le cambriolage”, a déclaré la procureure, selon laquelle rien ne “permet à ce stade d’affirmer que les malfaiteurs auraient bénéficié d’une complicité au sein du musée”. Après trois arrestations, l’étau devrait se resserrer sur le quatrième voleur.

Une équipe rodée ?

Les braqueurs sont-ils des bandits chevronnés ? Les deux premiers suspects sont déjà connus des services de police mais “ne font pas partie du haut spectre de la criminalité organisée”, indique la procureure. Un des mis en cause a déjà été condamné pour de la délinquance routière et pour un vol, selon la magistrate. Le deuxième est un chauffeur de taxi clandestin de 39 ans, connu pour des vols aggravés. Avant le braquage du Louvre, il était placé “sous contrôle judiciaire dans une autre affaire de vol aggravé”.

Le mode opératoire – une action rapide menée en sept minutes – suggère que les malfaiteurs ont préparé leur plan en amont. D’autant qu’ils ont volé deux semaines auparavant la nacelle à un particulier. Gants, cagoules, disqueuse, ils étaient également bien équipés pour pénétrer dans la galerie Apollon.

Toutefois, les ADN des suspects ont été retrouvés sur la fenêtre et sur un des scooters, laissant entrevoir, selon certains experts, une certaine dose d’amateurisme. L’enquête devra déterminer si les individus ont agi sur un vol d’opportunité ou au sein d’une organisation criminelle. La qualification de “bande organisée” a été retenue par la juge d’instruction, une circonstance aggravante qui peut laisser entrevoir une “organisation structurée” avec préparation. Si la justice arrive à terme, les suspects seraient ainsi jugés pour des faits criminels devant une cour d’assises.

Où sont les bijoux ?

C’est le mystère du dossier. Les perquisitions au domicile des trois suspects n’ont “pas permis de retrouver” les bijoux, a souligné la procureure, qui s’est dite “déterminée” à mettre la main sur ces joyaux. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) “examine tout le marché légal des œuvres d’art”, tout en sachant que ce n’est “pas sur ce type de marché que surgiront les bijoux”, mais aussi sur les “marchés parallèles”, a-t-elle indiqué.

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Les enquêteurs doivent déterminer si les joyaux ont déjà été vendus ou ont quitté le territoire, ou s’ils sont cachés en région parisienne, ou ailleurs, par les braqueurs. Au-delà des enquêtes de terrain, le principal moyen de les retrouver repose sur la capacité des enquêteurs et du juge d’instruction à faire parler les voleurs présumés.

Derrière le vol, un commanditaire ?

Impossible pour l’instant de savoir quel était le plan du commando. Les pistes d’un ou plusieurs commanditaires sont bien sûr étudiées par les enquêteurs. Dans ce cas, deux hypothèses se distinguent selon les experts : soit un collectionneur, soit un réseau criminel. “S’ils ont pris ces objets malgré la difficulté de revente, c’est qu’il y a un projet derrière”, analyse Vincent Michel, archéologue et fondateur de la Cellule de recherche contre le trafic de biens culturels (CELTRAC).

Pour la deuxième option, “l’objectif est de récupérer les matériaux (or, diamants, saphirs) puis de procéder à la revente des pierres retaillées. Dans ce cas, on ne pourra plus déterminer leur provenance”, explique l’archéologue. La piste d’un vol d’opportunité, sans aucun réseau, n’est pas écartée. L’hypothèse que les voleurs aient dérobé les bijoux sans plan détaillé pour la revente est aussi envisagée.

Quelle suite ?

Dans les prochaines heures, le principal enjeu pour les enquêteurs sera de faire parler le troisième suspect et son entourage, pour remonter le plus rapidement possible aux bijoux. Au terme de sa garde à vue, probablement ce week-end, cet homme devrait être mis en examen, comme ses deux comparses, puis placés en détention provisoire. Si les mis en cause collaborent pour désigner d’autres personnes impliquées dans le casse, la filière devrait être rapidement démantelée, avec d’autres coups de filet à venir.

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