Le commerce de proximité de Castillonnès traverse une période critique. Fréquentation en baisse, circulation modifiée et santé fragile pèsent sur la gérante Pascale. Sans soutien local, la fermeture pourrait devenir inévitable
Pascale, gérante de l’Épicerie de Castillonnès raconte son quotidien de plus en plus difficile pour le commerce de proximité en milieu rural.
Après avoir découvert le « cri de détresse » publié le 2 octobre sur Facebook de l’Épicerie de Castillonnès, nous avons voulu en savoir davantage sur la situation vécue par sa gérante, Pascale.
Originaire de Gironde, installée en Dordogne depuis 39 ans, Pascale vit à une cinquantaine de kilomètres de Castillonnès. En 2019, elle décide de changer de vie et cherche un commerce à acquérir. Elle repère alors cette petite épicerie située au 16 place Jasmin, un lieu qui séduit autant son mari, travaillant en Dordogne, qu’elle-même. Après une étude de marché, elle ouvre en septembre 2019 un magasin alimentaire de proximité proposant produits frais, denrées de base et articles locaux.
Le démarrage est prometteur. Avec la crise du Covid, l’épicerie, considérée comme commerce essentiel, connaît une forte activité. Puis la parenthèse se referme et les habitudes changent : « Les gens ont repris leurs courses ailleurs, alors qu’ils se plaignaient qu’il n’y ait plus de commerce de proximité », confie-t-elle, désabusée.
« Je ne peux pas multiplier les références »
Depuis le début de l’année, la fréquentation a encore baissé. Pascale décrit un bourg qui s’est transformé en « village dortoir ». Le changement de circulation avec l’instauration d’un sens unique devant l’épicerie aurait aussi contribué à la perte d’affluence. Certains clients jugent les rayons clairsemés ; Pascale assume ses choix : « J’ai l’essentiel, mais je ne peux pas multiplier les références ni faire du stock inutile. »
À ces difficultés s’ajoutent des ennuis de santé. Il y a trois ans, un virus l’a laissée partiellement paralysée du côté gauche. Depuis, elle garde des séquelles : « Je parle parfois fort parce que je m’entends moins bien. » Fatiguée, proche de la retraite, elle dit son découragement : « Il me reste quelques mois à tenir, mais je ne sais pas si j’irai jusqu’en juin 2026. Si les rentrées ne suivent pas, je devrais fermer. »
Elle regrette également le manque de soutien local : « Après le Covid, ni les associations ni même la municipalité ne viennent s’approvisionner ici lors des manifestations. Ce serait pourtant un geste de soutien envers le commerce du bourg ». Sans un sursaut collectif, habitants, élus, associations, l’avenir de ce commerce de proximité semble compromis. Pascale continue néanmoins à assurer les services qu’elle peut : dépôt de colis, pressing, dépannage quotidien.
« Je tiens pour les clients qui restent fidèles. Mais seule, je n’y arriverai pas. »