Plusieurs structures aveyronnaises ont répondu à l’appel national du Mouvement associatif, qui dénonçait le 11 octobre la réduction de leur financement par l’État. Retour avec Antoine Triboulet, porte-parole du collectif lotois et aveyronnais qui s’est mobilisé.
La Dépêche du Midi : Quelle forme a pris votre mobilisation ?
Antoine Triboulet : Nous adhérons au message du Mouvement associatif sans en être membres. Nous avons au départ pensé suspendre nos activités le 11 octobre. Mais c’était le contraire de ce que nous voulions montrer : nous sommes utiles. Il fallait donc que nous soyons présents, d’où l’idée d’écrire une lettre ouverte. Il s’agit d’une initiative de l’Université rurale Quercy Rouergue, URQR. Notre activité c’est d’assister les autres, d’aider les associations à faire vivre leurs activités en Aveyron et dans le Lot, nous avons donc beaucoup de contacts. La lettre a été envoyée pour leur soumettre le texte à signature, 50 associations ont répondu.
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La réduction des budgets octroyés par l’État en est à l’origine…
Pas entièrement. La réduction des budgets induit une baisse des activités. L’homme est un animal grégaire qui a besoin de pratiquer des activités sociales, les associations sont indispensables à la vie de tous les jours, on ne le rappelle pas assez. La lecture, le football, la peinture… Je pense que renforcer le lien avec les activités est plus essentiel que de produire des objets variés, ce qui a un impact négatif tous les jours.
Quelles conséquences craignez-vous ?
En réduisant les budgets, on perd des emplois salariés. Le budget alloué à l’économie sociale et solidaire pourrait diminuer de 50 %. Les trois quarts de ces associations seraient en péril, on annonce 20 % de licenciements. Dans nos structures, on risque de licencier des salariés mais on souhaite ne pas en arriver là.
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Vos associations proposent des formations, des accompagnements, etc. Les agents des collectivités ne sont-ils pas capables de faire ces tâches ?
Justement, à la base, l’État s’est délesté de tout cela. Les crèches, par exemple, sont portées par le milieu associatif, tout comme la précarité alimentaire. Ces fonctions, l’État les a délaissées et donné la gestion aux associations. Que ces activités soient prises en charge par un salarié ou un fonctionnaire, ce n’est pas un problème en soi.
Il est demandé à tous de faire des économies. N’est-ce pas logique de demander un effort aux associations ?
Nous n’avons plus le choix, il faut faire des économies. Mais il ne faut pas tout mélanger, on nous demande de faire plus avec moins. On crée de la monnaie, mais on ne redistribue pas. Certaines personnes en profitent plus que d’autres. S’il y a une économie à faire, c’est d’éviter que cet argent aille dans les poches de certains.
Via les subventions, est-ce au citoyen de payer pour des choses qu’il ne pratique pas ?
Dans ce cas, pour que ce soit équitable, il faudrait payer le juste prix des choses et le faire pour tout. Pour n’importe quelle activité économique, on devrait payer le juste prix, en tenant compte de tous les critères. Et puis, le réseau associatif est composé de bénévoles, ils font don de leur travail. Au final, il y a une gratuité du travail offerte.
De futures actions en projet ?
Tous ensemble, nous allons continuer les actions car nos activités sont essentielles. D’où l’intérêt de sensibiliser sur la baisse de nos budgets. Mais nous ne souhaitons pas manifester, nous voulons montrer notre utilité.
Qu’espérez-vous ?
Notre milieu est efficace, on espère des choses seront mises en place et de façon pérenne. On ne peut administrer une piscine ou une crèche avec que des bénévoles, il faut aussi des salariés.
Des associations connues et reconnues
Parmi les signataires aveyronnais de la lettre ouverte, on retrouve : Les nuits et les jours de Querbes, Oc’live Le Club Rodez, café associatif les Hauts-Parleurs, l’association des centres sociaux de Millau Grands Causses…