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Le Nouvel Obs avec AFP
      
      
  
Le président américain Donald Trump à bord du Air Force One en direction de Busan, en Corée du Sud, le 30 octobre 2025. ANDREW HARNIK / GETTY IMAGES VIA AFP
    
Donald Trump a ordonné ce jeudi 30 octobre la relance des essais d’armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de trente ans, à la suite d’une série d’annonces de Vladimir Poutine sur le développement de nouvelles armes atomiques russes.
          
Cette déclaration du président américain, sans détails concrets, a ressemblé à une déclaration de force à quelques minutes de sa rencontre très attendue à Busan, en Corée du Sud, avec son homologue chinois Xi Jinping.
                                            
Elle intervient aussi alors que le milliardaire républicain a haussé le ton contre le Kremlin, alors que ses efforts pour mettre fin à la guerre qui fait rage en Ukraine depuis plus de trois ans et demi n’ont donné aucun résultat concret.
                
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« En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus commencera immédiatement », a déclaré le président américain sur son réseau Truth Social.
          
« Les Etats-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays », s’est-il réjoui. « La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans. »
          
Plus de 12 200 armes nucléaires dans le monde
          
Selon le dernier rapport annuel de l’Institut de Recherche international pour la Paix de Stockholm (Sipri), les Russes affichent 5 489 ogives nucléaires contre 5 177 pour les Américains et 600 pour les Chinois.
                                                  
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Au total, cette organisation estime à plus de 12 200 le nombre d’ogives détenues par les neuf pays disposant de l’arme atomique : la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Inde, Israël et la Corée du Nord.
          
A son arrivée à son entretien avec Xi Jinping, Donald Trump n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa toute fraîche et surprenante annonce nucléaire.
          
Drone sous-marin
          
Elle suit une série d’annonces de la part de Vladimir Poutine, qui ces dernières années n’a cessé de vanter les nouvelles capacités militaires de son pays. Dimanche, le président russe s’était félicité de l’essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik, d’« une portée illimitée » et capable de tenir en échec, selon lui, quasiment tous les systèmes d’interception.
                
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« C’est inapproprié », avait réagi Donald Trump, appelant Vladimir Poutine à plutôt « mettre fin à la guerre en Ukraine ».
                                            
Mais le dirigeant russe n’a pas tenu compte de ces reproches. « Hier, nous avons effectué encore un essai, d’un autre système prometteur – un drone sous-marin Poséidon », a dit Vladimir Poutine lors de la visite d’un hôpital militaire, une déclaration diffusée mercredi à la télévision publique russe.
          
Le drone Poséidon, selon Moscou, est doté d’un système de propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. « Aucun autre appareil dans le monde n’est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur » à laquelle il opère, a assuré le maître du Kremlin, en affirmant qu’il n’existait « aucun moyen de l’intercepter ».
          
Le traité New Start arrive bientôt à expiration
          
Donald Trump, qui se pose en président de la paix depuis son retour à la Maison-Blanche, semble durcir le ton contre Moscou depuis l’échec de son sommet en Alaska avec Vladimir Poutine cet été.
                
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La semaine dernière, il a reporté sine die un projet de rencontre, tout juste annoncé, avec Vladimir Poutine à Budapest, disant ne pas vouloir de discussions « pour rien » et les Etats-Unis ont ensuite imposé de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.
                                            
Après son entretien avec Xi Jinping, devenu un proche allié du maître du Kremlin, le milliardaire a cependant assuré que Washington et Pékin allaient « travailler ensemble » sur la guerre en Ukraine.
          
Washington et Moscou restent liés par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1 550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Alors que le traité doit expirer en février prochain, Vladimir Poutine a proposé début octobre de le prolonger d’un an mais n’a pas mentionné une possible reprise des inspections des arsenaux.
                
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En 2019, pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis s’étaient retirés d’un autre traité majeur conclu en 1987 avec la Russie, sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF). En 2020, la presse américaine avait déjà évoqué un projet supposé de Donald Trump de relance des essais nucléaires, en guise d’avertissement à la Russie et à la Chine.
      
Entre le premier essai nucléaire américain en juillet 1945 dans le désert du Nouveau Mexique et le moratoire imposé par le président George H. W. Bush en 1992, les Etats-Unis ont conduit 1 054 essais nucléaires, et deux bombardements sur les villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki en 1945.

