October 25, 2025

"Nous avons dû faire évoluer le concept" : un éleveur caprin expérimente le séchage du foin sous grange photovoltaïque

l’essentiel
À Pouy-Loubrin (Gers), Gérard Roman expérimente, avec la Chambre d’agriculture du Gers, un dispositif inédit de séchage du foin sous grange photovoltaïque. Le système classique a dû être modifié, afin de s’adapter à la fonction du bâtiment.

“Avec ce système, même avec le temps d’aujourd’hui, le panneau réagit aux rayons et à la chaleur.” Alors que la tempête Benjamin souffle sur le Gers et amène son lot d’averses, Gérard Roman accueille sur son exploitation de Pouy-Loubrin la journée Innov’Action organisée par la Chambre d’agriculture. Au cœur des discussions et de la visite : le séchage du foin sous grange photovoltaïque.

La journée Innov’Action a permis de faire découvrir ce dispositif à une cinquantaine de personnes.
La journée Innov’Action a permis de faire découvrir ce dispositif à une cinquantaine de personnes.
Photo DDM – Sébastien Lapeyrère

Abritées sous le hangar, une cinquantaine de personnes, dont des étudiants, participent à ce rendez-vous afin de découvrir ce système inédit, installé il y a quelques mois sur l’un des bâtiments de l’éleveur caprin, qui pratique le séchage de foin sous grange. “J’ai 450 chèvres alpines et je revends le lait à un fromager, présente l’agriculteur. Avec mon cahier des charges, je ne peux pas leur donner de l’enrubanné ou de l’ensilage.”

Alors, en 2017, il a créé son bâtiment afin de faire sécher le foin sous grange. Placé en vrac sous le hangar et ventilé, le fourrage conserve mieux sa qualité nutritive (protéines, vitamines) que celui qui est placé à l’air libre.

Questions techniques

Après quelque temps, Gérard Roman a décidé d’installer des panneaux photovoltaïques sur ses bâtiments, “d’abord pour faire de l’autoconsommation, pour faire baisser la facture”. Il s’est alors tourné vers la Chambre d’agriculture du Gers pour créer le projet. Avec la composante importante du séchage sous grange.

La principale difficulté était que les panneaux solaires, sur un bâtiment, font de l’ombre et peuvent amener de la condensation. Ce qui ne convient pas quand l’objectif est de faire monter la température à l’intérieur. “Nous avons donc dû faire évoluer le concept”, explique Yoann Marty, chargé de mission énergie à la Chambre d’agriculture du Gers.

Grâce à une structure en alu, les panneaux sont surélevés.
Grâce à une structure en alu, les panneaux sont surélevés.
Photo DDM – Sébastien Lapeyrère

Avec la société Sud Solar System, ils ont alors imaginé un nouveau dispositif, qui répond aux réglementations : “Avec des pièces en aluminium, nous avons surélevé le panneau, présente le conseiller consulaire. Il ne repose donc pas directement sur la toiture. Cela permet de créer un effet de serre et générer des calories.” Les équipements sont également différents : “Nous avons choisi des panneaux photovoltaïques bi-verre, qui permettent de produire de l’électricité mais qui laissent passer les rayons du soleil afin de capter la chaleur solaire pour sécher le foin.” Le système devait également être drainant, afin de laisser passer l’air mais pas l’eau.

Un peu plus de deux ans après le début de la réflexion, l’installation de la centrale photovoltaïque de 500 kWc a pu avoir lieu sur les bâtiments de Gérard Roman : 190 kWc en revente totale sur la grange de séchage, 280 kWc en vente totale et 30 kWc en autoconsommation. Avec un coût tout de même plus élevé qu’un dispositif classique. “Il y a plus d’alu, plus de mise en œuvre, plus de pièces de finition, compte Yoann Marty. À l’installation, on est entre 35 et 40 % de plus qu’un système habituel.”

Un tiers de temps de ventilation en moins

Mais, après quelques mois d’utilisation, Gérard Roman ne regrette pas cet investissement. Dans le séchoir, en journée, la température est supérieure d’au moins dix degrés à la température de l’extérieur. “Dès qu’il y a de la luminosité, le panneau permet de chauffer, indique l’agriculteur. Ce qui nous permet de faire la première coupe fin mars début avril, quand le fourrage est de meilleure qualité. Avec ce système, j’ai diminué d’un tiers le temps de ventilation et le foin sèche vite.”

Ce dispositif est une innovation dans le Gers, et en France, assurent les acteurs du projet. “C’est pour cela que l’on voulait le mettre en avant pour la journée Innov’Action, conclut Yoann Marty. Le séchage en grange est approprié pour tous les éleveurs laitiers.” Désormais, les créateurs envisagent de décliner le système : “Il pourrait fonctionner pour les céréales et même pour des scieries.”

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