October 22, 2025

"Je ne suis pas antisémite, mon père est juif" : l’homme qui portait un maillot "arracheur de kippa" évoque "une blague de merde"

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À Toulouse, Victor, 28 ans, comparaissait ce mercredi pour avoir arboré un maillot floqué “arracheur de kippa” et effectué un salut nazi sur TikTok. Devant le tribunal, il a plaidé la “blague de merde”.

Sous la lumière crue du tribunal, Victor, 28 ans, reste immobile au fond de la salle. Les bras croisés, le regard fuyant. Ce mercredi, celui que les réseaux ont surnommé “l’arracheur de kippa” répond de ses actes devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Ce jeune homme aux cheveux blond vénitien plaqués par du gel comparaît libre, sans avocat, vêtu d’une veste à capuche fermée jusqu’au cou.

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La dernière fois qu’il avait retiré un sweat en public, il avait choqué une ville entière. C’était un après-midi de septembre, à la terrasse d’un café du centre-ville : en dessous, il portait le maillot de l’équipe d’Allemagne floqué d’un message à caractère antisémite. Quelques jours plus tard, une vidéo le montrait effectuant un salut nazi, diffusée sur TikTok. Ces deux séquences, devenues virales, constituent aujourd’hui le cœur du dossier.

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Face au tribunal, le prévenu tente de minimiser la portée de son geste. “C’était une blague, une bêtise. Le salut nazi, c’était de l’humour sur TikTok.” “Vous comprenez la connotation antisémite ?” interroge le président. “Mon père est juif, ma grand-mère aussi”, répond ce père de deux enfants.

“J’ai été nul”

Le président insiste : “Vous faites cela dans un contexte de recrudescence des actes antisémites. Vous croyez que c’est anodin ?” Victor balbutie, invoque “la culture du buzz”. “Je ne suis pas antisémite, j’ai été nul.”

Le casier du prévenu ne plaide pas en sa faveur : sept condamnations, notamment pour violences conjugales, détention de stupéfiants et conduite sans permis. Aujourd’hui, il dit vouloir “ouvrir un food-truck”. Il a un rendez-vous vendredi à la chambre des métiers.

À la barre, les avocats des parties civiles élargissent le débat. Me Claire Charbonnier, pour l’Observatoire juif de France, la Licra et l’association Contre la haine, l’antisémitisme et le racisme, estime : “Ce procès, c’est celui de l’antisémitisme décomplexé. Il y a la société qui floque, le restaurateur qui laisse faire, la compagne qui sourit sur la photo. C’est aussi le procès de l’imbécillité : ‘Je ne suis pas antisémite parce que mon père est juif’, cela rappelle Coluche : ‘Je ne suis pas raciste, mon chien est noir.'”

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Me Samuel, pour l’Association cultuelle israélite de Toulouse, évoque “la lutte de la France qu’on aime, celle qui se bat contre la bêtise et la haine.”

Six mois de sursis

Me Marc Sztulman, représentant la Licra et le Crif, renchérit : “Les juifs représentent 1 % de la population, mais 50 % des victimes d’actes de haine. Si vous avez des problèmes identitaires, lisez Freud, ne provoquez pas.”

La procureure requiert six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, l’indemnisation des associations et le suivi d’une formation de sensibilisation.

Le tribunal suit ces réquisitions : six mois avec sursis probatoire, 140 heures de travail d’intérêt général, obligation d’activité et 1 000 euros à verser à chacune des parties civiles.

À la sortie, Victor refuse de parler : “Je me suis assez mis dans la merde.” Franck Touboul, président du Crif Haute-Garonne, salue une décision qui “prend la mesure de l’impact que ce genre d’affichage peut avoir sur la communauté juive.” “La peur doit changer de camp”, tranche-t-il.

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