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Le Nouvel Obs avec AFP
Catherine Connolly à Dublin le 25 octobre 2025. PAUL FAITH / AFP
La candidate indépendante de gauche Catherine Connolly a très largement remporté la présidentielle de vendredi 24 octobre en Irlande, tandis que le nombre des bulletins nuls a atteint un niveau inédit, selon les résultats officiels définitifs fournis samedi soir.
Cette ex-avocate de 68 ans devenue députée en 2016, qui critique aussi bien l’Union européenne que les Etats-Unis, a obtenu plus de 63 % des suffrages contre 29,5 % pour Heather Humphreys, du parti de centre droit présent au gouvernement Fine Gael, sa seule véritable rivale dans ce scrutin.
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« Catherine sera une présidente pour nous tous et elle sera ma présidente », avait quelques heures plus tôt concédé à la télévision Heather Humphreys.
Catherine Connolly succédera donc à Michael Higgins, 84 ans, qui a enchaîné deux mandats de sept ans depuis 2011 à ce poste essentiellement honorifique.
De nombreux bulletins annulés
Si la participation a été de près de 46 %, donc, contre toute attente, plus élevée qu’à la précédente présidentielle de 2018, cette élection a été ternie par la quantité record des bulletins de vote annulés, environ 13 % du total, dont certains portant les mots « pas de démocratie » ou des messages anti-immigration. A l’instar du Royaume-Uni voisin, l’Irlande connaît en effet un débat de plus en plus conflictuel sur l’afflux de demandeurs d’asile, avec des manifestations parfois violentes.
Des personnalités conservatrices avaient appelé à l’abstention, notamment en signe de protestation contre le fait que seuls deux candidats s’affrontaient réellement, et ce pour la première fois depuis 1990. La candidate des conservateurs, Maria Steen, n’avait pas réuni suffisamment de soutiens parmi les parlementaires pour pouvoir se présenter.
« Une voix pour la paix »
« Ce sera un immense privilège de vous servir », a assuré Catherine Connolly dans son discours de remerciement après la publication des résultats. « A ceux qui n’ont pas voté pour moi et à ceux qui ont rendu nul leur vote, laissez-moi vous dire que je serai une présidente inclusive, à votre écoute », a-t-elle poursuivi.
Catherine Connolly s’est en outre engagée à être « une voix pour la paix, une voix qui s’appuie sur notre politique de neutralité » et qui insiste sur « la menace existentielle que constitue le changement climatique ».
« Je me réjouis de travailler avec la nouvelle présidente […] à un moment où l’Irlande continue de jouer un rôle important sur la scène internationale », a pour sa part affirmé le Premier ministre Michael Martin, à la tête du Fianna Fail. « Je lui souhaite tout le succès possible », avait auparavant clamé Simon Harris (Fine Gael), le vice-Premier ministre.
Militante pour la réunification de l’île d’Irlande
Connue pour son franc-parler, Catherine Connolly était soutenue par les principaux partis d’opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
Militant pour la réunification de l’île d’Irlande, elle est opposée à une augmentation des dépenses de défense et en faveur du maintien de la tradition de neutralité de l’Irlande, un pays de 5,2 millions d’habitants devenu membre de l’UE en 1973 et qui a un programme de partenariat avec l’Otan, dont elle ne fait pas partie.
En septembre, Catherine Connolly a toutefois réitéré sa condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Je n’ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c’est qu’un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer tous les abus de pouvoir − de la Russie et aussi de l’Amérique », a-t-elle alors ajouté. Cette femme charismatique et sportive, qui parle couramment le gaélique, a par ailleurs condamné le génocide dans la bande de Gaza.

