SÉRIE 2/7. À Albi, Thibaud Sacchiero arpente les routes au volant d’un véhicule loin d’être aussi démodé que beaucoup ne le pensent : le Citroën C15. Rencontre avec un jeune cartographe qui incarne dans le Tarn le regain d’intérêt des jeunes pour cet utilitaire né en 1984.
Malgré tout l’amour qu’il porte à son Citroën C15 diesel de 1997, Thibaud Sacchiero doit parfois compter sur son Citroën Némo plus moderne, et une paire de pinces, pour redémarrer la batterie capricieuse de son utilitaire vintage.

À Albi, ce cartographe de 27 ans est le symbole d’une jeunesse, souvent rurale, qui remet sur le devant de la scène un véhicule qui n’avait rien d’une icône à sa sortie en 1984 avec son allure de boîte à chaussures. “C’est vrai que quand on regarde les réseaux sociaux, il y a de plus en plus de vidéos de C15. Certains font des rallyes avec, moi, je ne m’y risque pas, mais je trouve ça plutôt marrant”, sourit l’homme originaire de Bergerac (Dordogne).
Ce qui a poussé ce cartographe tarnais à débourser 1 500 euros pour ce C15, acquis à 320 000 km (370 000 aujourd’hui), c’est avant tout son “amour pour l’histoire de l’automobile”. Il détaille : “Ma première voiture, c’était un vieux Peugeot 205F. Je l’adorais. Avec elle, j’ai de super souvenirs, tant et si bien que je savais qu’il n’y a que dans ce type de véhicule que je prendrais du plaisir à conduire. J’en voulais un autre, mais ça coûtait cher, alors je me suis tourné vers le C15.”
“Avant le C15, je ne savais pas faire une vidange”
Les voitures modernes ? Très peu pour lui. “Elles sont sans âme et sont trop compliquées, je trouve. Avec mon C15 en revanche, il n’y a pas de fioritures (rires). Les gens qui me croisent sur la route me font des signes pour me saluer.” C’est ça aussi, “l’esprit C15”.
Il faut dire qu’il n’est pas commun de voir ces fourgonnettes sur nos routes par les temps qui courent. Produit jusqu’en 2005 et vendu à 1,2 million d’exemplaires, le C15 avait surtout pour lui son côté pratique à la campagne. Thibaud Sacchiero confirme : “Il est fiable, passe sur toutes les routes et possède ce côté emblème de nos campagnes. On connaît tous un papy qui roule ou roulait avec dans notre jeunesse.”
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Pour autant, aussi mythique qu’il soit, “le C15 du seigneur” du jeune tarnais demande, comme toutes les vieilles voitures, d’avoir quelques notions en mécanique pour l’entretenir. Ça tombe bien, le cartographe n’en avait… aucune ! “Avant de l’avoir, je ne savais même pas faire une vidange, rigole-t-il. Maintenant, avec l’aide de copains, j’ai appris la mécanique et je fais des vidanges tous les 5 000 km pour l’amener le plus loin possible. C’est génial de pouvoir changer les pièces à ma guise.”

Road trips, stickers et klaxon de camion
Initialement, Thibaud Sacchiero utilisait le C15 au quotidien, jusqu’à ce que des problèmes de freins le contraignent à en faire un véhicule de loisir. Aujourd’hui, après l’avoir “personnalisé à sa sauce” – y compris avec un klaxon de camion –, il ne s’en sert plus que pour ses road trips et les trajets qui le conduisent sur la route des vacances.
À bord de son “bolide” – équipé de sièges de Peugeot 306 et de jantes de Xantia –, la vitre arrière est recouverte d’autocollants célébrant ses road trips passés, de l’Autriche au Monténégro. Le prochain ? “L’Italie du Nord, les Dolomites, mais ça sera pour l’été prochain”, promet le pilote moustachu fan du Stade Toulousain qui a pris pour habitude de dormir dans une tente installée sur le toit de la fourgonnette lors de ses séjours loin d’Albi.

D’ici là, la mission du photographe amateur est de “refaire toute la carrosserie” pour “protéger le C15 de la rouille”. Amoureux de ce mythe sur roues, Thibaud reconnaît enfin que “peu importe les épreuves et les défaillances techniques”, il fera tout pour faire le plus de chemin possible derrière son volant en bois.

